Echo de Gier N°83 | Page 7

PORTRAIT Antonin ANJALRAS( 1878-1965)
Petit-fils de Jean Pierre ANGARAS
1, venu d ' Usclade
en Ardèche vers 1825; fils de Marius ANJALERAS, fondateur de la poterie dont la première tranche fut achevée en 1903. Antonin ANJALRAS et son frère Numa, prennent en mains les destinées de la poterie en 1919.
Marius, le fondateur décède en 1928 à 76 ans; Antonin a 50 ans.
En 1930, la société A N J A L R A S- f r è r e s e s t dissoute, Antonin reste seul patron de la fabrique.
Je n’ ai vraiment connu Antonin qu’ une dizaine d’ années, il est décédé en 1965, j’ avais alors 18 ans. Je passais les vacances scolaires d’ été à Cliou et c’ est dans ces périodes que je l’ ai côtoyé.
Ses journées étaient organisées autour de l’ activité de la poterie.
Après le petit déjeuner, c ' est à dire la soupe du matin et un morceau de lard, si le facteur, Mr GALLAND n ' était pas encore passé, il allait à la poste chercher le courrier du jour.
Il partait ensuite à la fabrique sur son vélo muni d‘ une clochette, avec lequel il faisait le trajet; tout le monde l’ entendait arriver, surtout les tourneurs qui pouvaient rectifier la position. Pierre BÉZIAT n ' hésitait pas à écraser les pièces qu ' il n ' aurait pas jugées satisfaisantes avant qu ' il ne les voit.
Il était intègre mais perfectionniste et tous craignaient ses coups de burle quand le travail n ' était pas parfait.
Il donnait ses instructions sur le travail à faire en fonction des commandes en cours.
Lui tournait de petites pièces, des tasses, des sous-tasses, des bols … et les " Rossignols " dont la difficulté était la confection du sifflet. Amputé très jeune d ' une jambe, il avait un tour à entrainement par balancier qui nécessitait moins de force que les autres. Ce tour est toujours à la poterie, remisé vers l ' ancien musée.
Son handicap lui a évité de faire la guerre de 14 / 18
Ma mère racontait que l ' éolienne installée avant 1910 servait à entrainer son tour. Je crois que ça n ' a jamais bien fonctionné, trop de vent ou pas assez, et qu ' elle a été reconvertie pour entrainer une malaxeuse.
L’ heure des repas était ponctuelle et devait être respectée-12 h pour midi et 19 h précises pour le repas du soir … A table il était le seul à servir le vin.. Personne d’ autre n’ aurait pu s’ en prévaloir que ce soit ses gendres ou Félicien qui depuis des années, partageait nos repas …
L ' après-midi, il s ' attelait à la comptabilité de la poterie et aux courriers des clients et fournisseurs. Je me souviens de ses lettres écrites sur une seule face de telle sorte que le verso de la feuille une fois pliée, constituait l ' enveloppe, le timbre scellant le tout.
Il retournait ensuite à la fabrique jusqu ' au " goustourné ", le coup du milieu pour les potiers. Marcel JOUVE, Félicien, le père FANTON se retrouvaient à " la Chapelle " chez Pierrou BOISSY. Antonin allait s ' occuper de ses poules et de ses lapins.
Il a essayé de m ' initier au tournage sans grand succès. Je me suis contenté de faire le bob de Félicien pour lui passer les moules à la salle des machines ou pour donner la main au terrier ou pour rentrer la terre depuis les fosses.
Lors des cuissons, Félicien et Franck se partageaient la nuit; en été c’ était plus supportable. Antonin les ravitaillait mais avec parcimonie, s’ agissait pas d’ être couffle, les risques d’ incendie étaient réels; c’ était arrivé en 1930.
1 Dans la généalogie de la famille, j’ ai trouvé le patronyme ANJALERAS sous 16 orthographes différentes, et si je compte toutes
les formes que j’ ai rencontrées, j’ en suis à plus de 25. A leurs naissances, Numa a été orthographié ANJALERAS et Antonin ANJALRAS. Les deux formes ont subsisté.