Vers 1955, on a eu un feu de cheminée à la
maison. Celui qui a appelé les pompiers n’a pas
précisé où se situait le feu. Toute la caserne
de Loriol a débarqué pensant que c’était la
fabrique qui brûlait.
Avant la cuisson suivante, il fallait ôter la cendre
de l’allandier ; pour cela, Félicien à l’aide d’une
pelle à long manche, les transférait à côté du four.
Dans le temps elles remplaçaient l'engrais ou la
lessive.
C’est aussi là que AGUET, autrement dit
"ROSSIGNOL", venait faire cuire son fristi sur les
braises. Il couchait dans le fenil, au-dessus de la
cave à terre.
chapeau, il sommeillait durant tout le sermon dont
il n'entendait pas un traitre mot. Mais ça ne
l’empêchait pas d’aller au cinéma à Loriol le
dimanche après-midi en mobylette. Il se faisait un
cornet acoustique avec le programme du film en
guise de sonotone.
Dans sa jeunesse, les voitures avaient été une
des passions d’Antonin. De tout temps il en a eu.
Ma mère avait la nostalgie de la «Trèfle
CITROËN ».
A la maison, il était fréquent que Camille, la fille
d'Antonin qui vivait avec lui, soit dérangée
pendant les repas par des touristes pressés qui
ne voulaient pas attendre l’ouverture du magasin
à 14 heures. À table, tout le monde râlait, mais
chaque fois elle y allait…souvent pour vendre pas
grand chose.
Bourru mais juste et paternaliste avec ses
ouvriers, il a eu bien du mérite à conserver
l'activité de la poterie durant les deux guerres
pendant lesquelles des ouvriers ont été mobilisés.
Il dut ensuite subir la concurrence des objets
manufacturés qui arrivaient sur le marché.
La production de poterie fantaisie, on dirait
maintenant de poterie d'art, a réussi à maintenir
une activité suffisante pour garder ses ouvriers.
Quand des touristes entraient dans l'atelier à la
recherche de quelqu'un pour acheter de la poterie,
Antonin était rarement de bonne humeur si on le
dérangeait en plein travail.
Il n'acceptait pas toujours de leur vendre quelque
chose ; et s’ils marchandaient, ils obtenaient
toujours une ristourne ; ils l'agaçaient et pour s’en
débarrasser il était prêt à tout.
Il était sourd comme un pot ; normal pour un
potier. C’est une chose dont tous ses enfants et
petits-enfants ont hérité.
Le dimanche, à la messe, à sa place, au fond à
gauche, à côté du bénitier où il posait son
Son savoir-faire fut reconnu par l'obtention de la
médaille d'Argent lors de l'Exposition
Internationale des Arts et Techniques à Paris en
1937.
Dans les années 40, cette renommée a attiré à la
poterie de Cliousclat des artistes tels que Marc
ROUSSEL qui venait se former au tournage.
Il travailla ensuite à Vallauris puis, s'installa à
Moustier Sainte Marie.
À la même période, Anne DANGAR, peintre et
céramiste suivait les cours d'André LOTHE à
Mirmande, c'est comme ça qu'elle a connu la
poterie de Cliousclat. Elle venait décorer des
pièces réalisées par Pierre BOISSY.
Le four qu'elle avait fait installée à Sablon à la
résidence d'artiste de Molly-Sabata ne la
satisfaisait pas, elle y ratait trop de cuissons.