loyauté , de l ’ innocence de ses frères , du caractère charitable et bienfaisant de leur ordre . Il conteste à un profane , lord Radnor , la possibilité de comprendre l ’ essence du projet et des vertus maçonniques et balaie les thèses antimaçonniques . Mais , il doit faire face à l ’ intervention d ’ un autre franc-maçon , Samuel Horsley , évêque de Rochester , ancien secrétaire de la Royal Society rendu célèbre par son edition des travaux de Newton , qui suggère de distinguer une Franc-maçonnerie régulièrement patentée , loyale , innocente et charitable , à laquelle lui-même appartient , de loges sauvages qui pourraient être influencées par les idées subversives venus du continent . S ’ il comprend comme franc-maçon la légitimité du recours au secret , comme législateur , il se dit contraint de le remettre en cause . La situation actuelle ne permet pas de prendre le moindre risque d ’ intrusion subversive . Or , en raison du secret , mais d ’ un secret qui peut avoir été détourné de son sens premier , initiatique , rien ne permet de garantir que ces germes révolutionnaires ne sont pas déjà dissimulés dans certains ateliers , ou noyaux maçonniques . Reprenant les réserves de Grenville , Horsley s ’ oppose à l ’ autorégulation par les Grandes Loges . Le duc d ’ Atholl finit alors par accepter le compromis de Grenville pour éviter l ’ adoption de l ’ amendement Radnor : les déclarations des loges auprès des juges de paix sont renforcées , précisées et faites directement par leurs secrétaires après des juges de paix , sans vérification , filtrage ou quelconque intervention des obédiences . Toute mention des Grandes Loges et de leurs Grands Secrétaires est supprimée : elles n ’ ont donc plus de fonction de police reconnue en droit . A ces conditions , les loges ne sont pas considérées comme des sociétés secrètes à caractère subversif . Mais cette exemption ne bénéficie qu ’ aux loges existantes ; de fait , toute fondation nouvelle est interdite . Après plusieurs lectures par les deux Chambres , il apparaît nécessaire de réécrire la loi , qui est finalement adoptée le 12 juillet 1799 .
Les Grandes Loges sauvent l ’ essentiel , elles font inscrire dans la loi le caractère inoffensif de la Franc-maçonnerie , mais la question a fait débat , au sein même du gouvernement , témoignant de la réalité de l ’ impact en Grande-Bretagne des révélations antimaçonniques et de la crise sans précédent qu ’ enregistre alors la Franc-maçonnerie continentale et qui transforme radicalement la perception de l ’ ordre maçonnique pour les deux siècles à venir . La préparation et la discussion de la loi mettent également en perspective historique les débats de la fin des années 1990 .
Si l ’ on rappelle que la loi de 1799 n ’ a été abrogée qu ’ en 1967 – en 1939 un juge de paix du comté d ’ Essex sommera encore les loges de faire leurs déclarations- , on constate qu ’ à deux siècles exactement de distance , c ’ est la même ambiguïté « essentielle » de la sociabilité maçonnique qui ressurgit . Née dans les interstices de la société profane , dans la sphère de l ’ intime , elle cultive cependant sa position au sein de l ’ Establishment . Ses protestations d ’ innocence et ses actions caritatives sont soupçonnées de dissimuler des jeux d ’ influence et la pratique conjointe de l ’ entrisme et du favoritisme . Pas plus qu ’ au XVIIIe siècle , les apologies maçonniques , les campagnes de communication médiatique visant à ouvrir les temples n ’ ont pu faire taire les doutes ,
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