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Moment de partage entre jeunes et anciens .
De par le parcours et les règles de vie qu ’ il propose , le compagnonnage est empreint de valeurs morales . Nous pouvons l ’ affirmer , car son fondement demande à tout un chacun de se soucier et de respecter l ’ autre quel qu ’ il soit , de s ’ investir auprès de lui au travers d ’ une exigence bienveillante , ne serait-ce qu ’ au travers de la transmission , et d ’ une manière générale de lui vouloir du bien . Ces éléments correspondent peu ou prou à ce qui définit la morale au sens littéral et que nous retrouvons dans le respect des droits de l ’ homme en y ajoutant de la bonté . Ces valeurs morales se retrouvent bien entendu dans les religions et autres courants de pensées philosophiques mais , comme je l ’ ai évoqué plus haut , cela ne nous appartient pas . Il s ’ agit du parcours et des convictions de chacun . De par cet état de fait , nous pouvons également affirmer que notre mouvement s ’ inscrit pleinement dans la laïcité .
À cet endroit , il me semble important de connaître ce qui caractérise les valeurs dites « religieuses ». Pour l ’ instant la meilleure définition ou explication , je l ’ ai trouvée dans l ’ un des nombreux ouvrages de Luc Ferry , notamment dans le tome 1 de la collection « La Sagesse d ’ hier et d ’ aujourd ’ hui ». Il les définit de la sorte : « là où les valeurs morales n ’ apportent plus de réponses prennent place les valeurs spirituelles . Nous pouvons mettre en exergue : l ’ amour , la mort , les âges de la vie , le deuil de l ’ être aimé , la banalité
# 282 / Février 2019
de la vie quotidienne … » Dit autrement : vous pouvez vous conduire très bien avec autrui ( valeurs morales ) et perdre quelqu ’ un qui vous est cher ( valeurs spirituelles ). Nous voyons bien que
HISTORIQUEMENT LE COMPAGNONNAGE DU DEVOIR EST DE CONFESSION CHRÉTIENNE CATHOLIQUE , CE QUI NE L ’ EMPÊCHE PAS , BIEN AU CONTRAIRE , DE DÉFENDRE ARDEMMENT LE RESPECT DE LA LIBERTÉ DE PENSÉE ET DE CONSCIENCE .
cela n ’ a pas de lien , d ’ aucuns même diront que ce n ’ est pas moral … La religion apporte des réponses à ces questionnements par Dieu et la foi . Mais il existe aussi des définitions de la vie bonne et de la condition de simple mortel au travers des grandes philosophies (« amour de la sagesse » : philo signifie « aimer » au sens d ’ une recherche , d ’ une quête , et sophia signifie « sagesse ») qui ne passent pas par ces chemins religieux . Ce concept peut être défini par les termes de la vie de l ’ esprit ou de spiritualité laïque .
Alors l ’ esprit des Compagnons ? Du savoir , du savoir-faire , du savoir-être , du faire-savoir ou plus simplement peut-on parler d ’ un art de vivre propre aux Compagnons ? Cela ne mérite peut-être pas d ’ aller jusqu ’ à une spiritualité laïque comme une philosophie mais dans tous les cas d ’ aller jusqu ’ à une « sagesse ouvrière » m ’ apparaît amplement justifiée . Le sage est celui qui met en pratique et cela correspond bien à ce que propose le compagnonnage . Il faut prendre la mesure de la richesse de notre mouvement au travers des hommes et des femmes qui le constituent , qui ont un « cœur gros comme ça » et le font vivre . En tout cas , cet esprit est bien présent au sein de tout un chacun , il suffit de s ’ appuyer sur l ’ œuvre matérielle pour faire du beau , du bon et du bien tout en étant animé par cette éthique de transmission , cet acte de foi envers la jeunesse ; c ’ est cela qui nous anime , qui donne le sens à notre action , une certaine manière de faire : une manière de faire « Compagnon ».
Christophe Philippot Île-de-France la Persévérance le Soutien des Compagnons
Conseiller à la Trésorerie
« J ' ai bien peur de mourir sans avoir pu comprendre pourquoi j ' ai vécu . » Hypolite de Livry , Pensées , réflexions , impatiences , maximes , sentences ( 1808 ).