Colloque Julius Koma COLLOQUE corrigé le 4 juin 2017 | Page 27

Stéphane LOURYAN Professeur : Laboratoire d’Anatomie, Biomécanique et Organogenèse (Prof. S. Louryan), ULB Faculté de Médecine, Université Libre de Bruxelles et Musée d’Histoire Naturelle de Mons Rôle pédagogique et scientifique de restes humains tels ceux de Julius Koch au sein des conservatoires d’anatomie humaine Stéphane Louryan, Mathilde Daumas, Philippe Lefèvre, Bertrand Pasture, Nathalie Vanmuylder. Le cas du « géant » Julius Koch est exemplatif de l’intérêt de la conservation et de la monstration pédagogique des restes humains, ainsi que de leur utilisation scientifique. L’analyse des vestiges du géant Constantin démontre un cas typique d’acromégalie et de gigantisme, associés à la production excessive d’hormone de croissance par un adénome de l’hypophyse, glande endocrine située à la base du cerveau. L’examen externe, couplé à l’approche tomodensitométrique, démontre bien les atteintes typiques de cette pathologie : déformations crâniennes, prognathisme mandibulaire, élargissement de la selle turcique (cavité crânienne contenant l’hypophyse), longueur excessive des os longs. L’analyse anthropométrique révèle des données quantitatives typiques de l’acromégalie. Elle nous montre également un statut « juvénile » de certains os longs et des vertèbres. Toutefois, des lésions dégénératives sont déjà présentes, en raison vraisemblable de la surcharge liée au gigantisme. Les séquelles d’amputation et de gangrène répondent sans nul doute à des remaniements métaboliques (intolérance au glucose) liés à la production excessive d’hormone de croissance. Les anomalies sont tellement typiques que le squelette constitue un « cas d’école », à l’heure où la prise en charge précoce de ce type de trouble rend difficile l’accès à un cas aussi démonstratif. Les conservatoires d’anatomie constituent des outils précieux pour l’enseignement et la recherche. La confrontation des étudiants avec la réalité directe, à la fois en anatomie normale et en pathologie est une méthode pédagogique indispensable et appréciée des apprenants, comme des simples visiteurs. Une abondante littérature scientifique le démontre. De surcroît, la conservation des spécimens permet de leur appliquer des méthodologies scientifiques inexistantes au moment de leur prélèvement et de faire progresser les connaissances. Il est pour le moins étonnant que le retour à une certaine bien-pensance (C. Javeau) remette parfois en cause ce type d’exposition à visée didactique, alors que personne ne s’émeut du culte fétichiste accordé aux reliques dans les églises. Les musées d’anatomie font actuellement partie du patrimoine et des réseaux de musées universitaires et nationaux. La conservation de reliques aussi démonstratives qu’utiles telles que les vestiges de Julius Koch constitue un important atout pour ce type de collections. Ceux qui, généreusement, lèguent leur corps à la faculté de médecine, le font pour les progrès de la science et la formation des étudiants. Il est fort possible que Julius Koch, 27