CODE South Way #2 | Page 27

& LC — Lorraine Châteaux Par Georgia René-Worms [36°] C O S Q U E R C A V E Le thermomètre affiche 36° cet après-midi. L’année passée, le travail, les objets qui le contiennent, ont coupé l’organisme en deux parts: tantôt langoureuse-allongée dans un lit – le dos qui se scie – ou assise – les jambes qui se perdent. La toile du fauteuil brûle, mais c’est un certain confort retrouvé. Une toile tendue sur quatre structures de métal laqué en noir, le AA, un modèle de fauteuil de la fin des années 30 ; objet qui a établi le gabarit du confort de mon corps. Il a en quelque sorte choisi quel serait mon standard. (...) Et c’est peut-être cette première mémoire du corps et de l’objet qui me rend si proche de Lorraine Châteaux. Un jour, Bruno Munari a fait une très belle pièce, puis un très beau texte :  de la recherche du confort dans un fauteuil inconfortable. Munari propose l’idée d’un design attentif où il faudrait perfectionner chaque objet et chaque meuble, sans faire des milliers de variantes et sans qu’il suive la mode, mais en les améliorant dans tous les sens du terme. [En technicolor] Ma première rencontre avec le travail de LC tient en quelques phrases, celles qui accompagnent encore chacune de ses expositions, où elle raconte avoir vécu dans les immeubles Renaudie et Gailhoustet d’Ivry dont l’architecture en pointe ou en étoile ne permettait pas au mobilier de s’encastrer correctement. LC serait donc une artiste dominée par un espace dans lequel la possibilité  de faire rentrer toute forme serait une action vaine. De cette situation, elle aurait fait le choix de devenir une habile analyste des formes et des matières qui l’entourent. Une ingénieure convertie à l’art conceptuel refusant d’ajouter un seul objet à notre monde. À la fonctionnalité de l’objet elle aurait préféré l’inefficacité, l’improductivité. Regardeuse alerte d’une évolution graphique des objets aux fonctions les plus simples, elle se serait lancée dans une exploration, en Technicolor, de leurs possibles techniques de façonnage pour en démontrer l’aberration. LC pétrifiait la mode de ses objets d’études en les faisant basculer dans un autre temps : celui de la sculpture. [Ça souffle, ça brume, ça humidifie, ça vapotte] LC absorbe par la couleur, appelle par la forme, touche dans les plus profonds souvenirs par ses matières. Un va et vient se dessine dans les gestes de production: inspirer-expirer, des matériaux en constantes circulations. Un désir de rejouer une forme plusieurs fois, de l’exploiter à travers différentes techniques et, par le même geste, de mettre en perspective différentes économies : industrielles, artisanales ou manufacturées. Espièglement, par le processus avec lequel elle produit ses sculptures-objets, LC fait appel à nos sensations, éveille le désir de pouvoir réinjecter ses œuvres dans nos paysages quotidiens sachant bien que l’absurdité de ses sculptures rendra toute relation à nos corps et nos espaces impossible. Au delà de l’aspect relationnel, c’est la politique de cir