Édito
Eloge au pragmatisme des anglophones
Les anglo-saxons, quand ils ont une idée, ils vont jusqu’ au bout. Dans une interview qu’ il accorde au magazine Forbes Afrique dans son édition de mai 2015, le Dr Paul Fokam Kammogne, essayiste mais plus connu comme PDG d’ Afriland First Bank, les compare à leurs homologues francophones. « En fait, l’ anglo-saxon a une mentalité focus. Le francophone a une mentalité que je qualifierais d’ harmonie hypocrite. L’ anglo-saxon dit niet quand c’ est non. Il vous évite de perdre du temps », affirme-t-il.
Dans le champ des affaires, les Africains disciples de Molière organisent des foras, discutent à longueur de journées, multiplient les foires dans lesquelles on entend mille et un discours, s’ agrippent à des cas d’ échecs pour justifier leur immobilisme, expliquent la plupart des réussites qui les entourent par la métaphysique, font l’ éloge des grands diplômes universitaires et enfin, maudissent la France, pays auquel ils attribuent tous leurs malheurs. C’ est peut-être le fruit de l’ école qui les a élevés. Car, dans cette Afrique qui parle la langue française, les capitaines d’ industries n’ ont, pour beaucoup, pas fleureté avec ce système éducatif basé sur la récitation des connaissances. Ils sont donc des autodidactes. Ils ont foncé comme le taureau et se sont réajustés au fil des difficultés rencontrées. Il leur arrive de dormir et de se réveiller le matin avec l’ ambition de transformer le dixième des gisements de fer de leur pays, comme le Camerounais Dieudonné Bougne, lui qui vient de créer la Cameroon Steel and Manufacturing Company. Et pour ceux qui sont allés à l’ université, leurs carrières d’ entrepreneurs prennent en général un coup d’ accélérateur après qu’ ils se soient frottés d’ une manière ou d’ une autre au monde anglo-saxon et à son pragmatisme.
Les autodidactes de l’ Afrique francophone ont donc une mentalité qu’ on retrouve chez leurs homologues anglo-saxons. Chez ces shakespeariens tropicaux, aucune limite n’ existe. Les discours, ce n’ est vraiment pas leurs affaires. L’ accumulation des grades universitaires ne constitue guère leur centre d’ intérêt. Seuls comptent pour eux le rêve et le savoir-faire qu’ ils mettent par la suite pour le transformer en réalité. Ils franchissent facilement le pas vers la grande industrie. La peur d’ échouer ne les habite pas vraiment. Pour eux, le droit à l’ erreur existe, à condition de savoir tirer le meilleur de ses échecs. Leur ouverture
Les autodidactes de l’ Afrique francophone ont donc une mentalité qu’ on retrouve chez leurs homologues anglosaxons. Chez ces shakespeariens tropicaux, aucune limite n’ existe. Les discours, ce n’ est vraiment pas leurs affaires. L’ accumulation des grades universitaires ne constitue guère leur centre d’ intérêt. Seuls comptent pour eux le rêve et le savoirfaire qu’ ils mettent par la suite pour le transformer en réalité. au monde les a conduits à un constat: le cerveau des blancs n’ est en rien supérieur à celui des noirs. Donc, tout est possible pour qui se met au travail, mais alors vraiment au travail.
Les portraits que vous lirez dans la rubrique « Leaders » du présent numéro de votre magazine montrent à suffisance ce côté pragmatique des Anglo-saxons d’ Afrique. Il s’ appelle Kwadwo Safo Kantanka. Il a en tout et pour tout diplôme un certificat d’ études techniques, l’ équivalent du Certificat d’ aptitudes professionnelles, parchemin du secondaire chez les francophones. Il est Ghanéen et a eu 66 ans le 26 août 2016. Il a inscrit le nom de son pays dans la liste des pays producteurs d’ automobile. Depuis décembre 2015, les voitures 4 X 4, en modes pick-up et SUV, et portant la marque « Kantanka », ont fait irruption sur le marché de ce pays de l’ Afrique de l’ Ouest. Particularité: ce sont des voitures électriques, donc, écologiques. Son fils raconte que c’ est depuis le début des années 70, que son père, pasteur au passage, travaille à l’ avènement de cette merveille. Et il a inventé un tas d’ autres choses: des robots, des avions, des hélicoptères de combat, des téléviseurs, des engins du génie civil. Le prophète ne s’ est pas encombré de l’ idée qu’ il n’ est pas un ingénieur. Tant que son cerveau montre des capacités d’ ingénieur, c’ est suffisant. Tous ces prototypes montrent qu’ il pourrait bien lancer la construction en série des avions de marque « Kantanka » un de ces prochains jours.
Puis, il y a Sandile Shezi. Il est né le 17 décembre 1992 et réside en Afrique du Sud. Il est devenu à 23 ans le plus jeune millionnaire de son pays, avec une fortune évaluée aujourd’ hui à 30 millions de rands( 1,8 million d’ euros). Son activité: le courtage financier. Comment s’ est-il formé dans le domaine: en pratiquant l’ autodidactique et en renonçant aux études de longue durée à l’ université. Donc, en un mot comme en mille, quand les anglo-saxons sont passionnés par un domaine, ils ne voient pas les obstacles. Ils s’ agrippent aux opportunités. Et c’ est pour cela que l’ Afrique anglophone va plus vite. C’ est donc la mentalité et la vision qu’ il faut travailler chez ces Africains qui saluent en disant: Bonjour.
Martial EBODE, Directeur de Publication
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Business Management
AFRICA
Octobre 2016