Business Management Africa - Novembre - Décembre 2016 Edition de Septembre 21016 | Page 7

Le temps des obstacles
Le PDG, une énigme

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Le temps des obstacles
Avant même que le tribunal de commerce de Paris ne commence à statuer pour départager les deux sociétés rivales, les problèmes commencent. Dans un premier temps, ce sont les élus du département du Pas-de-Calais, issus du Front National, qui voient d’ un très mauvais œil le fait que des fonds d’ origine arabe, portés par un Africain, atterrissent à Lens. En effet, Charles Kader Gooré ne le cache pas. Les fonds qu’ il veut investir viennent bel et bien du Sultanat d’ Oman. Il est d’ ailleurs le représentant en Afrique de l’ Ouest de la
« Public Authority for the Investment & the Promotion of Export Development », une institution mise sur pied par le ministère omanais des Affaires étrangères. « Qu’ un Africain investisse avec des fonds arabes dans cette région qui vote Front national serait tout un symbole », lâche-t-il, confiant.
La deuxième difficulté survient quelques jours plus tard. A une semaine de l’ audience du 18 mai, l’ avocat de Charles Kader Gooré, Me Olivier Pardo, affirme avoir reçu une lettre de la part du
liquidateur, Me Stéphane Gorrias. Ce dernier exige que les fonds à investir, en guise d’ assurance d’ une capacité financière, soient domiciliés dans une banque européenne. Or, la CKG Holding, pour rester africaine dans sa démarche, s’ est adossée sur Access Bank, une banque nigériane dont la filiale ghanéenne affiche des résultats positifs. Pour le conseil de l’ Ivoirien, cette imposition change les règles du jeu et sonne comme une injustice. « Nous considérons que demander une banque européenne est parfaitement discriminatoire
», lâche-t-il aux médias français. Pour le PDG lui-même, c’ est de la maltraitance. « Il semble qu’ on tente de me dénigrer, et que le fait que je sois un Africain candidat à la reprise d’ un club emblématique gêne certains. La Ligue 1 a connu et connaît de grands joueurs de football africains, un président de club africain, alors pourquoi pas un propriétaire de club africain? », fulmine-t-il dans une colère. Désormais, il veut retirer son offre. Une intention qu’ il met en exécution dès l’ audience du 18 mai. Fin du marathon.
Pendant toute la période que dure ce qu’ on peut appeler « l’ affaire du rachat du RC Lens », tous les médias français se posent toutes les questions possibles sur Charles Kader Gooré. Mais qui est-il au fait? Il voit le jour le 01er janvier 1969 en Côte d’ Ivoire. Il a 07 frères et sœurs. Ses origines, on les situe à Sinfra, près de Yamoussoukro, la capitale politique de son pays. En 1987, il est admis à l’ Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, en Suisse. Il en sort en 1991 avec un diplôme d’ ingénieur d’ industrie. Dès 1991, on le retrouve au sein d’ une société canadienne comme directeur commercial et directeur des investissements: la Development Alternative Incorporative. En Afrique centrale et en Afrique de l’ Ouest, il dirige des dizaines de projets d’ irrigation. En 1993, il met le cap sur Rhone-Poulenc & Hydrochem en Guinée, une filiale formée par deux entreprises françaises,
Le PDG, une énigme
lesquelles évoluent dans l’ industrie pharmaceutique et des engrais chimiques. L’ ivoirien assume les fonctions de directeur général, et ce, jusqu’ en 1996. Et c’ est pendant son bail que les idées les plus brillantes lui passent par la tête.
En 1994, en marge de ses fonctions de directeur général de Rhone-Poulenc & Hydrochem en Guinée, Charles Kader Gooré passe du management à l’ entrepreneuriat. En Côte d’ Ivoire, son pays, il crée la Société Nouvelle Internationale de négociation et commerce de produits sanitaires & engrais( SNCO Intercom). Entre 1996 et 1999, parallèlement à sa société basée à Abidjan, il travaille pour Geodis Overseas, en qualité de responsable des opérations des exports sur l’ Afrique de l’ Ouest. Puis, il dirige la Société abidjanaise de Dépannage pendant 09 ans dès son départ de ladite société. En 2001, il crée une deuxième entreprise, la Société de Gestion immobilière( SOGESI). Puis, en 2004, il met en place la CKG Holding à Abidjan, pour rassembler ses possessions. Objectif déclaré: procéder au rachat des grandes entreprises, en privilégiant les filiales des multinationales en Côte d’ Ivoire.
Des paroles, la CKG Holding passe aux actes. En 2005, elle rachète Omeifra Africa, une entreprise qui opère dans la sécurité et le transfert des fonds, avec une succursale en Guinée Bissau. Puis en 2007, la holding
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