BESOPHRO MAGAZINE juillet 2014 | Page 9

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JUIN 2014 - BESOPHRO MAGAZINE - 5

ANALYSE

de la Pratique

Je suis en cabinet depuis plusieurs séances une petite fille de 10 ans dont les parents divorcent. Il semble y avoir un conflit de loyauté.

Le père me l'amène car la petite n'est pas bien, elle ne parle pas, elle ment beaucoup.

Après plusieurs séances, la petite manifeste le désir de vivre chez sa mère et réussit à l'exprimer à son papa.

Suite à cet épisode une psychothérapeute m'appelle pour me dire qu'elle suit la petite en parallèle alors même qu'a déjà été mis en place une psychologue scolaire et une thérapie familale.

Le père ne m'a pas tenu informé de ce suivi et j'avoue qu'à 10 ans tout cela me semble bien lourd. J'ai l'impression désaréable d'être instrumentalisée.

Que faire ? Merci pour votre retour.

Il me semble toujours important avec un client ou un patient, d'autant plus avec des enfants, de cerner la demande. Et là, nous pouvons nous poser la question de quelle demande il s'agit ? Nous savons que rares sont les enfants qui demandent de voir la psy ou le sophrologue. Il peut d'autant plus être pris dans la loyauté avec ses parents, surtout si des conflits parentaux sont sous-jacents. Autre point important de cette situation, combien de personnes se retrouvent sollicitées pour cette petite fille. Le thérapeuthe familiale et un autre intervenant pour l'enfant seule peut être très intéressant. Mais pourquoi deux suivis individuels ? D'un côté, on peut se demander dans quelle représentation la sophrologie se place pour ses parents... Pas un vrai travail pour avoir besoin de prendre une autre thérapeute ? Cela me semble trop, trop d'investissement autour de l'enfant, qui peut se sentir perdu ou utilisé avec tous ces acteurs autour d'elle. La difficulté qui s'ajoute encore est celle de l'entente entre les parents.

Il me semble que nous devons renvoyer aux parents que c'est avant tout pour l'enfant que les choses doivent être faites, dans son intérêt à lui. Il faut donc qu'un des deux intervenants individuels se retirent et dans ce contexte, la thérapie familiale me semble indiquée.

Cette situation va donc nous renvoyer à notre éthique de pratique. Faut-il tout proposer à cette petite fille ? Devons-nous lâcher une prise en charge qui, visiblement, commence à donner ses fruits ? Pour qui faisons-nous cela ? A la demande de qui ? Est-ce que cela me semble pertinent qu'une si petite fille soit obligée de voir autant de professionnels pour elle seule ?

Evidemment, prendre contact avec les différents acteurs et prendre une décision quand à sa position éthique et déontologique semble nécessaire.

Toutes les semaines, notre équipe de professionnels vous accompagne sur des situations délicates rencontrées dans le cadre d'un accompagnement en sophrologie.

Vous avez envie d'évoquer un cas compliqué, une situation difficile à gérer ? N'hésitez pas à nous contacter pour la rubrique Cas Pratiques.

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Laetitia CALVINO

Psychologue clinicienne

Spécialiste en victimologie