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PSYCHO...logique
par Laetitia CALVINO
Corps accord
Dans nos sociétés modernes, nous avons l’habitude de séparer l'esprit et le corps. Pourtant, que serions-nous sans lui ? Serions-nous de bons praticiens si nous n’écoutions pas le corps des patients, sans oublier qu’il se passe des choses dans le nôtre aussi ?
La psychologie considère le corps comme le support de nos conduites, mais également comme le support de notre psychisme. Freud a développé lui-même ses théories psychanalytiques en se basant sur ce que le corps a à nous dire en terme d’émotions, de pulsions ou d’angoisses. Le corps est bien souvent celui qui dit le mal-être avant que la personne n’ait envie de le verbaliser à quelqu’un.
L’expression de la souffrance par le corps est courante chez l’être humain. Il est tellement plus simple de dire où l'on a mal dans son corps que dans son esprit ! Chaque culture, chaque personnalité va exprimer, à sa manière, la douleur du corps, qui fait souvent écho aux maux de l’âme. Il arrive que le corps soit le lieu d’expression privilégié d’un mal-être ou qu’il soit un support pour signifier son appartenance à un groupe social : c’est le cas des scarifications ou des tatouages. Parfois aussi, le corps doit être attaqué avec toutes les forces que la personne possède pour montrer à quel point elle se sent mal, comme chez les anorexiques.
Par ailleurs, le corps est le lieu où se manifestent nos émotions, des plus agréables aux plus désagréables. Le corps est le miroir de l’intensité de notre vie psychique et notamment de nos processus inconscients. Bien souvent, le corps sait les choses avant notre conscience… Alors, le psychologue va chercher à déchiffrer ce que le corps de son patient peut avoir à dire avant même que celui-ci en ait conscience. Le sophrologue, quant à lui, va amener le corps à renouer avec
l’esprit ; en particulier lorsqu’un clivage entre les deux a été nécessaire pour se protéger de souffrances ou de violences d’abord vécues corporellement. Cela peut-être le cas suite à un viol, une maladie grave, un deuil… Le clivage cloisonne notre corps et nous amène à penser que nous pouvons fonctionner sans lui. Ensemble, chacun à sa manière, le psychologue et le sophrologue vont aider la personne à se réconcilier avec son corps, à l’apprivoiser à nouveau, et lui faire prendre conscience que ce corps n’est pas un ennemi mais plutôt un allié précieux pour gérer toutes les dimensions de la vie humaine.
Le corps n’a pas toujours des choses plaisantes à nous dire, parfois il a mal, parfois il a peur. Mais si nous abolissons le clivage, la (ré)conciliation corps-esprit favorisera un mouvement de va-et-vient qui nous rendra plus justes, notamment dans nos vécus émotionnels. Alors, pouvons-nous réellement nous passer de notre corps ? Devons-nous attendre qu’il nous fasse mal pour l’écouter ? Prendre conscience de son corps, dans une société où nous n’avons plus le temps de rien et surtout pas de nous écouter, devient un réel défi. Le psychologue a le souci du corps qui souffre et le sophrologue a le souci de faire du corps un allié. Le tout serait de retrouver un équilibre…
"Prendre conscience de son corps, dans notre société, devient un réel défi. "