BCarlington News Magazine 6 | Page 19

de nouveau du fantastique dans l’intrigue. Mon

héroïne étant thanatopractrice, j’avais même

commencé la rédaction d’une scène où une

morte tournait la tête et s’adressait à elle. Mais

cela ne sonnait pas juste, l’histoire n’avait

absolument pas besoin de ça. Le roman

fonctionne bien mieux en restant ancré dans la

réalité. Pour le reste, tout ce qui est dit au sujet

du Hellfire Club et tous les faits divers évoqués

au fil du livre sont vrais. Je n’ai, sincèrement, rien

inventé.

5. Votre dernier roman Vindicta vient de sortir.

Un mot sur sa genèse ?

Je voulais essayer des choses nouvelles. Les

personnages sont plus nombreux, il y a entre

autres quatre jeunes gens un peu paumés qui

s’imaginent commettre un braquage sans

risque… et qui bien sûr va tourner au drame. Il y

a un flic mis au placard, qui est un chien fou

viscéralement fait pour lutter contre les

injustices, mais qui est en même temps une

personne faible, qui se laisse sombrer dans tous

les aspects de sa vie. Il y a une femme écrivain

et sa fille, aussi, et un avocat véreux. Et puis il y

a un tueur à gages assez spécial, qui ressemble

physiquement au Slender Man des creepypastas

du Web. Bref, tous ces profils de personnages

sont assez inédits chez moi, même si finalement

le cœur du récit reste ce que j’aime faire. Pour

faire une comparaison qui me semble parlante,

j’ai envie de dire que Du feu de l’enfer avait été

écrit essentiellement avec ma tête, en

rassemblant des faits divers et en scénarisant

son travail. On commence toujours à créer en

imitant quelqu’un.

3. Pourquoi le fantastique au départ ?

Je ne me suis jamais fixé de genre défini, ou en

tout cas définitif ! Adolescent, j’écrivais des

histoires réalistes aussi bien que des récits

d’horreur ou encore des contes fantastiques.

Tout ce qui comptait était de suivre mes envies,

de raconter les histoires qui me traversaient

l’esprit. Je trouvais d’ailleurs merveilleux des

auteurs comme Dean Koontz qui pouvaient

passer d’un genre à l’autre au fil du même livre

sans que ce soit un problème. Le fantastique est

d’une richesse folle car il relève du même

mécanisme que la psychanalyse. Ce n’est pas le

monstre en tant que tel qui est important, c’est

la signification profonde du monstre pour nous

et l’implication qu’il a dans notre vie. Une

histoire d’apocalypse zombie ne parle pas

vraiment de morts revenus à la vie, cela évoque

surtout ce sentiment terrible, insupportable, de

se trouver seul face à des personnes qui sont

comme nous, qui étaient nos parents ou nos

frères et nos sœurs, et qui subitement veulent

nous exterminer et nous manger la cervelle !

Impossible de leur parler. Impossible de leur

faire du mal, ce sont nos semblables ! C’est cette

angoisse profonde et insoluble qu’on éprouve au

quotidien face aux émeutes, à la radicalisation

politique ou religieuse. Dans les histoires

comme dans la vie, il n’y a pas de solution facile,

mais au moins les histoires mettent tout cela à

distance, nous permettent de prendre du recul

et d’affronter ces peurs. Comme les contes de

fées, en quelque sorte…

4. Avec Du feu de l’enfer vous passez au thriller

pur, sans surnaturel. Pourquoi ce virage ?

Une lectrice m’avait dit que, selon elle, Du feu de

l’enfer était le meilleur de tout ce que j’avais fait

dans mes livres précédents rassemblé dans la

même histoire. J’espère que c’est vrai ! (Rires.) Ce

qui est important pour moi est surtout de me

renouveler à chaque livre, pour toujours offrir le

meilleur divertissement possible au lecteur.

J’avais commencé à délaisser les ressorts

purement surnaturels au gré des livres

précédents, le roman Avec tes yeux n’avait déjà,

par exemple, que très peu d’éléments

inexplicables, et sa conclusion était très réaliste.

Au cours de l’écriture du scénario du Feu de

l’enfer, j’ai été effleuré par la tentation d’insérer