de nouveau du fantastique dans l’intrigue. Mon
héroïne étant thanatopractrice, j’avais même
commencé la rédaction d’une scène où une
morte tournait la tête et s’adressait à elle. Mais
cela ne sonnait pas juste, l’histoire n’avait
absolument pas besoin de ça. Le roman
fonctionne bien mieux en restant ancré dans la
réalité. Pour le reste, tout ce qui est dit au sujet
du Hellfire Club et tous les faits divers évoqués
au fil du livre sont vrais. Je n’ai, sincèrement, rien
inventé.
5. Votre dernier roman Vindicta vient de sortir.
Un mot sur sa genèse ?
Je voulais essayer des choses nouvelles. Les
personnages sont plus nombreux, il y a entre
autres quatre jeunes gens un peu paumés qui
s’imaginent commettre un braquage sans
risque… et qui bien sûr va tourner au drame. Il y
a un flic mis au placard, qui est un chien fou
viscéralement fait pour lutter contre les
injustices, mais qui est en même temps une
personne faible, qui se laisse sombrer dans tous
les aspects de sa vie. Il y a une femme écrivain
et sa fille, aussi, et un avocat véreux. Et puis il y
a un tueur à gages assez spécial, qui ressemble
physiquement au Slender Man des creepypastas
du Web. Bref, tous ces profils de personnages
sont assez inédits chez moi, même si finalement
le cœur du récit reste ce que j’aime faire. Pour
faire une comparaison qui me semble parlante,
j’ai envie de dire que Du feu de l’enfer avait été
écrit essentiellement avec ma tête, en
rassemblant des faits divers et en scénarisant
son travail. On commence toujours à créer en
imitant quelqu’un.
3. Pourquoi le fantastique au départ ?
Je ne me suis jamais fixé de genre défini, ou en
tout cas définitif ! Adolescent, j’écrivais des
histoires réalistes aussi bien que des récits
d’horreur ou encore des contes fantastiques.
Tout ce qui comptait était de suivre mes envies,
de raconter les histoires qui me traversaient
l’esprit. Je trouvais d’ailleurs merveilleux des
auteurs comme Dean Koontz qui pouvaient
passer d’un genre à l’autre au fil du même livre
sans que ce soit un problème. Le fantastique est
d’une richesse folle car il relève du même
mécanisme que la psychanalyse. Ce n’est pas le
monstre en tant que tel qui est important, c’est
la signification profonde du monstre pour nous
et l’implication qu’il a dans notre vie. Une
histoire d’apocalypse zombie ne parle pas
vraiment de morts revenus à la vie, cela évoque
surtout ce sentiment terrible, insupportable, de
se trouver seul face à des personnes qui sont
comme nous, qui étaient nos parents ou nos
frères et nos sœurs, et qui subitement veulent
nous exterminer et nous manger la cervelle !
Impossible de leur parler. Impossible de leur
faire du mal, ce sont nos semblables ! C’est cette
angoisse profonde et insoluble qu’on éprouve au
quotidien face aux émeutes, à la radicalisation
politique ou religieuse. Dans les histoires
comme dans la vie, il n’y a pas de solution facile,
mais au moins les histoires mettent tout cela à
distance, nous permettent de prendre du recul
et d’affronter ces peurs. Comme les contes de
fées, en quelque sorte…
4. Avec Du feu de l’enfer vous passez au thriller
pur, sans surnaturel. Pourquoi ce virage ?
Une lectrice m’avait dit que, selon elle, Du feu de
l’enfer était le meilleur de tout ce que j’avais fait
dans mes livres précédents rassemblé dans la
même histoire. J’espère que c’est vrai ! (Rires.) Ce
qui est important pour moi est surtout de me
renouveler à chaque livre, pour toujours offrir le
meilleur divertissement possible au lecteur.
J’avais commencé à délaisser les ressorts
purement surnaturels au gré des livres
précédents, le roman Avec tes yeux n’avait déjà,
par exemple, que très peu d’éléments
inexplicables, et sa conclusion était très réaliste.
Au cours de l’écriture du scénario du Feu de
l’enfer, j’ai été effleuré par la tentation d’insérer