– Merde ! Jura l’ex-commandant. C’est un prototype top secret. On travaille sur son vol depuis trois semaines maintenant. Qui d’autre est au courant ?
– A part moi, le directeur de la prison, le surveillant général du quartier des hommes et le gamin.
– Merde ! Jura de nouveau Quentin. C’est une information ultra-sensible ! Plus personne ne doit être au courant, tu m’entends ?
Cordan se contenta de hausser les épaules.
– Écoutes mon ami, je me fous que ce soit un truc top secret, ce qui m’intéresse c’est comment il a pu arriver à la prison de la Santé, à la place de Fred Corciano.
Quentin Dupuis s’étouffa avec la gorgée de bière qu’il avalait.
– Tu plaisantes ? On s’est servi d’un androïde de combat pour faire évader Fred Corciano ?
Cordan hocha la tête.
– Ce salaud s’est évadé ? Comment cela se fait-il que je n’ai pas été mis au courant ! Tonna l’ex-commandant.
– Parce que personne n’était au courant jusqu’à hier matin quand j’ai découvert, avec le directeur de la prison et le surveillant général, la supercherie à la prison.
Dupuis finit sa bière d’un trait.
– Attends deux secondes.
Il se leva, fit quelques pas sur le trottoir, le nez en l’air, avant de revenir s’asseoir à la table.
– Tu t’es fait poser une puce réseau dans le crâne ? Demanda Cordan, surpris par le manège de son ami.
– Pas le choix, faut que je sois en permanence connecté.
Dupuis soupira lourdement.
– Une note de service de niveau 9 court dans le réseau de la Guilde depuis hier. Je suppose que c’est cela. Va falloir que je mène mon enquête.
Un sourire en coin étira les lèvres de Cordan.
– T’as pas changé, ça fait plaisir à voir.
– Amuse-toi vieille branche, t’as pas idée de la merde que t’as foutu ! Au fait, juste pour l’info, pourquoi tu es allé voir Corciano en prison ?
Le sourire de Cordan s’agrandit.
– Parce que son cadavre a été retrouvé il y a trois jours à Clichy, sur la berge de la Seine.
– Tu plaisantes ? Souffla l’ex-commandant, sous le choc de la nouvelle.
– Non. En plein dans le Lagon.
– C’est le petit ? Demanda Dupuis après un instant de silence.
– Non. Mais c’est lui qui m’a rencardé. Sur cette affaire, je bosse pour lui.
Le regard de Dupuis s’assombrit. Il se pencha vers son ami, aussi près que la petite table du café le lui permettait.
– Fais gaffe à toi et au petit. Bien que ce qu’il fait dans sa Guilde ne me plaise pas, il a fait un ménage que personne n’avait été capable de faire depuis la reconstruction de Paris. C’est un affaire dangereuse et il a un paquet d’ennemis haut placés.
– Il le sait.
L’ex-commandant se leva.
– Je dois y aller. Fais attention à toi mon ami, dit-il en lui serrant fortement la main.
– Tu me tiens au courant de ce que tu trouves ?
– J’essaierai.
Les deux hommes se séparèrent et, tandis que l’ex-commandant traverser la rue pour rejoindre sa voiture, Cordan se rasseyait pour finir sa bière.
Il récupéra son paquet de cigarettes et son briquet dans la poche intérieure de sa veste et en alluma une. Il la fuma lentement, tout en regardant le ciel sombre de la nuit. À l’affolement de Dupuis lorsqu’il lui avait appris la découverte de son androïde, il pouvait dire que son « vol » devait requérir une accréditation plus haute que la sienne encore. Ou un génie du piratage. En temps normal, il aurait pensé à Lysandro de Trincavel qui avait, en partie au moins, mis en place le réseau de sécurité de la Guilde. Avec ses compétences, il devait pouvoir y entrer et en sortir comme cela lui chantait, même avec les modifications que le réseau en question avait connu depuis. Bien sûr il y avait d’autres pirates informatiques de son niveau, mais ils ne courraient pas les rues et préféraient certainement ne pas attirer l’attention des autorités sur eux.
Peu importe comment il tournait le peu d’informations qu’il avait, on en revenait toujours au maître de la Guilde du Divertissement et des Arts. Très clairement, soit on voulait lui mettre ça sur le dos, soit on voulait définitivement s’en débarrasser. En tout cas, on y mettait les moyens pour y arriver.
à suivre...