BCarlington News Magazine 5 | Page 61

Lecture

Roman épisodique

Black Lagoon

Thriller MM

Chapitre 8

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La chaude couleur du sable du désert arabique n’était plus qu’une verdâtre étendue de verre. Le soleil couchant s’y reflétait faiblement, donnant au désert un halo glauque. Lorenzo en éprouva un sentiment amer et un relent de bile lui brûla la gorge. La troisième guerre mondiale avait fait des ravages incommensurables tant sur les hommes que sur la nature. Toute la région du Moyen-Orient fut ravagée par des bombes thermonucléaires à fusion froide. Même les zones épargnées par le souffle brûlant et les projections de neutron étaient devenues inhabitables suite aux infiltrations de deutérium. Les estimations de l’ONU comptaient plus d’un milliard de victimes et les différentes associations de défense de la nature déploraient en plus la perte de nombreuses espèces animales et végétales dans la région. Comment en était-on arrivée là après quinze ans de guerre dépassait complètement le jeune homme et il avait du mal à comprendre pourquoi les cinq états responsables de ce massacre étaient, encore aujourd’hui, les maîtres du monde.

Mais rien ne l’avait préparé à la vue des ruines de Medine. Il s’attendait à un spectacle proche des ruines romaines qu’il avait toujours connues. Les premiers restes de maisons qu’il aperçut n’étaient plus que des petits tas de pierres fondues. Fondues ! Lorenzo eut du mal à retenir les larmes qui lui montaient aux yeux à cette vue. Même les ruines de Pompéi qu’il avait visitées enfant ne lui avait pas inspiré un tel sentiment de désolation et de désespoir. Il n’osait imaginer ce qu’il restait de la grande mosquée.

À mesure que le van blindé avançait, ces sentiments s’amplifiaient dans sa poitrine. Même les durs à cuire qui l’accompagnaient restaient muets devant un tel spectacle.

– Pas beau comme vue, hein, gamin, souffla Dan, le rouquin qui n’avait cessé ses blagues graveleuses de tout le voyage.

Lorenzo leva les yeux vers lui, s’attendant à voir un sourire torve sur ses lèvres mais le visage du rouquin était grave et son regard noir exprimait un profond dégoût.

– Non, réussit à répondre le jeune homme, surpris par son aîné.

Celui-ci lui tendit même une serviette en papier.

– Ça fait ça à tous ceux qui viennent ici la première fois. Même moi, ça m’a soufflé et je suis pas un tendre comme toi.

– Je suis pas un tendre ! Répliqua tout de suite Lorenzo, refusant la serviette.

Un sourire étira un coin de la bouche du rouquin.

– Tu parles ! Mais ça va changer. Les mines, ça te forge un homme !

Il lui colla une bonne tape sur l’épaule et se détourna du spectacle mortifère qui défilait de l’autre côté de la vitre.