BCarlington News Magazine 5 | Page 47

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Avez-vous, parmi vos connaissances, une personne un peu « roots » qui déteste les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter ? Un tonton Robert qui considère, l’air un peu dédaigneux, que leurs utilisateurs sont pathétiques, l’œil toujours rivé sur leur téléphone. Ils sont généralement pleins de belles phrases du genre « Et comment qu’on faisait avant ? », « C’est quand même mieux de se parler en vrai » ou « Moi, je n’étale pas ma vie privée devant tout le monde. »

Et puis, un jour, tonton Robert écrit un livre ou ouvre une boutique dans le centre-ville et vous recevez une invitation à aimer sa page Facebook. Il pose, tout sourire, sur une couverture faite maison, au-dessus d’un magnifique bouton portant la mention « Acheter ». Six mois plus tard, il peste à s’en fouler la langue contre internet qui ne lui a pas ramené un seul client.

Vous comprenez alors que 1 # Tonton est un bel hypocrite et 2 # Il n’a pas du tout compris comment fonctionnent ces réseaux sociaux sur lesquels il a tant craché. Alors, à quoi servent-ils ?

Ce que les réseaux sociaux ne sont pas

Propos liminaires

Pas de technique, pas de méthode, pas d’astuce dans cet article traitant des réseaux sociaux, mais quelque chose de beaucoup plus important. Il s’agit de l’état d’esprit qu’il convient d’avoir pour que leur utilisation ait une chance d’impacter votre activité. S’il vous manque cela, les méthodes ne vous serviront à rien.

La seule certitude en ce qui concerne les possibilités de faire un succès littéraire, c’est qu’il n’y a aucune certitude. Les facteurs sont trop nombreux pour qu’il existe une formule magique fonctionnant à 100 % (ça se saurait). Sur les réseaux sociaux comme pour le reste, échec et succès sont voisins de palier. Tout ce que nous pouvons faire, c’est mettre un maximum de chance de notre côté et croiser les doigts.

Imaginez la scène

Vous êtes assis à la terrasse d’un café sur une place passante de votre ville. Il fait beau, vous avez votre boisson préférée dans la main, et vous discutez de tout et de rien avec des ami(e)s. Vous ne connaissez pas forcément très bien ces personnes, mais ce n’est pas grave, vous les appréciez et la conversation est agréable. Bref, vous passez un bon moment. Tout à coup, un homme que vous n’avez jamais vu s’installe à votre table, sort un livre inconnu de sa poche et s’impose dans la conversation : « Vous avez vu mon roman ? Vous voulez l’acheter ? Acheter mon livre. Pourquoi vous ne voulez pas l’acheter ? Il est drôlement bien. »

Comment réagiriez-vous dans cette situation ? Au mieux, vous l’ignorez. Au pire, vous l’envoyez balader. Le comportement de cet homme vous paraît inapproprié ? Inefficace ?

C’est pourtant ce que font beaucoup d’auteurs sur les réseaux sociaux.

Certains ne prennent même pas la peine d’écrire un simple « bonjour » ou une ligne d’explication. Ils balancent le lien Amazon de leur livre sur le mur d’un groupe spécialisé et repartent sans fermer la porte derrière eux. Quelles sont, d’après vous, les chances de succès d’une telle opération ?

Les réseaux sociaux ne sont pas des plates-formes de vente. Ce n’est ni sur Facebook, ni sur Twitter, ni sur Instagram que vous vendrez votre livre. Pourquoi ? Parce que les gens ne sont pas là pour ça. Ils ne viennent pas sur les réseaux sociaux pour faire leur shopping et il est très difficile de convertir un follower Twitter en client. Ça, c’est le job de votre page auteur et c’est pourquoi il est essentiel d’en avoir une.

À quoi servent les réseaux sociaux

Attention, je vais balancer un scoop. Vous êtes prêt ?

Je vous préviens, c’est énorme :

« Les réseaux sociaux servent à se construire un réseau social »

Je vous avais prévenu...

Prenez quand même quelques minutes pour vous remettre de cette révélation qui vous a, j’en suis sûr, bouleversé jusqu’au plus profond de votre moi conscient.

Imaginons un instant que nos statuts et renommées en tant qu’auteur indépendant soient similaires (pour ne pas dire identiques) et prenons cela comme point de départ :

– ni vous, ni moi ne nous appelons Maxime Chattam ou Bernard Werber,

– nous avons déjà publié un ou deux livres en auto-édition avec de bons retours des chroniqueurs, mais un volume de vente moyen ou faible,

– Nous n’avons aucun contact dans le monde de l’édition et nous comptons vendre notre roman nous-mêmes.

Nous avons un autre point commun, moins glorieux : à part notre maman et notre amoureux (se), tout le monde se contrefout que nous ayons écrit un livre.

Il est donc nécessaire d’aller chercher les gens pour les amener vers vous. N’attendez pas qu’ils viennent d’eux mêmes. Cela n’arrivera pas, même si votre livre est la meilleure chose qui soit arrivée à l’humanité depuis l’invention du pain prétranché.

À qui faut-il s’adresser ?

Puisque nous ne disposons pas du réseau de distribution d’une grande maison d’édition, il nous faut créer ce réseau en trouvant un maximum de monde susceptible de s’intéresser à notre œuvre. Ce qu’on appelle des personnes « qualifiées ». Elles sont qualifiées dans le sens où elles font partie de cette catégorie d’individus qui aiment les livres, ou mieux encore, qui aiment les livres dans le genre de ceux que vous écrivez.

Peu importe que vous ayez 10 000 personnes qui suivent votre page Facebook si 98 % d’entre elles sont passionnées de foot ou de macramé. Vous vendez des livres, pas des crampons. Vous avez besoin d’une communauté de lecteurs, d’auteurs et de chroniqueurs. Des personnes qui adhéreront à votre message et qui le transmettront au voisin si le cœur leur en dit.

Pour cela, il est nécessaire d’être présent sur les réseaux sociaux, de créer et d’entretenir une relation authentique et sincère avec ces personnes qualifiées. Ils représentent UN des moyens d’arriver à cela. Il y en a d’autres.

Comment faire cela ?

Les réseaux sociaux ne sont pas si différents des conversations à la machine à café du boulot. Il s’agit avant tout d’être sincère et de s’intéresser aux autres.

Posez-vous la question : lorsque vous êtes au travail ou à la salle de sport, avec qui aimez-vous le plus discuter ? La collègue qui a toujours besoin d’un service et qui ne vous écoute pas quand vous parlez ? Ou celui qui vous sourit, vous demande comment était votre week-end et vous donne un coup de main si vous en avez besoin ?

À de très rares exceptions près, les gens sont les mêmes en face à face et derrière leur écran, et ils fonctionnent de la même façon : apportez de la valeur à leur vie et ils seront enclins à faire de même pour vous. Traitez-les comme du bétail juste bon à dépenser leur argent et ils vous ignoreront superbement, voire vous chasseront du paysage. Je l’ai déjà vu se produire.

En bonus, il peut même vous arriver de faire de très belles rencontres et de tisser de précieuses relations avec des personnes en particulier. Il existe, sur les réseaux sociaux, des personnes que je n’ai jamais vu en face à face, mais que je considère comme de vrais amis « virtuels », car nos échanges sont riches, bienveillants et mutuellement avantageux.

Quelques conseils pratiques

Voilà un résumé hypercondensé de comportements à suivre et à éviter sur les réseaux sociaux. La liste n’est pas exhaustive, mais ce sont les « bases » :

À suivre :

– Soyez patient. Établir des relations saines et amicales avec les gens prend du temps. Un réseau ne se construit pas du jour au lendemain.

– Apportez de la valeur aux gens. Donnez des informations qui les intéressent, faites-les rire, réconfortez-les s’ils se sentent mal, répondez à leurs questions, etc. Soyez un soutien pour eux, pas un poids.

– Soyez poli(e). Pour beaucoup de personnes, les mots « bonjour », « merci » et « au revoir » ont encore de l’importance. Les utiliser ne coûte rien. Les oublier peut être fâcheux.

– Restez aimable, quoiqu’il arrive. Les débats et disputes stériles sont légion sur les réseaux sociaux. Soyez celui qui part la tête haute.

À éviter

– Poster des liens bruts vers votre page auteur ou un lien Amazon vers votre livre sans un mot d’accompagnement. Éviter absolument la méthode de tonton Robert.

– Essayer d’être sur tous les fronts. Facebook, Twitter, Instagram, Tumblr, Google+, etc. Créer un réseau demande du temps et de l’énergie. À moins de n’avoir que cela à faire, vous ne pourrez pas assurer partout. Choisissez-en un ou deux et concentrez-vous sur ceux-là.

– Troller ou répondre à un troll. Un troll est une personne en manque d’attention qui, bien planqué derrière son écran, cherche volontairement à créer des polémiques. Il veut provoquer. Pour quoi faire ? J’imagine que leur vie doit cruellement manquer de substance. Vous avez trop à faire pour perdre votre temps à leur répondre. Ignorez-les, c’est la meilleure méthode et surtout ne répondez jamais sous le coup de la colère. Elle est mauvaise conseillère.

– Ne réfléchissez pas à ce que vos contacts peuvent vous apporter, mais pensez à ce que vous pouvez apporter à vos contacts. Ne vous inquiétez pas pour le retour, il y en aura un.

– Piquer des conseils et les diffuser comme étant les vôtres. En d’autres termes : copier, pomper, plagier. La communauté des auteurs indépendants sur les réseaux est similaire à un petit village. Tout le monde se connaît. Tout le monde se parle. Si vous plagiez, ça se verra. Vous pouvez reprendre un conseil ou une méthode trouvée sur le net, mais n’oubliez pas de citer votre source. C’est plus honnête et la personne citée vous remerciera de contribuer à sa renommée.

En conclusion, il est nécessaire pour un auteur de voir les réseaux sociaux pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire un moyen de se créer une communauté, une tribu interdépendante et solidaire et non la vitrine d’une galerie marchande avec un homme sandwich qui distribue des tracts à tous les passants. Pour être celui que les gens recherchent, et non celui qu’ils fuient, demandez-vous ce qu’ils veulent : plus de pub ou plus de soutien ?

Réseaux sociaux : quelle utilisation pour les auteurs ?