Atypeek Mag N°1 | Page 52

ALBUMS Date de sortie : 07/04/2017 Nationalité : DE Styles : Electronic / Industrial / Darkwave Mank Down Thred EP (Atypeek Music) TE/DIS Interrogation Gloom (Galakthorrö) Mal être diffus, mal aise palpable. A se sentir étrange dans son corps et étranger à son propre être. Au sein de Thred, l’EP de Mank Down, le trip hop est moins une envolée légère au cœur d’un monde aérien qu’une déconnexion post-traumatique, trouée magistrale dans un électroencéphalogramme plat. Le duo vocal clair-grave offre aux curieux de son monde malade un bain de basses acides survolées par une langueur rocailleuse. Les voix développent dans la lenteur leurs déclamations traînantes. Le tempo de flow est établi dès le début du morceau et se stabilise, implacable, jusqu’à la fin, figé dans une glace inquiétante aussi froide que la réalité relatée. Les performers masqués, témoins impassibles de faits bruts, mâchent des mots qu’ils brassent, machines de verbes réduits à une information d’émetteur à récepteur renforcée par le morse des boîtes à rythme. Seul Circuit voit l’intensité de son tempo croître avant de retomber dans sa léthargie initiale, blues de robot neurasthénique en plein court-circuit mental. Au cœur d’Hovercraft et de Stray Dog, des notes de synthé aussi mal rangées que dérangées débarque à l’improviste avec un tel sens du timing qu’elles semblent avoir accompa- gné le morceau tout du long. Une menace plane, louvoie, son envol est lourdeur et est relayée par des titres comme Hide and Seek, Look Back Twice dans lesquelles ne reste parfois audibles que la dimension percussive. Réussite complète pour Mank Down qui déroule, avec talent, sa capacité à planter sur chaque track une série d’ambiances sombres aussi mystérieuses que fascinantes. I ✎ Jonathan Allirand http://urlz.fr/53od Le EP Black Swan (2013) puis le premier album Comatic Drift (2014) avaient fait de ce one-man- band allemand une valeur montante de la scène angst pop, bien dominée par le label Galakthorrö. Avec une électronique glacée, fantomatique et granuleuse, Te/Dis - abréviation de Tempted Dis- sident - s’inscrivait, à l’instar de Herz Jühning ou Distel, dans un héritage cold wave et industriel qui aurait retenu les leçons apprises avec les premiers disques de The Klinik ou d’Echo West période Signalisti. Le son reste sensiblement le même avec ce second long format : douze titres froids et torturés, où le chant grave typé Ian Curtis (Joy Division) ou Patrick Leagas (Sixth Comm/Death in June) domine des atmosphères mystérieuses et plombées. Pourtant, il y a chez Te/Dis une dimen- sion mélodique, romantique, qui pourrait rendre le projet accessible à des amateurs de synthpop un peu moins sinistre. “Two of a Kind” et “Reen- actment Scenario” en sont de bons exemples et prouvent la capacité du musicien à écrire des chansons simples, efficaces, matinées de douce mélancolie. Ce n’est pas Depeche Mode, mais il y a quelque chose de définitivement fédérateur dans ce genre de morceaux. “Image of a Phantom”, avec ses synthés qui ondulent, révèle aussi une facette plus dansante et directe qu’à l’habituée. Pour le reste, le travail rythmique, bien que porté sur les sonorités métalliques/industrielles (“Dead Ember”), est assez personnel et contemporain pour ne pas faire tomber Te/Dis dans la nostalgie des sonorités eighties. L’électronique peut passer de résonances brumeuses à des couinements et interférences analogiques beaucoup plus délirantes, tout en ne s’éloignant jamais vraiment de l’esthétique noir et blanc : “Present life seems grey and cold”, il nous est dit sur le titre “Dissection”. Malgré l’aspect monocorde et un peu détaché du chant, les senti- ments sont mis à nu, dévoilant des états souvent dépressifs : “lowest self-esteem”, “emotional outcast”… L’intimité se révèle, noire et troublante comme une procession de spectres. I ✎ Maxime Lachaud http://urlz.fr/53og 52 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 Date de sortie : 23/09/2016 Durée : 00:40:23 Nationalité : US Styles : MATH Rock Giraffe Tongue Orchestra Broken lines (Party Smasher Inc) Musicalement, le projet fait plus que tenir la route car il procure des frissons. Enfin, à condition d’avoir un penchant assumé pour le rock alternatif estampillé nineties parce que ça se situe plus autour de The Mars Volta vs Alice In Chains que dans le fracassage The Dillinger Escape Plan, le matraquage Mastodon ou le métal à l’ancienne de Dethlok. Grains de folie, plans aventureux, chants et mélodies ultra prenantes, son aux petits oignons, rythmiques en béton, à tous les niveaux, Giraffe Tongue Orchestra c’est du costaud. Et le charme opère immédiate- ment grâce à la présence monstrueuse de William DuVall, o