ALBUMS
Emboe
Aléa - Part 4 EP (Atypeek Music) The Butcher’s Rodeo
Backstabbers (AT(h)OME)
Alea – part 4 : La fin du voyage, quatrième et dernière
étape du périple d’Emboe. Avec “Time to get Erased”,
“Somebody in the Clouds” et “Wicked Lovers”, cela
fera 12 titres au total, tous différents mais finalement
tous unis par la même volonté créatrice d’explorer
des territoires électroniques dévastés par les mèches,
les casquettes et les chemises à carreaux, la vodka
red bull et le poppers, les platformboots, les mecs
qui se font appeler Antho, Mat ou Vince.
En fait, ce que réalise Emboe a une forme d’utilité
publique. Il s’agit de refaire comprendre aux “gens”
(mettez qui vous voulez dans le sac) qu’il ne suffit
pas de se pointer en soirée avec une clé usb et une
veste Versace portée sur un jean élimé pour être
riche à millions. Je voulais dire quoi déjà ? L’Electro,
c’est comme tout, comme le Rock, comme le Rap,
l’ordinateur ne confère aucun talent, mais si Emboe
mixait en réesoi, j’irai. Parce que peu importe le sup-
port, le style choisi, ce qui compte c’est l’émotion qu’il
y a à faire passer. Emboe, lui, il est à l’écoute. Peu
importe que ce qu’il a à écrire doive passer par des
plages de bruits abrutissants, des beats, une guitare
ou des claviers : il prend l’instrument adéquat. Et
c’est à ça que l’on peut reconnaître les vrais artistes,
lorsque le fond l’emporte sur la forme, que toutes les
facettes de la personnalité s’homogénéisent dans le
climax instrumental. C’est pas clair ? Putain, pour moi
non plus. J’aime Emboe pour ses capacités constantes
de renouvellement.
“Wicked Lovers” est tellement beau, il mériterait une
voix de déesse, des cordes vocales bonnet E qui te
branlette espagnole les tympans parce que le rythme
est langoureux, parce que le tempo est chaloupé,
parce que ce titre est incroyablement cool.
Ce dernier EP conclut superbement une quadrilogie
ambitieuse mais qui aura tenu toutes ses promesses.
Impossible de savoir ce que fera Emboe au prochain
coup, je le sens capable de tout. De jouer du Grind,
de tenter l’expérience Hip-Hop, de produire une
chanteuse Pop, c’est ça qui est génial dans la liberté
de ton du bonhomme. Si The Butcher’s Rodeo avait montré pas mal de
talent avec son EP Ghosts in the weirdest place,
ce premier opus dépasse les espoirs qu’on pouvait
placer en eux. Production impeccable (peut-il en
être autrement avec Francis Caste qui a déjà soi-
gné celui de Zuul FX, Kickback, Hangman’s Chair,
Cowards, Mur, Flying Pooh…), artwork réfléchi
jusque dans ses déclinaisons (bravo Alex Diaz du
Spaniard Studio déjà à l’œuvre pour The Prestige,
Merge, Doyle Airence…) et douze compos en béton.
On embarque avec “Setting sails” et un conseil,
ne monte pas trop le son sur cette intro, elle est
toute douce mais la suite risque de te déboîter
les tympans. Chant éraillé, sonorités plombées,
oppression des riffs, gradation dans la tension qui
débouche sur un temps bien plus serein, en moins
de quatre minutes “Little death” dévoile toute la
richesse instrumentale du combo et Vincent en
a encore sous la pédale puisqu’il ne dégaine ses
premières véritables mélodies accrocheuses que
sur “Conundrum”. “Nelson’s folly” porte, lui, bien
son nom, le titre est chaotique au possible, ça bas-
tonne dans tous les sens, les boulets et les balles
fusent comme à Trafalgar et ce n’est pas le banc
de sable sur lequel on finit par s’échouer qui nous
sauvera de la sauvagerie ambiante (“Redemption
cay”). L’espoir d’un peu de répit vient du navire
de sa Majesté où, là encore, les riffs tourbillonnent
jusqu’à notre entrée dans l’œil du cyclone, calme
plat. La machine à riffs se remet en marche avec
“The legacy” jusqu’à l’étouffement auditif, The
Butcher’s Rodeo maîtrise totalement son sujet. S’il
faut un faible tirant d’eau “In the shallows”, il faut
être bien accroché, car ça secoue, hardcore, rock,
screamo, math, on est lessivé par les influences
compactées, “Good fuckin’ luck” pour faire le tri,
on est de nouveau proche de l’épuisement tant le
morceau est intense. Une plage de repos plus tard
(“The devil of the wind”), le final nous assomme
définitivement.
✎ Oli www.w-fenec.org http://urlz.fr/53oE
I
I
✎ Arno Vice www.xsilence.net http://urlz.fr/53ow
54
ATYPEEK MAG #02
JANV./FEV./MARS 2017
Date de sortie :
2016
Nationalité :
EN
Styles : ambient
Nationalité : FR
Styles :
mathcore /
experimental /
hardcore
I
Simon Fisher Turner Giraffe
(Editions Mego)
I
Simon Fisher Turner travaille le son comme on étale
le pinceau sur une toile, débusquant l’insondable
pour évoquer le merveilleux, jouant avec les pig-
ments pour offrir des œuvres abstraites à la beauté
parfois glaçante.
Acteur et compositeur stellaire, ayant composé des
musiques de films, dont celle pour Nadja, produit
par David Lynch, Simon Fisher Turner est un artiste
au parcours bien rempli, commençant sa carrière
dans des groupes comme The Gadget avant de
rejoindre The The, travaillant aux côtés de Derek
Jarman. Auteur de plusieurs albums sous les noms
de Simon Turner ou The King Of Luxembourg, Simon
Fisher Turner est dans une recherche constante de
climats viscéraux, bousculés par des torrents de
beauté nuageuse.
Giraffe est un le résultat d’un travail étalé sur 8 ans,
récoltant et accumulant les field recordings pour
en offrir un champ de possibilités aux ramifica-
tions infinies. Œuvre de sound design se voulant le
reflet d’une certaine réalité déformée ou amplifiée,
Giraffe parcourt le monde, redessine le visible pour
en offrir une vision enfouie dans les mémoires et
l’imagination. Hypnotique.
I
I
✎ Roland Torres http://urlz.fr/53oK http://urlz.fr/53oJ
Date de sortie :
31/01/2017
Durée : 00:09:11
Nationalité :
FR
Styles : Electro /
EXPERIMENTAL /
IMPROVISATION