Atypeek Mag N°1 | Page 54

ALBUMS Emboe Aléa - Part 4 EP (Atypeek Music) The Butcher’s Rodeo Backstabbers (AT(h)OME) Alea – part 4 : La fin du voyage, quatrième et dernière étape du périple d’Emboe. Avec “Time to get Erased”, “Somebody in the Clouds” et “Wicked Lovers”, cela fera 12 titres au total, tous différents mais finalement tous unis par la même volonté créatrice d’explorer des territoires électroniques dévastés par les mèches, les casquettes et les chemises à carreaux, la vodka red bull et le poppers, les platformboots, les mecs qui se font appeler Antho, Mat ou Vince. En fait, ce que réalise Emboe a une forme d’utilité publique. Il s’agit de refaire comprendre aux “gens” (mettez qui vous voulez dans le sac) qu’il ne suffit pas de se pointer en soirée avec une clé usb et une veste Versace portée sur un jean élimé pour être riche à millions. Je voulais dire quoi déjà ? L’Electro, c’est comme tout, comme le Rock, comme le Rap, l’ordinateur ne confère aucun talent, mais si Emboe mixait en réesoi, j’irai. Parce que peu importe le sup- port, le style choisi, ce qui compte c’est l’émotion qu’il y a à faire passer. Emboe, lui, il est à l’écoute. Peu importe que ce qu’il a à écrire doive passer par des plages de bruits abrutissants, des beats, une guitare ou des claviers : il prend l’instrument adéquat. Et c’est à ça que l’on peut reconnaître les vrais artistes, lorsque le fond l’emporte sur la forme, que toutes les facettes de la personnalité s’homogénéisent dans le climax instrumental. C’est pas clair ? Putain, pour moi non plus. J’aime Emboe pour ses capacités constantes de renouvellement. “Wicked Lovers” est tellement beau, il mériterait une voix de déesse, des cordes vocales bonnet E qui te branlette espagnole les tympans parce que le rythme est langoureux, parce que le tempo est chaloupé, parce que ce titre est incroyablement cool. Ce dernier EP conclut superbement une quadrilogie ambitieuse mais qui aura tenu toutes ses promesses. Impossible de savoir ce que fera Emboe au prochain coup, je le sens capable de tout. De jouer du Grind, de tenter l’expérience Hip-Hop, de produire une chanteuse Pop, c’est ça qui est génial dans la liberté de ton du bonhomme. Si The Butcher’s Rodeo avait montré pas mal de talent avec son EP Ghosts in the weirdest place, ce premier opus dépasse les espoirs qu’on pouvait placer en eux. Production impeccable (peut-il en être autrement avec Francis Caste qui a déjà soi- gné celui de Zuul FX, Kickback, Hangman’s Chair, Cowards, Mur, Flying Pooh…), artwork réfléchi jusque dans ses déclinaisons (bravo Alex Diaz du Spaniard Studio déjà à l’œuvre pour The Prestige, Merge, Doyle Airence…) et douze compos en béton. On embarque avec “Setting sails” et un conseil, ne monte pas trop le son sur cette intro, elle est toute douce mais la suite risque de te déboîter les tympans. Chant éraillé, sonorités plombées, oppression des riffs, gradation dans la tension qui débouche sur un temps bien plus serein, en moins de quatre minutes “Little death” dévoile toute la richesse instrumentale du combo et Vincent en a encore sous la pédale puisqu’il ne dégaine ses premières véritables mélodies accrocheuses que sur “Conundrum”. “Nelson’s folly” porte, lui, bien son nom, le titre est chaotique au possible, ça bas- tonne dans tous les sens, les boulets et les balles fusent comme à Trafalgar et ce n’est pas le banc de sable sur lequel on finit par s’échouer qui nous sauvera de la sauvagerie ambiante (“Redemption cay”). L’espoir d’un peu de répit vient du navire de sa Majesté où, là encore, les riffs tourbillonnent jusqu’à notre entrée dans l’œil du cyclone, calme plat. La machine à riffs se remet en marche avec “The legacy” jusqu’à l’étouffement auditif, The Butcher’s Rodeo maîtrise totalement son sujet. S’il faut un faible tirant d’eau “In the shallows”, il faut être bien accroché, car ça secoue, hardcore, rock, screamo, math, on est lessivé par les influences compactées, “Good fuckin’ luck” pour faire le tri, on est de nouveau proche de l’épuisement tant le morceau est intense. Une plage de repos plus tard (“The devil of the wind”), le final nous assomme définitivement. ✎ Oli www.w-fenec.org http://urlz.fr/53oE I I ✎ Arno Vice www.xsilence.net http://urlz.fr/53ow 54 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 Date de sortie : 2016 Nationalité : EN Styles : ambient Nationalité : FR Styles : mathcore / experimental / hardcore I Simon Fisher Turner Giraffe (Editions Mego) I Simon Fisher Turner travaille le son comme on étale le pinceau sur une toile, débusquant l’insondable pour évoquer le merveilleux, jouant avec les pig- ments pour offrir des œuvres abstraites à la beauté parfois glaçante. Acteur et compositeur stellaire, ayant composé des musiques de films, dont celle pour Nadja, produit par David Lynch, Simon Fisher Turner est un artiste au parcours bien rempli, commençant sa carrière dans des groupes comme The Gadget avant de rejoindre The The, travaillant aux côtés de Derek Jarman. Auteur de plusieurs albums sous les noms de Simon Turner ou The King Of Luxembourg, Simon Fisher Turner est dans une recherche constante de climats viscéraux, bousculés par des torrents de beauté nuageuse. Giraffe est un le résultat d’un travail étalé sur 8 ans, récoltant et accumulant les field recordings pour en offrir un champ de possibilités aux ramifica- tions infinies. Œuvre de sound design se voulant le reflet d’une certaine réalité déformée ou amplifiée, Giraffe parcourt le monde, redessine le visible pour en offrir une vision enfouie dans les mémoires et l’imagination. Hypnotique. I I ✎ Roland Torres http://urlz.fr/53oK http://urlz.fr/53oJ Date de sortie : 31/01/2017 Durée : 00:09:11 Nationalité : FR Styles : Electro / EXPERIMENTAL / IMPROVISATION