ALBUMS
Date de sortie :
07/04/2017
Nationalité : DE
Styles :
Electronic /
Industrial /
Darkwave
Mank Down
Thred EP (Atypeek Music)
TE/DIS Interrogation Gloom
(Galakthorrö)
Mal être diffus, mal aise palpable. A se sentir étrange
dans son corps et étranger à son propre être. Au
sein de Thred, l’EP de Mank Down, le trip hop est
moins une envolée légère au cœur d’un monde
aérien qu’une déconnexion post-traumatique, trouée
magistrale dans un électroencéphalogramme plat.
Le duo vocal clair-grave offre aux curieux de son
monde malade un bain de basses acides survolées
par une langueur rocailleuse. Les voix développent
dans la lenteur leurs déclamations traînantes. Le
tempo de flow est établi dès le début du morceau
et se stabilise, implacable, jusqu’à la fin, figé dans
une glace inquiétante aussi froide que la réalité
relatée. Les performers masqués, témoins impassibles
de faits bruts, mâchent des mots qu’ils brassent,
machines de verbes réduits à une information
d’émetteur à récepteur renforcée par le morse des
boîtes à rythme. Seul Circuit voit l’intensité de son
tempo croître avant de retomber dans sa léthargie
initiale, blues de robot neurasthénique en plein
court-circuit mental. Au cœur d’Hovercraft et de
Stray Dog, des notes de synthé aussi mal rangées
que dérangées débarque à l’improviste avec un tel
sens du timing qu’elles semblent avoir accompa-
gné le morceau tout du long. Une menace plane,
louvoie, son envol est lourdeur et est relayée par
des titres comme Hide and Seek, Look Back Twice
dans lesquelles ne reste parfois audibles que la
dimension percussive. Réussite complète pour Mank
Down qui déroule, avec talent, sa capacité à planter
sur chaque track une série d’ambiances sombres
aussi mystérieuses que fascinantes.
I
✎ Jonathan Allirand http://urlz.fr/53od
Le EP Black Swan (2013) puis le premier album
Comatic Drift (2014) avaient fait de ce one-man-
band allemand une valeur montante de la scène
angst pop, bien dominée par le label Galakthorrö.
Avec une électronique glacée, fantomatique et
granuleuse, Te/Dis - abréviation de Tempted Dis-
sident - s’inscrivait, à l’instar de Herz Jühning ou
Distel, dans un héritage cold wave et industriel
qui aurait retenu les leçons apprises avec les
premiers disques de The Klinik ou d’Echo West
période Signalisti. Le son reste sensiblement le
même avec ce second long format : douze titres
froids et torturés, où le chant grave typé Ian Curtis
(Joy Division) ou Patrick Leagas (Sixth Comm/Death
in June) domine des atmosphères mystérieuses et
plombées. Pourtant, il y a chez Te/Dis une dimen-
sion mélodique, romantique, qui pourrait rendre
le projet accessible à des amateurs de synthpop
un peu moins sinistre. “Two of a Kind” et “Reen-
actment Scenario” en sont de bons exemples et
prouvent la capacité du musicien à écrire des
chansons simples, efficaces, matinées de douce
mélancolie. Ce n’est pas Depeche Mode, mais il y
a quelque chose de définitivement fédérateur dans
ce genre de morceaux. “Image of a Phantom”, avec
ses synthés qui ondulent, révèle aussi une facette
plus dansante et directe qu’à l’habituée. Pour le
reste, le travail rythmique, bien que porté sur les
sonorités métalliques/industrielles (“Dead Ember”),
est assez personnel et contemporain pour ne pas
faire tomber Te/Dis dans la nostalgie des sonorités
eighties. L’électronique peut passer de résonances
brumeuses à des couinements et interférences
analogiques beaucoup plus délirantes, tout en ne
s’éloignant jamais vraiment de l’esthétique noir et
blanc : “Present life seems grey and cold”, il nous
est dit sur le titre “Dissection”. Malgré l’aspect
monocorde et un peu détaché du chant, les senti-
ments sont mis à nu, dévoilant des états souvent
dépressifs : “lowest self-esteem”, “emotional
outcast”… L’intimité se révèle, noire et troublante
comme une procession de spectres.
I
✎ Maxime Lachaud http://urlz.fr/53og
52
ATYPEEK MAG #02
JANV./FEV./MARS 2017
Date de sortie :
23/09/2016
Durée : 00:40:23
Nationalité : US
Styles : MATH Rock
Giraffe Tongue Orchestra
Broken lines (Party Smasher Inc)
Musicalement, le projet fait plus que tenir la route car
il procure des frissons. Enfin, à condition d’avoir un
penchant assumé pour le rock alternatif estampillé
nineties parce que ça se situe plus autour de The
Mars Volta vs Alice In Chains que dans le fracassage
The Dillinger Escape Plan, le matraquage Mastodon
ou le métal à l’ancienne de Dethlok. Grains de
folie, plans aventureux, chants et mélodies ultra
prenantes, son aux petits oignons, rythmiques en
béton, à tous les niveaux, Giraffe Tongue Orchestra
c’est du costaud. Et le charme opère immédiate-
ment grâce à la présence monstrueuse de William
DuVall, o