Atypeek Mag N°1 Atypeek Mag N°1 - Octobre - Novembre - Décembre | Page 83
Article par :
D
comme DON MARTIN
— Le type qui m’a fait le plus rire. Gamin, j’étais tombé
sur un des rares magazines Mad traduits en français. Je
me souviens qu’armé d’un feutre vert, j’avais passé des
jours entiers à copier ses dessins sur des grandes feuilles.
E
©DR
A
comMe ALACK SINNER
— Je devais avoir aux alentours de dix-sept ans lorsqu’un
ami m’a fait découvrir le travail de Muñoz et Sampayo. Je
commençais à peine mes premières planches au sein des
Beaux-Arts de Tournai. Lire Alack Sinner a vraiment été
fondateur pour moi, et a très certainement joué un grand
rôle dans mon envie de faire ce métier. Mon exemplaire
de l’album Sophie Comics est aujourd’hui dans un mauvais état tellement je l’ai lu et relu. C’est un vrai couple
d’auteurs, chacun d’eux l’un sans l’autre ne me procure
pas le même truc. C’est le genre de binôme qui me fait
rêver. J’ai toujours eu envie de trouver un scénariste avec
qui travailler sur une très longue période.
B
comme BIDOUILLE ET VIOLETTE
— Ces albums m’ont vraiment marqué. Je suis épaté par
ce genre d’histoires. C’est rempli de « bons » sentiments
sans jamais tomber dans les pièges du genre. Je crois que
c’est une des choses qui me paraissent les plus compliquées à rendre.
C
comme CALQUE
— Pendant longtemps j’ai encré sur papier calque. Il m’arrive
encore parfois de bosser de la sorte, même si pour l’instant
je préfère le simple papier de ramette d’imprimante ou la
tablette graphique.
comme ÉLOGE DE LA FUITE
— C’est lors d’une soirée improvisée chez Pierre Dubois,
un moment magique aux vapeurs savoureuses de très bons
whiskys, que nous nous sommes mis à parler du pourquoi
de tout ça, le dessin, les histoires, etc. J’en suis arrivé au
constat que je vis cela comme une fuite. Une fuite des
choses matérielles, du temps. Comme quand j’étais gosse,
je me mettais sur la table du salon, je dessinais et lorsque
je relevais la tête, la journée était passée sans que je m’en
aperçoive. Comme une illusion d’éternité qui venait de
gommer le temps. Putain, ça c’est le pied ! Je veux passer
ma vie à faire des moustaches dans les magazines dans la
salle d’attente parce qu’un jour on va crier mon nom et ce
sera fini. Bref, c’est après cette discussion que Pierre m’a
conseillé de lire Henri Laborit, je le remercie infiniment.
Éloge de la fuite est devenu un de mes livres de chevet.
Quand je serai roi des Belges, l’école sera remplacée par
la lecture de ce livre.
F
comme FREAKS
— Enfant, je me cachais derrière le divan familial alors
que mes parents pensaient que j’étais couché. En écartant
discrètement les cous-sins je regardais le ciné-club et cette
cachette m’a permis de découvrir pas mal des films qu’on
interdisait aux gosses. Encore aujourd’hui je me souviens
des nombreux cauchemars qui ont découlé de ces visionnages. Je pense que ça a vraiment été formateur pour
moi. Je ne me souviens jamais de mes rêves, seuls les
cauchemars me restent, il n’y a qu’eux qui me racontent
des histoires le matin.
“E” comme éloge
de la fuite
…J’en suis arrivé
au constat que
je vis cela comme
une fuite. Une
fuite des choses
matérielles,
du temps. Comme
quand j’étais
gosse, je me
mettais sur
la table du salon,
je dessinais et
lorsque je relevais
la tête, la journée
était passée sans
que je m’en
aperçoive. Comme
une illusion
d’éternité qui
venait de gommer
le temps. Putain,
ça c’est le pied !”
FRED DRUART
ATYPEEK MAG #01
OCT./NOV./DEC. 2016
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