ALBUMS
Date de sortie : 4 / 12 / 2015 Durée : 33 min Nationalité : US Styles : DRONE
Date de sortie : 15 / 11 / 2014 Durée : 29 min Nationalité : FR Styles : Lo-fi / Dark Folk
Date de sortie : 23 / 09 / 2016 Durée : 44 min Nationalité : US Styles : AMBIENT / EXPéRIMENTAL
Sunn O )))
Kannon ( Southern Lord Records )
… Kannon , le petit nouveau , est sorti l ’ hiver dernier . C ’ était annoncé quelques mois avant . Après une occasion ratée de les voir au Palais de Tokyo à Paris entouré de bons bobos parisiens élitistes ( annulation post-13 novembre ), et de profiter de ça pour me plonger dedans en avant-première , je reçois le disque . Juste le disque , ni pochette , ni boitier . Ca commence bien .
L ’ album se compose de 3 pièces ( Kannon 1 , 2 et 3 ), élaborées par O ’ Malley , Anderson , tous deux accompagnés du chanteur hongrois de black métal Attila Csihar , déjà présent auparavant sur plusieurs œuvres de Sunn O ))), qui vient poser pour l ’ occasion ses grognements , hurlements et incantations sur des plages fortes en saturation et larsens .
Ce septième album , dont le nom fait référence à une déesse bouddhiste de la compassion qui entend les cris du monde , est un hymne supplémentaire au bourdon vibrant de basses ascendantes et descendantes .
Une atmosphère à la fois tendue et méditative où il est difficile de discerner les différentes teintes sonores qui le composent , tant l ’ ensemble qui transparaît se veut monolithique .
A la limite , seule la voix se démarque quand elle n ’ est pas trop dissimulée par les ondes galopantes des guitares et basses .
Au sein de ses 35 minutes , Sunn O ))) travaille toujours sur la recherche d ’ un minimalisme plombant doté de répétitions tel un râga indien dévoilant sa propre expérience mystique .
Il vous faudra de nombreuses écoutes pour éviter de passer à côté du lot de subtilités que contient la tension permanente de ce Kannon .
Si le résultat reste pour le moins non surprenant , hormis peut-être le fait qu ’ il soit le plus accessible de sa discographie ( mais ça reste à prouver ), le duo de Seattle reste néanmoins toujours autant digne de curiosité .
✎ Ted I www . w-fenec . org
Miles Oliver
Breathe ( Miles oliver )
On ne va pas te la faire à l ’ envers , cet album de Miles Oliver est sorti il y a deux ans et à vrai dire , il est simplement passé à la trappe de l ’ exercice de la chronique .
D ’ autant plus honteux que le musicien vient de sortir un nouvel album intitulé I miss boredom à l ’ heure où tu devrais lire ces quelques lignes .
D ’ autant plus honteux que Breathe se révèle être un petit bijou et que votre serviteur a deux ans d ’ écoutes dans les pattes . La digestion a donc été longue et l ’ engouement autour de cet album d ’ autant plus justifié .
S ’ il y a un fil rouge qui se dégage de Breathe , c ’ est l ’ élégance et la beauté épurée des morceaux , à l ’ image de cet artwork et des 9 photographies qui illustrent chaque titre .
Très nettement folk sur son premier EP , le musicien , qui est toujours à la frontière de ce genre , y injecte une bonne dose d ’ indie rock classieux et privilégie les instrumentations variées , à la manière de ce qu ’ est capable de faire Graham Coxon de Blur sur ces albums solos , en balayant un large spectre et les petits écarts .
Quand le tout est sublimé par un songwriting haut de gamine et une voix touchante et qui caresse les oreilles dans le sens du poil , on retrouve dans Breathe une collection 9 titres vraiment plaisants à parcourir avec quelques moments de grâce comme sur “ The rat ” et “ Your blue screen ”, judicieusement placé à la fin de la tracklist . Ce qui donne à ces ambiances apaisées et confortables un sacré goût de reviens-y .
Ah oui , et cet album est sold-out si tu privilégies le support physique . Ce qui ne t ’ empêchera pas d ’ y jeter une oreille sur le bandcamp de Miles Oliver et d ’ investir quelques ronds dans le petit nouveau qui s ’ annonce particulièrement beau au vu des titres déjà en écoute ...
✎ Cactus I www . w-fenec . org
Yves Tumor Serpent Music ( PAN )
De son vrai nom Sean Bowie , l ’ artiste américain originaire de Knoxville au Tennessee et basé aujourd ’ hui à Turin , officie sous le pseudo de Yves Tumor , pour un nouvel opus , Serpent Music , à la diversité fulgurante , conçu à la base comme un album de soul mais qui prend des chemins des plus inattendus .
C ’ est le très pointu label PAN de Bill Kouligas , que sort Serpent Music , œuvre hybride aux confluences de la soul , du field recording et du collage minutieux . Membre du collectif de Mykki Blanco , Dogfood Music Group et de Non Worlwide , Yves Tumor doit autant à Throbbing Gristle qu ’ à Marvin Gaye , à l ’ ambient ou au psychédélisme expérimental . Il est donc difficile de le rentrer dans une case quelconque , tant sa versatilité émeut et subjugue .
Œuvre abrasive de bout en bout , Serpent Music , nous entraine dans un univers labyrinthique à la croisée de mondes intérieurs , alimentés par la douceur et la dureté , la beauté nue et la rudesse soyeuse .
Yves Tumor compose des titres dont les racines puisent dans la grande histoire de la musique , mêlant sensualité et références , pour une œuvre poignante au groove délicat , axé vers un futur métissé et inclassable , à l ’ image du monde d ’ aujourd ’ hui . Vital .
✎ Roland Torres I www . silenceandsound . me
Yves Tumor © DR
50 ATYPEEK MAG # 01 OCT ./ NOV ./ DEC . 2016