Atypeek Mag N°1 Atypeek Mag N°1 - Octobre - Novembre - Décembre | Page 45
ALBUMS
Date de sortie :
2016
Durée : 21min
Nationalité : US
Styles : classical
electronic / queer
r’n’b
Date de sortie :
18/04/2015
Durée : 35 min
Nationalité :
FR
Styles : Noise
MEMBRANE Reflect Your Pain
Serpentwithfeet
(Basement Apes Industries / Atypeek Music)
Blisters (Tri Angle)
Du split avec Sofy Major, on a failli passer au split
tout court mais après un court passage dans les
limbes, Membrane a refait surface.
Chez Josiah Wise alias Serpentwithfeet, la beauté a
trouvé son chantre. De celle qui renverse les sens
avec douceur et singularité. Avec son premier EP
Blisters, il rentre directement par la porte des grands.
Après s’être cherché pendant quelques années
avant de sortir Blisters, Serpentwithfeet a étudié
les techniques vocales, histoire d’exploiter au
maximum ses propres ressources et donner toute
son ampleur à sa voix exceptionnelle, qui puise
merveilleusement dans le passé, mélangeant
instrumentation classique auréolée de soul, de
gospel et de r’n’b pour un univers qui ne donne
aucune emprise sur les référents.
Appuyé par la production de The Haxan Cloak (Björk,
The Body…), l’univers de Josiah Wise est aux croisées de mondes qui se touchent et se regardent,
s’assemblent et communient, pour donner naissance à des titres à la sensibilité à fleur de peau.
Souvent comparé à Frank Ocean, par sa façon
d’aborder la musique de manière décalée, L’américain
s’en détache de par sa force de proposition, qui
n’est pas sans évoquer les grandes chanteuses de
Jazz et la musique classique, le tout sous couvert
de contemporanéité retournante, pour un r’n’b
gorgé de viscéralité et de délicatesse à l’élégance
bouleversante. VITAL.
✎ Roland Torres www.silenceandsound.me
Inspiré par les tréfonds des remaniements de personnel, le trio a joué aux chaises musicales, Nico
prenant le chant en plus de la guitare et trouvant
en Max (batteur de Run of Lava et Feet in the Air)
puis Alban (bassiste mais aussi chanteur), les pièces
manquantes à la survie du projet.
Pour autant l’âme tourmentée de Membrane est
toujours là : les riffs noisy tombent comme des
grêles, la saturation est lugubre, la rythmique
étouffante, les chants de Nico et Alban fidèles à
la tradition noise/presque claire ou filtrée juste ce
qu’il faut pour hérisser les poils.
Dans cet océan de noirceur les gars ont pensé à, de
temps à autres, calmer le jeu histoire d’appesantir
encore davantage le propos jusqu’à l’étouffement
mais aussi à convier Floriane qui oeuvre pour le
label Impure muzik (et a joué avec Joss (de Gantz
et Hiro au sein de You Witches) sur deux titres
(“Breath” et “Lonesome”) où sa voix limpide éclaire
un ensemble que le trio rend encore plus sombre
pour la mettre en valeur.
L’aventure aurait pu se terminer mais il en est
tout autrement, le changement c’est maintenant
et comme c’est dans la continuité, c’est réussi.
I
✎ Oli www.w-fenec.org
Jacques Thollot
Quand Le Son Devient Aigu, Jeter La
Girafe À La Mer. (FUTURA MARGE /Atypeek Music)
Serpentwithfeet ©DR
I
Gaika ©DR
Avec Yann Marchadour, Membrane n’a enregistré
que 6 titres mais on sent à travers cette grosse
demie-heure qu’ils étaient pressés de revenir aux
affaires, non pas que les morceaux soient bâclés
(bien au contraire, si tu as compris le travail réalisé
sur l’artwork, tu sais qu’ils ne laissent rien au
hasard) mais les idées semblent simples, directes,
le combo a cherché l’efficacité dans des schémas
qui ont fait son identité et sa marque de fabrique.
Date de sortie : 1971
Durée : 44 min
Nationalité : FR
Styles : AVANT GARDE
Free Jazz
Modern Classical
Contemporary Jazz
Énorme album que ce “Quand le Son Devient Aigu, Jeter
la Girafe à la Mer”. Énorme par le titre, l’approche surréaliste, et l’excellence de son propos. Fort prisé pour
sa rareté (comme beaucoup de disques parus sur le
label Futura), il voit enfin le jour en réédition cd pour
le plus grand bonheur de quelques nostalgiques et
surtout, je l’espère, de bon nombre de curieux, toujours
prêts à s’envoyer en travers des oreilles des pièces
musicales sur lesquelles le temps n’a pas de prise. Fruit
du travail du seul Jacques Thollot, batteur de son état,
qui revêt ici toutes les casquettes, l’album a des allures
de rêves hallucinogènes saupoudrés de connotations
jazz largement inspirées du free. Ce qui ne l’empêche
pas de nous surprendre, dans un premier temps, pour
mieux nous happer, dans un second temps, avec ses
mélodies boiteuses, trafiquées, réarrangées par bandes
magnétiques triturées, recomposées, accélérées et/
ou décélérées (“Enlevez les Boutons, le Croiseur se
Désagrège”). Avec une économie de moyen propre à
la technologie d’époque, Thollot dessine là peut-être
sans le savoir ce que deux décennies plus tard les
chantres de l’abstraction électronique s’évertueront
à créer en appuyant seulement sur la touche Enter
de leur ordinateur (le magnifique “Cécile”). On frôle
la musique de chambre sur “Quiet Days in Prison” et
son violon plaintif derrière un piano toujours aussi
solennel, quand il ne se montre pas fiévreux et fourbe
dans des attaques percussives à la Cecil Taylor (“Aussi
Large que Long”). Une pointe d’approche progressive
dans ces constructions alambiquées (les très courts
“N.G.A.” ou “A Suivre”, ou encore la plage titre,
relativement Zappaesque). Dans la plupart des cas,
une grande partie des titres présentés ici demeurent
une opportunité unique pour le batteur de démontrer
tout son savoir-faire derrière fûts et cymbales, armés
de balais ou de baguettes. Un disque proprement
inclassable, qui doit autant au jazz qu’à la musique
contemporaine, à la musique progressive qu’aux
prémices de la musique électronique.
✎ www .gutsofdarkness.com
ATYPEEK MAG #01
OCT./NOV./DEC. 2016
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