ALBUMS
Date de sortie: 02 / 10 / 2015 Nationalité: CH Styles: hip-hop / rap
Date de sortie: 2015 Nationalité: DE Styles: pop / punk métal
Date de sortie: 02 / 09 / 2016 Nationalité: FR Styles: death metal / harsh noise / crust metallic hardcore
LA GALE Salem city rockers( Vitesse Records)
Que ceux qui s’ émerveillent devant la féminisation du rap hardcore se jettent directement sur Salem city rockers de La Gale. Représenté par l’ actrice suis-so-libanaise et ancienne punk-rockeuse Karine Guillard, en tant qu’ MC, et produit par le beatmaker Al’ Tarba- que l’ on ne vous présente plus- avec son acolyte de Sick Digger Recordz I. N. C. H., ce deuxième album est marqué par la révolte et le désenchantement. Le ton hargneux et les textes fielleux abordant des sujets d’ actualité assez communs au rap( l’ establishment, l’ immigration …), font inévitablement penser aux travaux de La Rumeur( avec qui la rappeuse est amie depuis la série TV « De l’ encre »), Keny Arkana ou Casey. Sans pour autant être une redite, La Gale sait admirablement faire l’ union entre des sonorités modernes et un hip-hop loin des modes actuelles, plutôt inspiré d’ ailleurs par celui des 90’ s. Pas vraiment étonnant lorsque l’ on sait qui gère la prod’ derrière. Salem city rockers est la confluence de plusieurs artistes( l’ album compte pas mal de featurings) parlant le même langage, celui de l’ indépendance d’ une part, et de l’ ouverture( musicale ou non) d’ autre part. Un projet super abouti, jusqu’ à la réalisation de l’ artwork par Ammo, dont le thème est la sorcellerie. Bref, un gros doigt aux rigoristes de tous bords qui ferait bien de choper La Gale, soit dit en passant.
✎ Ted I www. w-fenec. org
LA GALE © DR
Nina Hagen
Nina Die Beste! Kompilieren Fur 60 Jahre Jubilaum( 2015)( Unofficial)
Avec ses couettes brunes ou multicolores encadrant son visage aux traits outrés, Nina Hagen semblait déjà inventer le personnage d’ Harley Quinn une vingtaine d’ années avant sa création. Diva psyché à la voix caméléon qui sut s’ étirer aussi bien sur une tessiture immense que sur une gamine de genres mêlant rock( psychédélique, indé), pop, punk, métal et chant lyrique. De l’ opéra allemand en pleine déflagration rock, voila, entre autres, ce qui s’ échappait de la bouche déformée par les ondulations vocales de la Germanique surexcitée. Impératrice du braillement stylisé, elle devait hurler sa langue natale ou balader son accent sur ces titres en anglais pendant trente ans, ayant réussi à s’ adapter à tous les soubresauts de la musique, des années 70 jusqu’ aux années 2010. Une compilation rassemblant les grands succès de sa carrière a donc de quoi ressembler à un bestiaire extraordinaire bondé d’ anomalies curieuses de la génétique animale: de Du Hast Den Farbfilm Vergessen( 1974) en passant par sa collaboration avec Apocalyptica( 2003) jusqu’ à Am Dunklen Fluss( 2014). Et bien sûr, African Reggae( 1979), Smack Jack( 1982), New York, New York( 1983) ou encore Russischer Reggae( 1985). Enfin, également, sa reprise inoubliable de My Way( 1980). Actrice aux yeux exorbités par ses vociférations majestueuses, elle pousse ses rôles jusqu’ à la caricature grotesque et fascine par son sens affirmé du grandiloquent, de l’ excentrique, extravagance démultipliée par ses shows survoltés. Une énergie qui explique la longévité de son charisme sidérant puisqu’ il s’ agit d’ un grand écart sur trois décennies. Mais qu’ estce qu’ un grand écart de cette envergure pour une femme qui a alimenté ses prestations scéniques de pirouettes et de gestes désarticulés en tout genre?! Une gymnastique horrifique aussi célèbre que ses déguisements chamarrés, ses grimaces démesurées et son maquillage sombre hérissant son visage de pointes noires. Tout comme sa voix qui n’ a eu de cesse de gagner en éraillement bluesy, son masque de scène n’ aura jamais vieilli.
✎ Jonathan Allirand
Fange
PurgE( Throatruiner & Lost Pilgrims Records)
En v’ la du gras, en v’ la. À l’ origine simple sideprojet du guitariste de Huata, Fange avait créé la sensation en 2014 avec Poisse, premier album particulièrement visqueux et lourd, en un mot comme en cent( en sang): violent. Une réussite due à un je-ne-sais-quoi de bricoler( et donc de spontanément crade) et à ce mélange détonnant de guitares saturées et grésillantes et de bidouilles bruitistes; soit la rencontre entre un hardcore lent et gluant et quelques tentatives de harshnoise manuel. Il fallait juste y penser, mais le mariage, même du bout de la langue, entre Merzbow et Buzzov-en semblait enfin consommé, pour le meilleur évidemment. Quelques changements de line-up plus tard – à savoir l’ arrivée d’ un nouveau batteur et celle de Matthias Jungbluth, grand timonier du label Throatruiner, titularisé au poste de chanteur – Fange est enfin de retour avec un deuxième album, le bien nommé Purge. L’ idée est toujours la même à savoir balancer des riffs d’ une crasse et d’ une épaisseur infinies sur fond de rythmes martelés avec sadisme et de saloperies harsh et autres. Ce qui change, c’ est le son et la production générale du disque: fini les approximations pleines de charme vénéneux de Poisse, place à un plus gros son, un son plus maîtrisé et, fatalement plus calibré. Mais que l’ on se rassure … à une époque ou les groupes de hardcore et affiliés ont tendance à tous sonner de la même façon( Kurt Ballou motherfucker), Fange tire largement son épingle du jeu – un autre exemple en la matière, bien que complètement différent musicalement, serait les Lyonnais de Plèvre. Alors, si Purge fait un peu moins peur que Poisse, il fait quand même beaucoup plus mal, surtout avec les titres Roy-Vermine, Étouffoir et De Guerre Lasse, trilogie infernale et noyau dur d’ un album particulièrement poisseux et malsain. Laissez-vous donc malmener …
✎ Hazam
36 ATYPEEK MAG # 01 OCT./ NOV./ DEC. 2016