132 ATYPEEK MAG # 01 OCT./ NOV./ DEC. 2016
Vraiment? Et de façon surprenante, nous avons reçu de très bonnes critiques de la presse grand public. Car eux aussi ne connaissaient pas toutes ces choses. Puis j’ ai fait Chasing Banksy. C’ est quelque chose de nouveau pour moi, car il n’ y a pas de morts, pas de sang ou de personnes tuées. Mais je voulais le faire. C’ est une histoire vraie à propos de ces gamins qui recherchent une œuvre d’ art de rue sur un immeuble. Et je les connais. L’ un d’ eux était le rôle principal de Bad Biology. Quand j’ ai su ce qu’ ils faisaient, je me suis dit que cela ferait un super petit film. On a commencé à tourner à Brooklyn puis on est descendu à la Nouvelle Orléans pour le faire. J’ ai arrêté de le montrer dans les festivals car je veux finir un autre documentaire sur un artiste nommé Mike Diana qui est le seul artiste à avoir été sous les barreaux pour obscénité en Amérique. C’ est ridicule. 22 ans, publiant ses propres BD à moins de 300 copies par courrier. Pourtant, la police dans sa communauté a voulu le mettre en prison pour trois années. C’ était en 1994. Ce fut une grosse affaire en Floride, mais dans les années pré-Internet, personne n’ en avait entendu parler. Je pense qu’ il est important de rappeler- et pas qu’ aux Américains- qu’ il faut se battre pour avoir la liberté d’ expression. Rien ne doit être acquis. En Amérique, si quelqu’ un dit que ton travail est obscène, tu dois prouver que ça ne l’ est pas. Et si tu perds, tu perds ta liberté d’ expression. Tu es puni. Et c’ est ce qu’ ils ont fait à ce gamin. Je souhaite du coup proposer les deux films ensemble à l’ industrie.
Juste pour revenir au cinéma d’ exploitation: Basket Case était dédié à Herschell Gordon Lewis, le pape du gore.
À l’ époque personne ne savait qui il était. Cela faisait longtemps qu’ il avait arrêté de faire des films. Personne ne savait même s’ il était vivant. Mais je le savais car un ami travaillait dans le marketing direct, ce qu’ on peut définir comme du courrier indésirable. Il connaissait Herschell comme un des meilleurs auteurs de campagnes publicitaires dans le marketing direct. Et je n’ avais pas vu beaucoup de films de Herschell. Je pensais aussi que personne n’ allait comprendre. C’ était une plaisanterie pour initiés. Et ses films n’ étaient pas encore disponibles en vidéo. Puis tout d’ un coup, avec le marché de la VHS, Blood Feast, Two Thousand Maniacs, Color me Blood Red sont tous sortis les uns après les autres. Tout d’ un coup, il a eu plein de fans au sein de ceux qui aiment les films gore transgressifs et timbrés. Je ne lui aurais jamais dédicacé s’ il avait déjà été célèbre. Cela aurait été trop simple.
Comment as-tu découvert Herschell Gordon Lewis, Russ Meyer et tous ces grands de l’ exploitation?
J’ ai toujours aimé ce cinéma. Les films de Herschell n’ étaient généralement jamais projetés à New York, ils étaient exploités principalement dans le Sud. Blood Feast a été, cela dit, projeté à New York dans un seul cinéma, mais j’ étais trop jeune. Car c’ était un lieu qui ne passait que des films pour adultes, de la sexploitation. Mais je connaissais son existence, car je collectionnais les cartes, les posters, et je rêvais d’ un jour pouvoir voir Wizard of Gore sans me douter que j’ aillais faire un jour un film sur le Parrain du Gore. J’ étais à Philadelphie il y a deux semaines car ils lui ont rendu hommage en programmant cinq de ses films. Ils m’ ont demandé de venir faire une présentation donc je me retrouve encore avec Herschell.
Avec Russ Meyer, c’ était très différent. Je ne pouvais pas attendre de voir un film de sexploitation. Et j’ avais l’ air beaucoup trop jeune à l’ époque avec mes cheveux roux. J’ étais très mince et j’ avais même des taches de rousseur. Je ne pouvais rentrer dans les cinémas pour des films classés adultes. À Long Island il n’ y avait qu’ un cinéma qui passait de la sexploitation. Ils n’ étaient vraiment pas populaires. J’ ai été élevé comme un bon catholique, et à l’ époque l’ Église Catholique avait cette Legion of Decency qui contrôlait le contenu des films hollywoodiens. S’ ils n’ aimaient pas un film, ils le condamnaient. De grands films comme Baby Doll ou Embrasse-moi, idiot de Billy Wilder ont été détruits commercialement par l’ Église catholique. Les films furent des désastres au box-office car l’ Église les avait condamnés et punis. Une fois par an, à la messe, ils te faisaient promettre que tu n’ irais pas voir des films qui sont condamnés par la Legion of Decency. J’ ai fantasmé tout un tas de choses sur ce qui devait se passer dans
“ Une fois par an, à la messe, ils te faisaient promettre que tu n’ irais pas voir des films qui sont condamnés par la Legion of Decency.”
ces films. À l’ époque, il y avait la guerre du Vietnam et tout le monde devait avoir une carte d’ incorporation. Dès que tu atteignais les 18 ans, tu devais te faire enregistrer. C’ est comme ça qu’ ils savaient si tu avais 18 ans. Dès que j’ ai eu ma carte, j’ ai conduit jusqu’ à ce cinéma, The Fine Arts Theatre pour voir mon premier film de sexploitation. Les premiers étaient House of Cats, Prowl Girls, Vampire’ s Lust, pas un film de la Hamner mais un truc en noir et blanc totalement stupide. Et ils étaient assez fascinants. Vu que c’ était mes premiers films du genre, avec Something Weird on a toujours essayé de les retrouver. Mike Vraney voulait aussi retrouver tous les premiers films sexy de Herschell Gordon Lewis. Nous n’ en avons jamais retrouvé aucun. Et un jour, un des films que j’ ai vu c’ était Lorna en 1968. Pourtant, le film est de 1964 donc c’ était peut-être une ressortie ou quelqu’ un possédait la pellicule. C’ était une copie très usée, mais ce fut une révélation, un coup de foudre. Je me