Aparté No 3 | Page 71

© Moka Smart City , œuvre de Daphné Doomun

Le street art favorise le dialogue , remet en question les normes et célèbre la diversité .

Un écosystème en ébullition
Consciente de la capacité du street art à redonner vie à des espaces parfois délaissés et déterminée à préserver son riche héritage culturel , la New Chinatown Foundation s ’ est attelée dès 2018 à la revitalisation du quartier chinois de Port-Louis par ce biais . Aujourd ’ hui , il est orné par plus d ’ une centaine de fresques murales . Dans son sillage , d ’ autres villes de l ’ île telles que Beau Plan , Tamarin ou Moka , ont invité des artistes à s ’ exprimer sur leurs murs ou leur mobilier urbain . De quoi dynamiser l ’ économie locale ?
« Le street art représente un potentiel énorme pour le développement économique : il embellit l ’ espace , contribuant ainsi au bien-être des habitants , et attire les visiteurs en rendant une région plus attrayante », affirme Mathieu Pigeot , Art & Culture Manager de la Smart City de Moka . Un avis partagé par Baba Gaïa : « Cet art peut contribuer à l ’ essor du tourisme culturel , consolider la position du pays en tant que pôle de créativité et d ’ innovation , et stimuler la croissance économique avec des initiatives impliquant des artistes locaux dans des projets de développement communautaire ».
En effet , comment ne pas souligner le rôle crucial de l ’ art urbain dans la réhabilitation de quartiers marginalisés ? En 2017 et 2018 , les cités Mangalkhan et de Roche Bois ont connu un second souffle grâce à l ’ initiative Colour for Change de Sofap – une entreprise de peinture mauricienne toujours prête à soutenir le street art , notamment afin de « promouvoir la créativité , la diversité culturelle et le développement urbain durable », selon les mots de Mélissa Ramsay , Marketing Manager .
En quête de reconnaissance
Bien que relativement jeune , la scène artistique urbaine pourrait transformer le visage de Maurice dans un futur proche . Des artistes tels que Dévid rêvent d ’ un festival annuel : « Il nous faudrait au moins un événement autour du street art pour créer du lien avec le public . Je pense aux festivals à succès à l ’ étranger : le MURAL à Montréal , l ’ Upfest à Bristol , le HKwalls à Hong … ».
L ’ instauration de partenariats internationaux , la participation d ’ artistes mauriciens à des résidences ou des événements mondiaux de street art – grâce à la création d ’ un organisme local dédié , comme le plaide Evan Sohun ? –, pourrait permettre , selon Baba Gaïa , de « mettre en valeur la richesse et la diversité de notre scène artistique à l ’ échelle mondiale ». Et Brian Lamoureux d ’ enchérir : « Échanger avec d ’ autres pays – en commençant par le continent africain – montrerait que cela vaut la peine de s ’ intéresser aux artistes mauriciens ». À bon entendeur !
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