Acte de colloque : La pierre, un choix sociétal | Page 74

Compétences
Petit aparté sur le mélange chaux-chanvre : un mélange de chènevotte , de paille de chanvre , de chaux majoritairement aérienne — il peut y avoir aussi de la chaux hydraulique — et d ’ eau , pour faire une espèce de torchis de chanvre , qui permet d ’ apporter de la résistance thermique et de l ’ inertie . C ’ est un matériau qui va peser environ 300 kilogrammes par mètre cube et qui aura une conductivité 2 fois moins bonne qu ’ un isolant en laine souple .
Pourquoi cette solution ? C ’ est un schéma fait par l ’ agence Dumont Legrand , les architectes . On a un bâtiment avec de la maçonnerie . Je vais expliquer un peu après cette problématique d ’ intervention par l ’ intérieur , dans le bâtiment patrimonial , qui va impliquer de régler des problématiques de point de rosée et donc de mettre des membranes freins vapeur , de faire une étanchéité à l ’ air intérieure et d ’ être dans une logique de bâtiment étanche qui est antinomique avec le fonctionnement initial . On va plutôt rester dans la logique du bâtiment immersif , ou perspirant , plutôt que du bâtiment étanche . Dans un bâtiment neuf , c ’ est plus adapté ; dans le patrimonial , encore plus .
C ’ est ce qui est expliqué par ces petits schémas ( voir illustration P4.7 ), je pourrai l ’ expliquer de façon plus précise sur le dernier projet : prendre en compte le comportement spécifique de la pierre , qui sur le papier présente une résistance thermique qui n ’ est pas forcément très bonne mais qui , dans la réalité , a un fonctionnement bien différent par son fonctionnement dynamique qui apporte plus de résistance thermique .
Pour revenir sur la question de la réponse constructive , je vais commencer à parler des épaisseurs existantes . On a un mur en maçonnerie de 30 à 60 centimètres , avec des épaisseurs d ’ enduit côté extérieur qui varient entre 5 et 7 centimètres , donc des enduits assez épais . Côté intérieur , c ’ est plutôt 3 à 4 centimètres .
Au moment du ravalement de façades , on va purger les enduits existants et on va récupérer de l ’ épaisseur . On a profité de cette épaisseur pour , en plus de l ’ intervention côté intérieur , ajouter un enduit isolant côté extérieur . Cela ne porte pas forcément énormément de résistance thermique en plus , mais c ’ est quand même de petites adjonctions qui vont nous permettre d ’ être dans une optimisation assez précise . Ce sont des matériaux qui vont coûter un peu plus cher ; on va devoir mettre la juste quantité . Dès que l ’ on peut avoir une intervention ciblée hyper intéressante , on positionne ce curseur pour être le plus optimal possible . plancher . Ensuite , on aura un complément d ’ isolation intérieure en béton de chanvre , de 10 centimètres , plus la finition enduite de 1,5 centimètre .
Autre point important : nos 10 centimètres de béton de chanvre font 5 centimètres de laine classique . Ce n ’ est pas énorme . Il y a toujours la question : au niveau calculatoire , comment arrive-t-on à faire passer cela ? En l ’ occurrence , c ’ est moi qui fais les calculs thermiques depuis des années . Il n ’ y a pas de magie . On est très pragmatique . Il y a une notion importante à retenir : la globalité de l ’ enveloppe .
Il y a la résistance thermique pure , mais cette résistance thermique compte pour une partie des déperditions . Il y a aussi tout l ' à-côté : les ponts thermiques au niveau des menuiseries et des planchers . Ces paramètres ont autant d ’ importance que ce qui va se passer au niveau des parois pleines . On verra cela avec le projet suivant , qui connaît les mêmes problématiques .
Nous prenons donc en compte cette notion d ’ intervenir dans la globalité , mais aussi que le pont thermique est aussi un différentiel . Il est d ’ autant moins marqué que l ’ isolant est mauvais . Finalement , on va lisser ce calcul sur la globalité pour arriver à cet équilibre ténu entre les déperditions d ’ enveloppe qui permettront d ’ atteindre cet objectif de 80 kilowattheures , dans lequel il y a le chauffage , mais aussi l ’ eau chaude sanitaire , l ’ éclairage et les auxiliaires de ventilation et de chauffage .
Voilà la solution que l ’ on a établie pour ce projet ( voir illustration P4.8 ).
Petit aparté : les planchers ont été refaits à neuf . On avait voulu conserver les solives . L ’ entreprise avait répondu à l ’ appel d ’ offres en les conservant mais , pendant le chantier , les a remplacés , malheureusement . On a tout de même conservé la logique de planchers en bois et de connexion avec les façades avec du bois et de la maçonnerie .
Si on reste dans les questions thermiques , le bois est 2 fois plus déperditif que le chanvre . Les rapports entre le bois et le chanvre ne sont pas trop différenciés , d ’ où cette problématique du pont thermique .
Petit retour en arrière , quand j ’ expliquais ces questions de « thermos ». Comment intervenir par l ’ intérieur sur un bâtiment existant , face à de la maçonnerie ? Ces diagrammes expliquent cette question de la condensation ( voir illustration P4.9 ). J ’ espère que ce n ’ est pas trop barbare .
On va donc voir un corps d ’ enduit isolant côté extérieur de 4 centimètres , qui recevra ensuite une finition de 2 centimètres d ’ enduit chaux-sable , qui permettra d ’ améliorer les ponts thermiques au niveau des jonctions de
Au départ , on a un mur qui est dans un équilibre assez ténu : les deux courbes de pression de vapeur se superposent . Tant qu ’ elles ne se croisent pas , il n ’ y a pas de condensation . Dans un mur en maçonnerie , il n ’ y a pas
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