SÉBASTIEN POUTEAU
est un nouveau cycle qui se répète chaque année aux premiers jours du mois de mai. C’est l’époque où les premiers 2 ans apparaissent sur les sites de qualifications, le passage obligé pour tout trotteur, si tant est qu’il ait réussi à passer tous les écueils qui peuvent se dresser sur la route d’un futur athlète en pleine phase de développement physique. De la naissance jusqu’au jour de la qualification, le temps est long et le chemin peut parfois être semé d’embuches. Et dire que la réussite le jour de la qualification qui concerne, rappelons-le, moins de la moitié d’une génération (4.692 qualifiés chez les " K " pour 9.881 naissances par exemple, soit 47,5 %) n’est qu’une étape, décisive soit, mais une étape seulement qui ne garantit en rien leur futur de compétiteur. Le premier jour du reste de leur vie en somme. D’année en année, on est frappé par le sérieux et l’application de ces premiers lots de 2 ans où les poulains et pouliches fautifs sont presque devenus l’exception. Et ce n’est pas qu’une impression. Pour la première fois, le pourcentage de qualifiés à 2 ans au sein de la promotion née en 2022, les " M " donc, dépasse les 30 %. Ce taux est même très exactement de 31,1 %. Alors que le nombre de naissances chute (9.125 dans cette promotion contre 11.364 pour la précédente promotion de " N "), celui des qualifiés à 2 ans continue de progresser pour se fixer à 2.840 éléments. C’est au moins un triple signe à la fois. D’abord, celui de trotteurs dont la génétique s’améliore de génération en génération, ce qui est le but premier de l’élevage, et en fait des trotteurs naturels, si tant est que l’on puisse les définir ainsi. C’est le fruit de l'action quotidienne et de la recherche qui guide les éleveurs. Ensuite, c’est le signe de l'excellence du travail des déboureurs, des préparateurs et des entraîneurs avec leurs teams pour parvenir à ce qu’en l’espace des deux premières séances de Caen, mardi et mercredi, 104 des 138 présentés se qualifient soit un taux de réussite de 75,3 %. C’est bien enfin aussi le signe d’une volonté de plus en plus affirmée des propriétaires de savoir le plus vite possible la valeur ou tout au moins le potentiel de leurs poulains et pouliches pour des raisons économiques, avec une demande de sélection de plus en plus accrue. On peut s’interroger sur les chronos toujours plus rapides lors de ces séances. Mercredi à Caen, on a affiché 1'15''4 pour un poulain. C'est un fait que l'on ne peut pas ignorer et s'en faire l'écho ne signifie qu'on le valorise. Faut-il alors s'inquiéter de la capacité à vieillir de ces générations auxquelles on demande de plus en plus tôt d'aller de plus en plus vite ? La force du trot a longtemps été la capacité des trotteurs à s'inscrire dans le temps et à se bonifier avec l'âge par le travail. C'est encore vrai aujourd'hui. Sylvain Dupont, à la rencontre duquel 24h le Mag va dans ce nouveau numéro, en est un témoin. Bonne lecture.