L a date du 1er avril a constitué un véritable tournant dans la vie des courses au trot. Un double tournant même. Tout d ' abord celui négocié par les professionnels français qui ont dû laisser dans leur malle de courses, plusieurs années voire plusieurs décennies de pratiques et de réflexes avec la cravache. Pour la très grande majorité d ' entre eux, celle-ci ne servait pas à donner une correction à un cheval mais à le solliciter dans le feu de l ' action d ' une arrivée disputée, convaincu ainsi de défendre au mieux ses intérêts, ceux de son propriétaire et enfin ceux du client des courses, le turfiste. Mais pour s ' adapter aux codes d ' une société qui ne cesse d ' évoluer et largement encouragée par les idées venues du Nord de l ' Europe, la cravache se meut en simple accessoire. Exit le coup, bonjour le " signal ". La philosophie? Ne pas voir un cheval gagner une course car il a été( plus) frappé pour remporter la palme. Dit ainsi, cela tombe finalement sous le sens. Mais fallait-il encore l ' appliquer. Et c ' est ce qu ' a su faire de façon coordonnée l ' Union Européenne du Trot cette semaine. Car si la date du 1er avril a été si importante pour nous en France, elle l ' a en fait été pour toute l ' Europe du trot. C ' est le deuxième tournant évoqué plus tôt. La règlementation stipulait en effet que les états membres de l ' association regroupant les fédérations du " vieux continent " devaient se mettre en conformité d ' ici le 1er avril. Résultat: l ' effort pour les Scandinaves n ' a pas été particulièrement douloureux tant la doctrine est ancrée dans leurs habitudes, il y a eu des doutes et inquiétudes légitimes pour la France mais globalement tout s ' est plutôt bien passé, alors qu ' en Italie les professionnels ont manifesté leur( fort) mécontentement concernant cette règle en retardant les opérations des courses mercredi à Rome, impliquant toutes les plus fines... cravaches de la Botte. Mais " dura lex sed lex " et preuve est faite que l ' UET peut faire appliquer de façon coordonnée une décision collective visant à valider deux de ses missions officielles: " Harmoniser et veiller à l’ application des règlements et décisions communes concernant l’ élevage et les courses " et faire du " bien-être du cheval une priorité à tout moment et ne devant jamais être subordonné aux influences de la compétition ou du commerce." Alors pourquoi ne pas se servir de cette séquence comme un tremplin pour de nouvelles avancées depuis longtemps espérées? Comme une réelle harmonisation des règles pour donner plus de visibilité à notre sport de façon européenne( avec l ' ambition de créer un grand jeu à l ' échelle continentale?) et, de façon plus pragmatique, s ' assurer de la mise en commun des datas-performances des chevaux participant aux courses européennes. À l ' heure de l ' IA et de l ' information capitale pour les parieurs connectés, c ' est une réelle priorité qui doit relever du domaine du possible.