Ici nos écoles nous ont coûté cher
On a payé le prix jusqu’à dans nos familles
Frère contre soeur, ami contre voisin
En se battant contre notre propre ignorance
Ici, dire quelque chose
Dans une langue qui devrait être la notre
C’est se faire brûler au bûcher
Sans jamais devenir un saint
Ici, parler en français à ses amis
C’est se prendre pour un autre
C’est oser rentrer ses desseins politiques
Dans la sphère du social
Ici l’anglais, c’est pas l’ennemi,
C’est notre famille et notre vie
On ne sait plus comment vivre notre langue
Sans cracher sur ceux qu’on aime
Ici nos écoles sont pseudo-francophones
On y vante nos notes en anglais
Alors que nos corridors sont infectés
De faiblesses et de déception
Ici on se croit complètement seuls
Uniques au monde à vivre nos malheurs
On a inventé l’assimilation
On a inventé le désengagement
Ici on est encore des déportés
Jamais vraiment remis de l’événement
Notre renaissance Acadienne
N’arrivera peut-être jamais
Ici, on a les voix rauques
À force de crier qu’on est là nous aussi
Que les badlands identitaires
Pourraient faire partie du pays
What the hell que je fais ici
Toute seule dans un désert que j’ai choisi
Où j’ai un mal chronique
Dans le potentiel perdu
Mais pourtant je reste
Pour faire la martyre-patriote
J’ai peur que si j’arrête d’en témoigner
Mon royaume va cesser d’exister
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Photos: Gracieuseté
Écho d'Acadie/Décembre 2015 29