Bienvenue aux badlands de l’Acadie,
Dans les déserts de nos îles
Des presqu’îles, du presque pays
La diaspora oubliée
Abandonnés ici il y a longtemps
Peuples sculptés par l'érosion
Des centaines d’années à être seuls
Et pourtant on respire encore
Ici, c’est l’Acadie des autres
L’ Acadie des méconnus
L’Acadie des mal-aimés
L’Acadie des mal-compris
Ici on a tous des accents étranges
À force de seulement se parler entre nous
On nous dit qu’on sonne comme des anglais
Par des gens qui nous sonnent comme des québécois
Ici, on ne les a pas lus vos livres
Y’a pas place à les acheter
On ne connait pas plus les artistes de la grande Acadie
Qu’elle connaît les nôtres
Ici on ne parle pas le chiac
C’est pas cinquante-cinquante
On ne conjugue plus nos verbes
J’ai park ma bike, j’ai cross la street
Ici on s’en fuck des services offerts
Parce qu’il faudrait parler à des étrangers
Et publiquement admettre
Qu’on ne sait pas dire “plaque d’immatriculation”
Ici chaque mot de français dit en public
Est une révolution ouverte
Et nous rend récipiendaires
De confusion et de honte mal cachée
Ici, on n’a pas eu de 68
Pas de sit-in à l’université
Pas de révolution dans les rues
On en aura probablement jamais
Les Badlands acadiens
28 Écho d'Acadie/Décembre 2015
Un poème de Céleste Godin