La génération d’après-guerre refuse de faire des années 1920 des
années de deuil. Ils n’ont qu’une envie, irrésistible, de s’amuser et de
vivre. Ils vont faire de Paris leur terrain de jeu, et de cette décennie, la
plus créative du siècle. Ils n’y seraient jamais parvenus seuls. Depuis la
fin de la guerre, des étrangers venus de toute l’Europe les ont rejoints.
Sans eux, les années 1920, ne seraient jamais devenues les années
folles.
La plupart de ces immigrés n’ont pas un sou en poche. Ils ont été
chassés par la misère, la violence et la montée du fascisme. Pour eux, la
France incarne le pays des Droits de l’Homme, le progrès et la justice
sociale.
800 000 italiens, 500 00 polonais et 350 000 espagnols auxquels il faut
ajouter les travailleurs coloniaux. Ils sont en tout près de 3 millions à venir
en France pendant cette décennie. Paris est, par exemple, un abri
inespéré pour les Arméniens qui ont tout quitté pour échapper à leurs
bourreaux ou les juifs fuyant la misère et les pogroms de l’est européen.
Les années folles font de Paris la ville la plus cosmopolite de la planète.
4 des plus grands peintres de l’époque sont des immigrés venus en
France : un immigré italien, Amedeo Modigliani, un immigré polonais,
Moïse Kisling, un immigré espagnol, Pablo Picasso et un juif breton
converti au catholicisme, Max Jacob. Mais ils ne sont pas les seuls (…)
Ces artistes vont faire de Paris la capitale mondiale des avant-gardes.
Avant Londres, avant Berlin, avant New-York. Cette suprématie, Paris ne
la doit pas aux talents du cru, mais à ses exilés, ses apatrides, ses
immigrés.