ViV Magazine Volume 4 (April - May 2014) ViV Magazine Volume 4 (April - May 2014) | Page 65

EUTHANASIE: Vivre ou cesser de vivre, c’est là la question… Quatre longues années qui semblaient être une éternité s’étaient déjà écoulées depuis que Linda avait été victime d’un abominable accident d’équitation qui l’avait laissée quadraplégique. Clouée à vie sur un lit d’hôpital, elle souffrait constamment de douleurs atroces, vu qu’aucun analgésique n’arrivait à apaiser son calvaire, et seules les piqures de morphine administrées par son médecin, en cas de crise extrême, la soulageaient un peu. Cette jeune femme de vingt ans hurlait de désespoir, suppliant ses parents ébranlés et son médecin impuissant de mettre fin à sa misérable existence. « Je vous en prie, aidez-moi à partir me reposer en paix, je n’en peux plus, ce n’est pas une vie », criait-elle sans cesse. “La vie est un don divin et seul Dieu peut te l’enlever”, phrase que ces parents au cœur brisé et très croyants répétaient sur un ton consolateur à leur fille squelettique. Mais eux aussi priaient en silence leur Dieu de mettre une fin à son agonie. Il va sans dire que son dévoué médecin de chevet refusait absolument, par principe, de l’aider à franchir le seuil de l’au-delà. Mais James, l’amour d’adolescence de Linda, qui s’était fait un devoir sacré de lui rendre visite chaque jour depuis l’accident, se laissa finalement convaincre par les supplications de sa bienaimée et accéda à l’aider à avaler un flacon de somnifères, incapable de continuer à être témoin de son interminable souffrance. Dans une chaleureuse étreinte il la regarda s’éclipser lentement et paisiblement de cette Vallée de Larmes. Son geste désintéressé d’amour lui valu d’être accusé d’homicide et il continue à payer sa dette envers la société, enfermé dans une glaciale cellule de prison. La religion est un des principaux obstacles en ce qui a trait au suicide assisté. Les autorités religieuses et les guides de moralité sont convaincus que nous ne sommes pas maîtres de notre existence, mais simplement les régisseurs, ayant l’obligation morale de soigner notre santé et de conserver notre vie. Que notre vie ne nous appartient pas et qu’en tant que récepteurs de ce don divin, nous ne devons jamais provoquer directement notre mort ni celle de victimes innocentes, que ce soit de manière active ou passive. Le second est le Serment d’Hippocrate, qui interdit aux médecins de mettre fin à une vie humaine. Néanmoins, à l’ origine, ce même ancien serment grec contenait des interdictions contre les chirurgies, l’avortement et l’euthanasie. Et pourtant, les premières s’effectuent légalement depuis des siècles, le deuxième a été légalisé dans maints pays, tandis que la dernière donne encore lieu à d’énormes controverses à travers le monde entier, quoiqu’elle ait été décriminalisée dans plusieurs pays tels que Le Luxembourg, les Pays Bas, la Belgique, l’Albanie et la Suisse. Et, assez curieusement, dans l’Athènes classique, les magistrats de ville gardaient toujours une réserve de poison pour tous ceux qui désiraient mourir. Un des arguments des opposants à l’euthanasie, est que sa légalisation ciblerait les démunis et les handicapés et créerait des motivations chez les compagnies d’assurance à mettre fin à des vies afin d’économiser de l’argent dans les payements de bordereaux médicaux. Mais par contre, ceux qui sont en faveur de l’euthanasie argumentent que les personnes qui sont à une phase terminale d’une maladie ou les êtres humains dans un état physique en déchéance, en souffrance extrême, ayant une condition incurable, devraient avoir le droit de mettre fin à leur agonie, par moyen d’une mort rapide, charitable et digne, en partant du fait que le droit de mourir est protégé par les mêmes garanties constitutionnelles qui donnent droit au mariage, à la procré