de Montréal. Les intentions de
l’entreprise sont claires. « Nous
voulons répandre notre système
partout à Montréal, surtout là où
Bixi n’opère pas », lance Emmett
Meacher. Et à plus long terme ?
« D’ici cinq ans, notre souhait le
plus cher est que Dropbike soit une
solution de transport crédible vers
laquelle se tournent instinctivement
les Canadiens. » Rien de moins !
Phénomène mondial !
Le phénomène du vélo en libre-
service de deuxième génération
est loin d’être unique à Montréal.
Partout dans le monde, des villes ac-
cueillent ces systèmes qui rappellent
l’autopartage Car2go, version vélo.
Rien que dans la dernière année,
Paris, Bruxelles, Londres, New
York, Washington, Melbourne et
Sydney, notamment, ont vu appa-
raître une ou plusieurs entreprises
de vélos en libre-service sans an-
crages et accessibles au moyen d’un
téléphone. Le modus operandi est
relativement similaire à celui de
Dropbike, dont on trouve aussi
les vélos à Toronto et à Kingston.
Cela dit, de nombreuses villes ont
abandonné le système tant la vie
des vélos 2.0 est éphémère.
C’est néanmoins à la Chine qu’on
doit la paternité du VLS 2.0. Grâce
à des centaines de millions de dol-
lars investis par des géants chinois
de l’Internet comme Alibaba, les
compagnies Ofo (aux vélos jaunes)
et Mobike (aux vélos orange) s’y
sont implantés dans plus de trente
grandes villes depuis 2016. À elles
deux, ces compagnies rejoindraient
des dizaines de millions de jeunes
utilisateurs partout au pays, mais
aussi sur la planète. Selon ces leaders
mondiaux dans le domaine, chacun
évalué à plus d’un milliard de dollars
américains, « le VLS 2.0 est en train
de changer le paysage urbain ».
L’avènement de ces géants ne se
fait toutefois pas sans heurts. Au
mois de juillet dernier, le magazine
Wired rapportait par exemple que
les rues, les parcs et les trottoirs de
la ville chinoise de Hangzhou se sont
littéralement retrouvés infestés de
vélos en libre-service sans bornes.
Exaspérées, les autorités ont alors
procédé à un ramassage en règle
de ces ordures inusitées. Résultat :
des dépotoirs remplis à ras bord de
vélos abandonnés par milliers ! Ce
scénario s’est depuis répété ailleurs
dans l’empire du Milieu, mais aussi
à Seattle, aux États-Unis.
« Ce sont
des vidanges »
La bonne nouvelle, c’est que Drop-
bike s’est arrangé pour que ces scènes
ne se répètent pas ici, au Canada ; en
délimitant des zones où déposer ses
vélos à la suite de leur utilisation,
la compagnie torontoise a « créé
la recette parfaite pour éviter le
chaos », estime Emmett Meacher.
La mauvaise, c’est qu’elle s’est tout
de même attiré son lot de critiques,
dont certaines sont carrément viru-
lentes. Ses vélos ont par exemple
été qualifiés de « cochonneries »
et de « vidanges » par un utilisateur
visiblement insatisfait sur la page
Facebook Vélo d’hiver – Montréal.
Position de conduite inconfortable,
matériaux de piètre qualité et faible
absorption des chocs ne sont que
quelques-uns de ses reproches.
Aussi, ces vélos ne visitent pas
souvent un atelier d’entretien.
Un autre utilisateur – lui aussi
mécontent – souligne quant à lui le
caractère intrusif de l’application
Dropbike, qui est nécessaire pour
déverrouiller puis utiliser un vélo.
Photos à l’appui, il constate qu’elle
exige qu’on lui donne accès à une
« panoplie plutôt effrayante » de
droits. « L’application demande
essentiellement de lui laisser le
contrôle total de votre téléphone
intelligent. Ma vie privée vaut plus
que ça », déplore-t-il. Confronté à ce
sujet, Dropbike prétend qu’elle ré-
colte « un nombre limité de données
anonymes sur les déplacements
et les caractéristiques démogra-
phiques de ses utilisateurs afin de
les partager avec les autorités ». La
Ville de Westmount a été incapable
de nous confirmer cette information.
Dernier point, mais non le
moindre : celui du modèle d’affaires.
D’après Dropbike, la location de
vélo à 1 $ par heure est suffisante
pour assurer la rentabilité de l’en-
treprise. Une information dont
doute fortement Pierre Parent,
directeur du marketing et des com-
munications chez Bixi Montréal.
« La structure me semble obscure.
Même si nous évaluons le prix de
ces vélos à quelques centaines de
dollars – ce qu’ils valent proba-
blement –, j’ai peine à croire que
cela fonctionne », avoue celui qui
trouve exagérée l’affirmation selon
laquelle Dropbike représente de la
concurrence pour Bixi. « L’arrivée
de Dropbike nous force certes à
innover. Mais je confirme que nous
v
ne nous sentons pas menacés! » ●
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