Ville à vélo Printemps 2018 | Page 13

«Changer le monde, une ville à la fois», c’est le rêve de Luc Sabbatini. Il en a fait le slogan de son entreprise, PBSC Solutions Urbaines, une PME de Longueuil qui a récupéré en 2014 les activités internationales issues de la faillite de la Société de vélo en libre-service (SVLS). ’ L ex-président d’Astral Af- fichage se cherchait une occasion de concrétiser une deuxième carrière d’entrepreneur, après qu’Astral eut été ava- lée par Bell, en 2013. « Je venais de pédaler à Londres sur un Bixi, en compagnie de ma famille, sans savoir que ce serait ma destinée. » En 2015, il achète une PBSC (Public Bike System Company) mal en point. « La première année, je n’ai pas beaucoup dormi. » Aujourd’hui, c’est le leader mondial du vélo en libre-service, avec 65 000 unités dans 30 villes. Ses quatre concurrents, les américaines BCycle et SoBi, l’allemande Nextbike et la française Smoove revendiquent ensemble 50 000 unités. Et PBSC creusera encore davantage l’écart dans les prochains mois en répartissant 10 000 vélos dans dix nouvelles villes. À l’arrivée de Luc Sabbatini, PBSC comptait 15 employés. Ils sont désormais soixante, dont une dizaine d’ingénieurs, dans des locaux qui s’apparentent à ceux d’une dotcom, remplis de bidules électroniques, de prototypes et d’écrans. En trois ans, PBSC a dépensé six millions de dollars en recherche et développement, dont beaucoup dans la refonte de l’infrastructure informatique, dans une application transac- tionnelle et dans de nouveaux modèles de vélos. En 2016 naissait la filiale de gestion de réseaux de vélos en libre-service Shift Transit, basée à Chicago, qui emploie 75 personnes. Luc Sabbatini se sent privilégié : « Je vends du bonheur. Je propose un produit idéal alors que les villes cherchent à améliorer la mobilité et luttent contre le smog. Nous évoluons dans l’économie du partage. Nous offrons la liberté pour 90 $ par année. Pas besoin de grimper son vélo dans l’appartement ou de trouver un poteau où le verrouiller. Et les jeunes urbains ne veulent pas acheter, mais louer. » « Le vélo en libre-service représente une petite part du cocktail de transport, mais, pour une ville, c’est une aubaine, affirme-t-il. Pour le prix d’un seul bus articulé, vous avez 1000 vélos robustes et sécuritaires. Les villes se les arrachent. Les études prédisent une croissance annuelle du marché mondial de 10 %. Moi, je penche pour 30 %. Actuellement, notre crois- sance est de 25 %. Et nous allons augmenter la cadence. » La meilleure technologie « Le Bixi, c’est la Mercedes des vélos en libre-ser- vice, dit-il. Il a coûté 25 millions à développer. C’est un héritage extraordinaire. Quand nos compétiteurs en ont dépensé trois, c’est beau. » PBSC fournit des vélos « garantis durer dix ans », et ses stations alimentées au solaire se déplacent en vingt minutes. Des arguments de vente imparables. Luc Sabbatini est un technophile. Il prédit que, bientôt, la plupart des usagers paieront et se choisiront une monture directement par son application. Il tire une grande fierté de ses nouvelles selles pourvues d’un canal central qui évacuent rapidement la pluie, de ses novatrices poignées antibactériennes, de ses garde-boue en plastique léger, de ses stations qui résistent hors série vélo mag ville à vélo 13