«Changer le monde, une ville à la fois», c’est le rêve de Luc
Sabbatini. Il en a fait le slogan de son entreprise, PBSC
Solutions Urbaines, une PME de Longueuil qui a récupéré
en 2014 les activités internationales issues de la faillite de
la Société de vélo en libre-service (SVLS).
’
L
ex-président d’Astral Af-
fichage se cherchait une
occasion de concrétiser
une deuxième carrière
d’entrepreneur, après
qu’Astral eut été ava-
lée par Bell, en 2013.
« Je venais de pédaler
à Londres sur un Bixi,
en compagnie de ma
famille, sans savoir que ce serait ma destinée. »
En 2015, il achète une PBSC (Public Bike
System Company) mal en point. « La première
année, je n’ai pas beaucoup dormi. » Aujourd’hui,
c’est le leader mondial du vélo en libre-service,
avec 65 000 unités dans 30 villes. Ses quatre
concurrents, les américaines BCycle et SoBi,
l’allemande Nextbike et la française Smoove
revendiquent ensemble 50 000 unités. Et PBSC
creusera encore davantage l’écart dans les
prochains mois en répartissant 10 000 vélos
dans dix nouvelles villes.
À l’arrivée de Luc Sabbatini, PBSC comptait
15 employés. Ils sont désormais soixante, dont
une dizaine d’ingénieurs, dans des locaux qui
s’apparentent à ceux d’une dotcom, remplis de
bidules électroniques, de prototypes et d’écrans.
En trois ans, PBSC a dépensé six millions de
dollars en recherche et développement, dont
beaucoup dans la refonte de l’infrastructure
informatique, dans une application transac-
tionnelle et dans de nouveaux modèles de
vélos. En 2016 naissait la filiale de gestion de
réseaux de vélos en libre-service Shift Transit,
basée à Chicago, qui emploie 75 personnes.
Luc Sabbatini se sent privilégié : « Je vends
du bonheur. Je propose un produit idéal alors
que les villes cherchent à améliorer la mobilité
et luttent contre le smog. Nous évoluons dans
l’économie du partage. Nous offrons la liberté
pour 90 $ par année. Pas besoin de grimper
son vélo dans l’appartement ou de trouver un
poteau où le verrouiller. Et les jeunes urbains
ne veulent pas acheter, mais louer. »
« Le vélo en libre-service représente une
petite part du cocktail de transport, mais, pour
une ville, c’est une aubaine, affirme-t-il. Pour
le prix d’un seul bus articulé, vous avez 1000
vélos robustes et sécuritaires. Les villes se les
arrachent. Les études prédisent une croissance
annuelle du marché mondial de 10 %. Moi, je
penche pour 30 %. Actuellement, notre crois-
sance est de 25 %. Et nous allons augmenter
la cadence. »
La meilleure technologie
« Le Bixi, c’est la Mercedes des vélos en libre-ser-
vice, dit-il. Il a coûté 25 millions à développer.
C’est un héritage extraordinaire. Quand nos
compétiteurs en ont dépensé trois, c’est beau. »
PBSC fournit des vélos « garantis durer dix
ans », et ses stations alimentées au solaire se
déplacent en vingt minutes. Des arguments de
vente imparables.
Luc Sabbatini est un technophile. Il prédit
que, bientôt, la plupart des usagers paieront
et se choisiront une monture directement par
son application. Il tire une grande fierté de ses
nouvelles selles pourvues d’un canal central qui
évacuent rapidement la pluie, de ses novatrices
poignées antibactériennes, de ses garde-boue
en plastique léger, de ses stations qui résistent
hors série vélo mag
ville à vélo
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