TYPE 40 Numéro 7 AVRIL- MAI 2014 | Page 44

Depuis très longtemps, le loup est présent dans nos contrées, et surtout en Europe qui a été un temps le "centre du Monde".

Au Moyen-Age, le loup était l'une des plus grandes peurs populaires d’où sa présence dans plusieurs récits folkloriques, ainsi que dans les fables d'Esope, les contes de Charles Perrault et des Frères Grimm qui donnent une image très mauvaise du loup :

Le Grand méchant loup...

Il dévore les proies faibles, comme le Petit Chaperon Rouge et sa grand-mère. Dans ce conte traditionnel, le loup est vu comme un personnage cruel. Il est là pour faire peur et terroriser ses futures victimes. En effet, il se régale des enfants égarés, des grands-mères, mais aussi des animaux plus faibles que lui. La plupart du temps, le loup se trouve dans les bois.

Ces contes renforcent la mauvaise image du loup que l’on colportait à cette époque. En effet, à l’époque où ces contes traditionnels furent écrits, c’est-à-dire entre le XVIIe et le XIXe siècle, il était vu comme un prédateur qui pouvait s’attaquer à l’homme à n’importe quel moment. Ceci installe dans la littérature jeunesse le stéréotype du prédateur cruel, prêt à tout pour manger.

Ce n’est qu’en 1921 que le loup aura une autre image que celle d’un être qui terrorise...

En effet, cette année-là a été écrit « la fille au loup », qui ressemble aux contes de Grimm et Perrault. Dans ce conte, la jeune fille est accompagnée de deux jeunes loups qui sont à son service et qui ont des pouvoirs extraordinaires.

Dans les trois petits cochons, conte européen du XVIII siècle, le grand méchant loup parvient à détruire les maisons des deux premiers petits cochons en soufflant dessus et les dévore. En revanche, il est impuissant contre celle du troisième petit cochon...

Dans Le Loup et les Sept Chevreaux (en allemand Der Wolf und die sieben jungen Geißlein), conte populaire allemand qui figure parmi ceux recueillis par les frères Grimm, la Maman chèvre est partie chez le docteur. Le loup en profite pour pénétrer par ruse dans sa demeure et dévorer six des sept petits chevreaux restés seuls. Le rescapé peut tout expliquer à sa mère dès son retour. Ils partent ensemble à la recherche du loup...

Dans le sud-ouest de la France, l’histoire de la Bête du Gévaudan parle d'une bête énorme, à l’apparence d’un loup. Elle a fait de nombreuses de victimes. Ses carnages instaurèrent la peur et cela a sans aucun doute renforcé la peur du loup dans l’inconscient des gens, enfin si c’était bien un loup...

Les studios Disney ont développé le personnage du conte originel des Trois Petits Cochons, utilisé pour la première fois par eux en 1933 dans le court-métrage homonyme de la série des Silly Symphonies, pour en faire un "méchant" récurrent dans de nombreux courts-métrages et bandes dessinées sous le nom de Grand loup, lui adjoignant même une descendance.

Par certains aspects, les personnages de Wile E. Coyote et de Sylvestre des dessins animés Looney Tunes de la Warner ont certains traits de caractères du grand méchant loup. Une reprise du petit chaperon rouge avec Sylvestre a d'ailleurs été produite.

Le loup est présent partout, depuis toujours, dans la tête des hommes. Leur religion, certaines de leurs croyances, ainsi que beaucoup de contes et légendes, donnent une proportion importante au loup.

Cela laisse une pré-impression dans le cœur des populations qui n'est pas négligeable. C'est ce qui peut expliquer les différentes réactions des peuples du monde. Ainsi, les Italiens acceptent plus facilement les loups que les français car leur histoire fait apparaître le loup d'une façon positive.

En effet, tous les Romains connaissent la légende de la création de Rome. Romulus et Remus, les fondateurs de cette ville, ont été élevés par une louve.

L'image de cet animal est donc ici positive.

Tandis que la France, anciennement majoritairement chrétienne, lui donne une image de démon qui fait peur. Et cette peur reste quelque part ancrée dans beaucoup d'esprits, même non-chrétiens...

Dans la culture Britannique, le loup a été pendant des siècles le mammifère le plus craint. Les loups ont disparu d’Écosse depuis longtemps. Le dernier a été vu il y a plus de 240 années. Ils ont été chassés par les éleveurs de moutons et les fermiers venus coloniser les Highlands...

Un endroit propice pour faire une référence au méchant loup, sous les traits d'un loup-garou « royal » dans la deuxième saison de Doctor Who (épisode 2) ...

Plusieurs chansons font référence au loup, comme la comptine : « Who's Afraid Of The Big Bad Wolf ? » reprise par différents artistes comme Barbra Streisand. Il y a également « She Wolf » de Shakira, « Big Bad Wolf » de Duck Sauce et « Hungry like a Wolf » de Duran Duran qui est mentionné dans l’épisode « Destruction mutuelle assurée » de la saison 7 (épisode 8).

Les montagnes russes du parc d'attraction de Busch Gardens à Williamsburg aux Etats-Unis dans l'état de Virginie, s'appelait « Big Bad Wolf ».

Pour tous les Whoviens et Whoviennes, le Grand méchant Loup est désormais associé à deux mots : Rose Tyler. Comme Doctor Who, la légende du « grand méchant loup » est universelle et a contribué à la renaissance et au succès planétaire de la série jusqu'à alors méconnue.

son peuple mais aussi l’ensemble des humains. Le Docteur lui répond alors que les humains survivront, contrairement à eux.

Pendant ce temps, le TARDIS arrive à Londres où Rose est accueillie par sa mère et Mickey. Le cœur brisée, elle cherche un moyen de rejoindre le Docteur malgré l’insistance de ses proches à rester. Rose finit par se rendre compte que le terme « Bad Wolf » apparaît en graffiti un peu partout dans la cité. Elle comprend alors qu’il s’agit d’un message à son intention et non d’un avertissement comme elle le supposait.

Elle finit par repenser à ce qui s’était passé à Cardiff avec Margaret : la Slitheen avait regardé dans le cœur du TARDIS (épisode 11, « l’explosion de Cardiff »). Par ce procédé, Rose serait alors capable de piloter le vaisseau et donc de retrouver le Docteur. Mickey tente de lui venir en aide pour ouvrir la console pendant que sa mère tente de l’en dissuader. Jackie, n’arrivant pas à la faire changer d’avis, déclare que son père n’aurait jamais approuvé.

C’est alors que Rose lui avoue l’avoir rencontré avant sa mort et que justement il n’aurait pas abandonné (épisode 8, « Fêtes des pères »). Se rendant compte que sa fille ne céderait pas et qu’elle pouvait l’aider, Jackie emprunte un camion de dépannage à un ami pour ouvrir la console.

L’opération réussit et le cœur du TARDIS se révèle à Rose. Les portes se referment instantanément et le vaisseau disparaît sous les yeux de Mickey et Jackie.

Sur le satellite, les Daleks arrivent au 500ème étage, tuant Jack et Lynda. Ils entrent dans la salle de contrôle où le Docteur a la main posée sur le détonateur de l’onde delta. L’Empereur tente de raisonner le Seigneur du Temps, lui demandant si c’est un tueur ou un lâche. Il hésite longuement, tremblant, et déclare finalement être un lâche quand soudain le TARDIS apparaît. Les portes s’ouvrent dans un flot de lumière et Rose sort. Elle se révèle comme « le Grand Méchant Loup » (« Bad Wolf ») et qu’elle s’était laissé ce message à travers le temps et l’espace pour revenir. Les Daleks tentent de la tuer mais elle les arrête, désintégrant chaque atome de tous les Daleks et leurs vaisseaux. Le Docteur, sous le choc, la supplie d’arrêter et de contrôler son pouvoir, mais elle ressuscite Jack. Se sentant de plus en plus mal, le Docteur l’embrasse pour enlever le pouvoir du Vortex qui est en elle (avec une phrase devenue célèbre « je crois que tu as besoin d’un docteur »). Rose finit par tomber inconsciente, le Seigneur du Temps la ramène en sécurité dans le TARDIS. Il fait décoller le vaisseau avant que Jack ne puisse monter à bord, le laissant coincé dans le satellite 5.

Rose se réveille dans le TARDIS avec un Docteur qui montre des signes de douleur. Il lui explique que personne n’est censé absorber le Vortex et que chaque cellule de son organisme est en train de changer. Face à la panique de Rose, il lui explique l’astuce des Seigneurs du Temps pour « tromper la mort » et après un fantastique au-revoir, il se régénère dans un flot d’énergie. Après quelques secondes, il se révèle être un grand mince, aux cheveux bruns et aux yeux marrons. Le 10ème Docteur est arrivé …

Ce que j’en pense …

Le 9ème Docteur a été le premier Docteur que j’ai découvert, et quand j’ai commencé les deux derniers épisodes de la saison 1, je savais bien que son accent, ses oreilles et sa veste en cuir allaient me manquer. Mais comment allait-t-il quitter la scène ?

On commence les épisodes avec le Docteur coincé dans « Big Brother », Rose dans « Le maillon faible » et Jack dans une émission de relooking. Pour rappel, ces épisodes datent de 2005 : la téléréalité s’installe dans nos écrans depuis le début des années 2000, ce sont donc des références populaires caractéristiques d’une époque. L’humour parodique est poussé au point que certains présentateurs ont prêté leur voix à leurs doubles robotisés ! Le style est percutant et peut même cacher une forme de critique de ces émissions (le Docteur reste complètement dubitatif face à l’attitude des candidats prêts à tout pour gagner mais fait comprendre qu’il en a déjà regardé !) et même de façon générale sur les médias de masse (le Satellite 5 et son nombre vertigineux de chaînes, le contrôle de l’information qui est une forme de dictature). L’ayant vu en 2013, je me suis posée la question du « vieillissement » de ces épisodes : ne les trouverons-nous pas ridicules après une décennie, quand les émissions n’existeront plus et que les robots ne feront plus rappeler les manies des présentateurs de l’époque ? Le temps nous le dira …

Je trouvais que Christopher Eccleston était un bon acteur (particulièrement dans l’épisode 6 « Dalek ») mais il m’a bluffé sur les deux derniers épisodes. Effectivement, il n’a pas la folie de Matt Smith ou le charisme de David Tennant, mais Eccleston m’a bluffé pour la fameuse scène où il renvoie Rose sur Terre : la musique s’arrête, gros plan sur le visage du Docteur qui regarde le TARDIS une dernière fois et pointe son tournevis sonique. Là encore, pas besoin de gros effets ou de réplique particulière, la scène parle d’elle-même. On sent le renoncement et la peine du Docteur à travers ses yeux bleus et les traits de son visage. C’est une scène qui me donne encore des frissons, qu’importe le nombre de fois où je la regarde !

Russel T. Davies annonçait vouloir faire revenir les Dalek depuis le début de la relance de la série. Ils n’apparaissent clairement qu’à la fin de l’épisode 12, mais pendant tout l’épisode, un doute plane sur ces ennemis cachés derrière un oracle (le Contrôleur, qui fait penser au film « Minority Report »). Mon premier contact avec le grand ennemi du Docteur était l’épisode 6 de cette même saison, où l’on voit un Dalek seul et abandonné, montrant une forme de compassion que le Docteur ne montre même pas. Finalement, j’avais limite pitié de cette poivrière cachant une pieuvre un peu décrépie. Et dans ces derniers épisodes, on voit enfin la vraie nature des Daleks sans savoir que ce sont eux : manipulateurs, impitoyables, avec cette soif de destruction comme le Docteur nous l’avait décrit (mais qu’on ne croyait pas forcément). En plus, ils expriment des émotions humaines qui les rendent encore plus dangereux (l’Empereur s’adresse directement au Docteur pour jouer avec ses émotions). Là encore, c’est simple et efficace : les gentils contre les méchants. Et la sauce prend bien !

Ces épisodes sont absolument une bonne conclusion des arcs ouverts pendant la saison. Il y a, par exemple, les nombreuses mentions de Torchwood qui permettront d’ouvrir le spin-off du même nom en 2006 (même si les mentions seront plus nombreuses dans la saison 2). L’arc le plus important est l’explication de « Bad Wolf » qui, à première lecture, semblait plutôt négatif au fil de la saison. Ce joli « paradoxe de l’écrivain » donne la preuve à Rose qu’elle peut réussir à rejoindre le Docteur et renforce encore plus la vision non linéaire du Temps et de l’Espace dans l’univers Doctor Who (pour tout novice comme moi, à l’époque). « Bad Wolf » ou « Le Grand Méchant Loup » restera indubitablement lié à Rose Tyler (je vous invite à lire l’article « Bad Wolf » pour plus de détails). Ce qui se passe dans les épisodes légitime l’importance de la jeune fille dans Doctor Who : elle s’est imprégnée de l’âme du TARDIS et a possédé, pendant un laps de temps limité, ce que le Seigneur du Temps voit en permanence. Les rôles inversés donnent cette surprise : le Docteur est désemparé et finalement s’avoue vaincu mais le Grand Méchant Loup finit, avec son pouvoir, par le sauver lui et le monde. Et ces parties-là sont bien exprimées par les effets utilisés: le Docteur, au sol, dans une ambiance sombre et Rose, debout, dans un flot de lumière. Elle n’est plus seulement la petite jeunette que le Docteur entiché trimballe aux quatre coins de l’univers, non ! Elle a absorbé le vortex pour sauver « son » Docteur, au mépris de sa propre vie.

Par contre, la façon d’ouvrir le cœur du TARDIS est discutable. Le vaisseau n’aurait-il pas pu « choisir » de s’ouvrir à Rose pour reconnaître sa valeur ? Cette scène a cependant permis de montrer l’amour de Mickey et Jackie envers Rose, qui, malgré leur désaccord sur son choix, ont toujours soutenu la jeune fille. Malgré son égoïsme envers ses proches (il faut l’avouer), elle sait qu’elle va sacrifier sa vie pour sauver le Docteur, ce qui montre encore plus son amour pour celui-ci.

La scène du baiser du Docteur est un moment surprenant même si les sentiments entre les deux personnages sont assez clairs pendant la saison. Dans l’épisode final, ce passage permet au Docteur de reprendre sa place de héros en sauvant Rose, puisque c’est le Grand Méchant Loup qui a défait les Daleks. Bien sûr, d’un point de vue scénaristique on peut remettre en doute la nécessité de ce baiser pour sauver Rose … Mais bon ! C’est un beau moment pour tous les romantiques (dont je peux faire partie !). Cela ne gâche rien à l’histoire et c’est un peu la récompense de ce brave 9ème Docteur.

La régénération est bien sûr le final attendu. Sans sentimentalisme extrême, le Docteur tente d’expliquer le procédé en essayant le plus possible de rassurer Rose et surtout lui-même, sans aucun doute. Non sans humour, il lutte pour être sûre qu’elle sourit encore une dernière fois pour lui. Le fou à l’accent du nord s’en va, sous les yeux de Rose, embués de larmes, et son sourire. Et c’est vrai, tout au long de la saison, il a été « Fantastic » !

Le seul point vraiment négatif que je note est la musique. Je suis personnellement très attachée aux bandes originales et c’est vrai que les morceaux utilisés donnent un côté un peu série B et bon marché qui me plaît moins (ce n’est pas pour rien que la première Bande Originale comprendra la saison 1 et 2). Je pense que Murray Gold a dû faire avec ce qu’il avait à l’époque : un budget serré pour une nouvelle série ! En tout cas, il fera un travail remarquable dans les saisons suivantes.

Le scénario des deux épisodes n’est pas d’une densité extrême comme on peut le voir dans certaines fins de saisons ou régénérations. Tout au long des deux épisodes, diverses références à des aventures antérieures de la saison donnent vraiment l’impression d’une belle conclusion et d’un certain point de vue, d’un destin. L’essentiel est là : du rythme, de l’humour, de la surprise et de l’émotion. Il n’y a pas d’effets spéciaux hallucinants ou des scènes grandiloquentes mais ces épisodes se laissent voir et revoir avec un grand plaisir.

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Qui craint le grand méchant loup

Méchant loup, grand loup noir

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Qui craint le grand méchant loup

par leonie françois

chronique de la réalité

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