TYPE 40 Numéro 7 AVRIL- MAI 2014 | Page 31

The «Dark Doctor»

Le 8ème Docteur, vous le savez peut-être déjà, est à l'origine considéré comme étant un des plus doux et les plus «gentils» de la série. Beaucoup gardent à l'esprit le gentleman très présentable qu'incarnait Paul McGann dans le téléfilm de 1996 et il est vrai que durant des années, cette image a été prédominante. Cependant Big Finish désirait dépoussiérer un peu le personnage, et a donc proposé, via les News Eighth Doctor Adventures que j'ai déjà cité, une évolution plus sombre, qui a fini par conduire à un terrible coup de tonnerre en 2011. Le Docteur, dans le double épisode de fin de la saison 4 des News Eighth Doctor Adventures, vit une expérience qui va le transformer terriblement, et durablement. Et c'est là que Dark Eyes commence.

Visualisez un peu la scène : l'aventure débute avec un Docteur désormais sans espoir. Son flamboyant costume Edwardien et ses longs cheveux bouclés laissent place à une coupe nette et stricte, un blouson en cuir noir, un jean élimé et de grosses chaussures de randonnées. Son visage est creusé par la fatigue et partiellement dissimulé derrière une barbe de quelques jours. En résumé, le 8ème Docteur n'est plus que l'ombre de lui-même, et est surtout animé par une rage et un désespoir qui ne lui sont pas coutumier. Il n'est pas sans rappeler les débuts du 9ème Docteur, un personnage meurtri et très en colère. Bien que cela ne soit bien sûr pas évoqué directement, on sent l'influence de la nouvelle série sur cette évolution plutôt bien menée. Exit le gentleman impeccable et maniéré, on se retrouve avec quelqu'un de beaucoup plus dur, de moins naïf, un «Dark Doctor» comme Paul McGann le décrira lui-même dans une interview.

Les prémisses de la Guerre du Temps ?

Qui dit Docteur sombre dit aventure sombre, et sur ce point on est d'ailleurs servi. Le début de Dark Eyes est celui-ci : Le Docteur, lassé par la vie, est sur le point de tout abandonner. Les Seigneurs du Temps sont cependant là pour lui confier une nouvelle mission, et un nouvel espoir. On lui demande de faire ce qu'il sait faire de mieux : «sauver la fille». Et la fille en question est la jeune Molly O'Sullivan, une infirmière Irlandaise présente en tant que volontaire en France lors de la Première Guerre Mondiale. Une jeune femme comme les autres, si ce n'est pour le fait qu'elle possède des yeux sombres quasi surnaturels, et qu'elle semble être au centre d'une bien étrange intrigue tissée par les Daleks, et un étrange personnage surnommé «X». Bref, l'histoire n'est clairement pas sans rappeler la dernière Guerre du Temps...

Rappelons qu'en 2012, au moment de la sortie de cette saga audio, Steven Moffat n'avait pas encore imaginé le personnage du Docteur de la Guerre, incarné par John Hurt. Par conséquent, c'était bien le 8ème Docteur qui était encore considéré comme étant celui ayant vécu et combattu durant le conflit. Bien sûr Dark Eyes n'est pas une part de la Guerre du Temps en tant que telle (Big Finish n'a pas le droit d'écrire directement sur ce conflit) mais on sent bien que les relations entre les principaux protagonistes sont plus tendues que jamais et que le déclenchement officiel ne saurait trop tarder. D'où l'amorce de cette évolution dans la personnalité du Docteur, de façon à l’amener progressivement au destructeur de Gallifrey qu'il était censé devenir.

Le vrai «Docteur de la Guerre» n'est pas forcément celui qu'on croit...

Étant donné que la Guerre du Temps est au centre de l'épisode spécial des 50 ans, les thèmes abordés dans Dark Eyes sont donc d'autant plus actuels. Je pense d'ailleurs personnellement que Day of the Doctor est très clairement inspiré de cette aventure audio, ne serait-ce que pour le personnage du Docteur de la Guerre : on retrouve parfaitement la lassitude et les interrogations de ce personnage dans le 8ème Docteur de Dark Eyes, quoique la série pousse le concept moins loin.

Et c'est d'ailleurs là que se pose le problème. Bien qu'ayant fortement apprécié Day of the Doctor pour ce qu'il est (à savoir un très bon épisode d'anniversaire), je ne l'ai jamais trouvé à la hauteur de l'événement qu'est la Guerre du Temps. De même, il m'est impossible d'envisager le Docteur de John Hurt (dont le jeu est impeccable, là n'est pas le problème) comme étant un guerrier, et ce pour une raison simple : de tous les Docteurs présents dans l'épisode, il est finalement celui qui se bat le moins.

Plus problématique encore, loin de présenter et de développer les problématiques posées par la Guerre du Temps (folie supposée des Seigneurs du Temps, destruction de Gallifrey et de d'autres mondes autour, etc...), Day of the Doctor ne fait que les effacer grâce à un tour de passe-passe temporel. Or ce conflit est la pierre angulaire de la nouvelle série, celle qui donne tout son sens au caractère bien particulier des nouvelles incarnations, et qui justifie la sombre ambiance qui plane en continue sur le show. Je suppose pour ma part que Steven Moffat a sûrement voulu se «débarrasser» d'une très lourde convention créée par son prédécesseur pour pouvoir enfin s'affranchir de certaines limites posées par l’événement, mais force est de constater que cela appauvrit non seulement le show, mais débarrasse en plus le Docteur d'une part de complexité et de ténèbres qui était très intéressante. Un comble pour un épisode censé vous montrer un des pires jours de la vie d'un homme qui a plus de mille ans de vie derrière lui !

Dark Eyes, à l'inverse, s’accommode très intelligemment de ces limites et ce, sans jamais nommer la Guerre du Temps de façon officielle. C'est en quelque sorte un conflit dans le conflit, une rivalité Daleks / Seigneurs du Temps qui prend place en pleine Première Guerre Mondiale. Il n'y a pas de tentative d'enjoliver les choses, ou de faire passer le Docteur pour un personnage irréprochable. Le 8ème Docteur se fait gazer à peine le pied posé dans les tranchées, saute d'un train pour réparer des rails endommagés par un obus, manque de se faire tuer sur une table d'opération, laisse des innocents mourir derrière lui sans avoir le temps de se retourner, échappe à une horde de Daleks via un vieil avion qu'il crashe quelques temps plus tard... il se bat, dans tous les sens du terme. Pour sa survie, mais aussi pour garder espoir, et ne pas céder à ses instincts qui lui crient que le plus simple serait, sans doute, de tout abandonner. Bref le Docteur de Dark Eyes est bien plus fidèle à l'image que l'on se ferait d'un «Docteur de la Guerre» que le personnage joué par John Hurt. Ce qui ne fait d'ailleurs qu'accentuer les regrets de ne pas l'avoir vu dans ce rôle dans la série...

Les Daleks, ces terribles ennemis...

Chose également intéressante : l'exploitation des Daleks dans Dark Eyes est originale. Ennemis principaux de la saga, ils sont plus déterminés que jamais, au point de recourir à des méthodes jusque-là inédites. Alors qu'ils restent plutôt basiques depuis quelques temps dans la série (et font presque office de caméo dans Day of the Doctor, un comble quand on sait le rôle qu'ils sont censés avoir dans la chute de Gallifrey), Dark Eyes leur offre de nouvelles armes, psychologiques celles-là. On dirait que les Daleks réalisent enfin que si leurs rayons lasers ne parviennent pas à abattre leurs ennemis jurés, alors la psychologie peut prendre le relais, et leurs premiers essais sur le Docteur sont si concluants qu'il en faut franchement de peu pour que celui-ci s'en sorte.

C'est d'ailleurs grâce aux Daleks qu'on comprend à quel point la Guerre du Temps est proche : le Docteur n'est pas leur seul obstacle, cette fois c'est bien à l'ensemble des Seigneurs du Temps qu'ils comptent s'attaquer, et en plus avec leurs propres armes ! Le Mystérieux X, allié des Daleks dont l'identité n'est dévoilée qu'à la fin du premier coffret, est également brillamment exploité.

Les Daleks sont aussi une bonne occasion de plonger dans la psychologie du Docteur, notamment grâce à l'épisode 3 de la saga (si vous ne voulez pas vous faire spoiler, cessez la lecture de suite et reprenez la à la prochaine partie). En effet, ces derniers parviennent à implanter au Docteur un appareil lui permettant de vivre ce qu'il souhaite réellement voir arriver dans le futur. Alors qu'on pourrait s'attendre à un monde sans Daleks, le Docteur se retrouve dans une réalité qui prend la forme une ville fleurie et vivante peuplée d'enfants et de Daleks redevenus Kaleds. On comprend alors que son espoir absolu n'est pas de libérer l'Univers de ses ennemis, mais de faire en sorte qu'ils puissent prendre le chemin d'une impossible rédemption.

De cette constatation découle toute une réflexion sur la nature même des Daleks, une réflexion menée partiellement par la nouvelle compagne, Molly O'Sullivan : comment peut-on être réellement certain que cela n'arrivera jamais un jour ? Peut-on réellement détruire une race entière avec ce doute à l'esprit ? Des références constantes à l'épisode culte Genesis of the Daleks viennent s’ajouter à la difficulté de la question, et les parallèles avec la Première Guerre Mondiale rendent le problème terriblement concret pour les auditeurs que nous sommes. Il y a, en bref, une vraie tentative de «comprendre» l'ennemi... et une certaine tristesse à son égard.

Wibbly Wobbly Timey Wimey...Stuff

La dernière force de Dark Eyes est, enfin, sa narration. Si le premier volume de la saga – qui fait finalement figure d'introduction- a une structure très linéaire tout en portant cependant sur des sujets relatifs au voyage dans le temps, le second volume est quand a lui beaucoup plus complexe à suivre. Les événements du 1er CD se passent en effet avant le dernier, et le Dr. Liv Chenka, la nouvelle compagne à monter à bord du TARDIS, vit carrément une bonne partie de l'aventure dans le sens inverse du Docteur. De plus si le volume 1 concentrait une histoire globale sur 4CD, le volume 2, lui, concentre lui aussi un arc similaire mais créé en même temps de petites histoires presque indépendantes et en proposant plusieurs ennemis. Vous l'aurez compris, Dark Eyes c'est un peu des arcs dans des arcs. Tout un programme.

Dark Eyes est donc non seulement actuel dans son histoire, mais aussi dans sa façon de la raconter. Nous connaissons tous l'amour qu'a le show-runner actuel, Steven Moffat, pour réaliser des saisons en arcs complets - une structure qui avait été évitée depuis le semi-échec de Trial of a Timelord en 1986. Son choix est par ailleurs fortement critiqué par certains fans, et non sans raison. A l'inverse de Russel T. Davies, qui surveillait très étroitement ses scénaristes (d'autant plus que certains avaient assez peu d'expérience), Steven Moffat préfère laisser une grande liberté aux siens, et s'entoure essentiellement de scénaristes «show-runner». En conséquence de quoi, il ne corrige pas leurs textes lui-même, il leur indique juste ce qui doit être modifié.

Le problème ? Difficile de créer une configuration en arc en gardant si peu d'influence sur la production. C'est justement dans cet écueil que Dark Eyes évite de tomber : Nicholas Briggs écrit en effet la grande majorité des scénarii, les supervisent tous et, mieux encore, est le réalisateur principal de cette saga. Cela lui permet de réellement chapeauter tout ce qui se fait, et d'offrir un résultat totalement cohérent. Dark Eyes, dans un sens, donne un très bon aperçu de ce que pourrait être une bonne saison en arc : quelque chose de très carré, pour ne pas dire millimétré, où chaque élément a été prudemment déterminé à l'avance et non pas rajouté à l'histoire à la dernière minute.

Big Finish aurait-il surpassé la série télévisée ?

Il est vrai que poser la question de cette façon est peut-être un peu stérile, car après tout comment pourrait-on comparer deux formats différents ? L'audio à un avantage définitif sur la vidéo, puisqu'il n'a pas besoin de montrer une action, juste de la suggérer. Pas besoin, donc, de dépenser de l'argent en effets-visuels coûteux, en décors ou en costume, tout ce dont vous avez besoin est de bons bruitages et d'acteurs motivés.

Cependant, une œuvre comme Dark Eyes, qui pour le coup aborde des thématiques communes avec celle de la série et en plus au même moment, peut franchement lancer le débat. En ne comprenant en compte que l'écriture par exemple, elle arrive à évoquer (et ce indirectement) la Guerre du Temps et les actes du Docteur durant cette période trouble de son histoire de façon plus efficace que la série en elle-même. Pire encore, elle arrive à donner un plus grand intérêt au 8ème Docteur que la série n'en donne au «Docteur de la Guerre», pourtant désormais officiellement titulaire de «l'honneur» (ou malheur?) d'avoir participé à ce terrible conflit.

Pour le coup, je pense réellement que la série a des leçons à prendre de Big Finish. Avec Dark Eyes, Briggs et son équipe de scénaristes ont fait ce que Steven Moffat tente désespérément d'éviter : ils se sont imposés des limites claires, et jouent avec pour composer leur Univers. Ils ont, de fait, tracés des lignes à ne pas dépasser, ce qui leur assure un Univers cohérent, aux règles strictes. Et ce sont finalement ces balises, ces limitations, qui les forcent à prendre en compte ce qui a déjà été fait ailleurs, qui rend leur travail si intéressant. Dark Eyes répond au final à un vrai besoin des fans, une vraie demande du public – et ce n'est pas pour rien qu'il a remporté son BBC Award là où la série ne fait que survoler les vieilles questions sans vouloir y répondre.

Largement plébiscité, Dark Eyes reviendra pour 4 épisodes en Novembre 2014, puis encore 4 épisodes en Février 2015. Comment aura évolué la question de la Guerre du Temps d'ici là ? Nul ne le sait, mais en tous cas nul doute qu'à défaut d'avoir plus d'indication dans la série, cette merveilleuse saga devrait au moins nous faire visualiser ce qu'elle aurait pu – que dis-je, aurait dû être! Elle illustre tout l'intérêt que peu avoir le format audio pour les amateurs de Doctor Who et donnera peut-être naissance, j'espère, à d'autres grands arcs similaires mettant en scène d'autres Docteurs...

***

Dark Eyes 1 & 2 mettent en scène Paul McGann dans le rôle du Docteur, Ruth Bradley en tant que Molly O'Sullivan, Nicola Walker en tant que Liv Chenka et Alex Macqueen dans le rôle du Maître. Le premier volume est disponible au format CD au prix de 47.46€ et au format téléchargement au prix de 35€. Le second volume aura le même prix d'ici quelques temps mais est encore disponible pour le moment à 23,73€ au format CD, 20€ au format téléchargement.

s’enfuir, emmenant avec lui, Lynda, une participante du loft. Jack, ayant réussi à fuir la partie chirurgicale de l’émission de relooking. Ils se rendent compte qu’ils sont sur le satellite 5, lieu connu du Docteur et de Rose (épisode 7, « Un jeu interminable »).

Mais cette fois-ci, ils s’y retrouvent cent ans après avoir vaincu le Jagrafess, et il est mystérieusement dirigé par la « Bad Wolf Corporation ».

Pendant qu’ils cherchent Rose, Lynda explique alors que cent ans auparavant, le satellite 5 avait arrêté d’émettre et avait créé une confusion auprès de l’humanité qui ne s’en était jamais totalement remise.

Ils débarquent sur le plateau du « maillon faible » au moment où Rose est éliminée en finale et est désintégrée par la présentatrice. Les trois complices sont arrêtés mais finissent par s’échapper pour se rendre au fameux 500ème étage. Ils y rencontrent le Contrôleur, une humaine connectée à l’ordinateur central du satellite et qui contrôle l’ensemble des programmes.

Pendant une éruption solaire rendant toute communication impossible, le Contrôleur parle directement au Docteur. Elle lui explique qu’elle a utilisé un Transmat pour le téléporter lui et ses compagnons dans les jeux, pour éviter que ses maîtres ne se rendent compte de sa présence. La seule indication qu’elle donne sur ses maitres est qu’ils sont terrifiés par le Docteur, mais que leur nom est interdit. Elle ne peut en dire plus avant que l’éruption solaire ne se termine. Jack se rend compte que les perdants des jeux ne sont pas désintégrés mais téléportés par Transmat : Rose est encore en vie. Dans un acte de bravoure désespéré, le Contrôleur finit par révéler les coordonnées de la réception du Transmat, et dans la douleur, est elle-même téléportée. Elle se réveille dans un vaisseau mais est « exterminée » par ses maîtres, qui ne sont autres que des Daleks. Le Docteur, Jack et les membres de l’équipe du Contrôleur découvrent un signal provenant de l’autre côté de la planète. Ils le coupent et une flotte de vaisseaux Daleks apparaît.

Rose, quant à elle, se réveille sur le sol d’un vaisseau et se retrouve nez-à-nez avec un Dalek. Voyant qu’ils sont découverts par le Docteur, ils ouvrent une communication avec le Satellite 5 pour s’adresser directement à leur grand ennemi. Ils menacent de tuer Rose s’il ne les laisse pas envahir la Terre. Face à cette menace, le Docteur refuse catégoriquement, menace les Daleks et promet à Rose de la sauver. Les grands ennemis du Docteur sont alors en marche pour la guerre, avec pour objectif d’envahir la Terre et le satellite 5.

Les Daleks interrogent Rose sur le plan supposé du Docteur qui finit par utiliser le TARDIS pour la récupérer directement dans le vaisseau. Le Docteur, Rose et Jack voient avec stupeur que l’Empereur des Daleks est aux commandes de l’invasion et qu’il se décrit comme un dieu. Ce dernier a survécu à la Grande Guerre du Temps et a trouvé refuge sur Terre pour recréer les Daleks à partir d’humains téléportés depuis le Satellite 5. Le Docteur est surpris par les traits de caractère que montrent les Daleks qui sont plus déterminés que jamais. Finalement, les trois voyageurs utilisent le TARDIS pour revenir au Satellite pour préparer au mieux leur défense et empêcher l’invasion.

Jack prépare alors le Satellite à devenir une place fortifiée pendant que le Docteur tente de créer une onde delta à partir des équipements du Satellite. Cette onde mortelle détruira tout sur son passage mais a besoin d’une somme colossale d’énergie, difficilement envisageable en si peu de temps. Le Seigneur du Temps finit par emmener Rose dans le TARDIS pour l’aider à mettre son plan au point, mais avec son tournevis sonique, il décide de renvoyer Rose et le vaisseau à la cité Powell. Pendant son voyage, le Docteur apparaît alors à Rose sous forme holographique pour lui dire qu’il la renvoie chez elle pour sa sécurité et pour éviter que les Daleks ne mettent la main sur le TARDIS. Sachant qu’il ne la reverra pas, il lui demande une faveur : de vivre une vie fantastique.

Une fois le TARDIS parti, le Docteur continue alors à travailler sur l’appareillage nécessaire à l’onde delta. Les Daleks attaquent la station spatiale, balayant toutes les défenses une-à-une. Le plan du Docteur est démasqué par l’Empereur qui lui fait remarquer que l’onde delta détruira non seulement son peuple mais aussi l’ensemble des humains. Le Docteur lui répond alors que les humains survivront, contrairement à eux.

Pendant ce temps, le TARDIS arrive à Londres où Rose est accueillie par sa mère et Mickey. Le cœur brisée, elle cherche un moyen de rejoindre le Docteur malgré l’insistance de ses proches à rester. Rose finit par se rendre compte que le terme « Bad Wolf » apparaît en graffiti un peu partout dans la cité. Elle comprend alors qu’il s’agit d’un message à son intention et non d’un avertissement comme elle le supposait. Elle finit par repenser à ce qui s’était passé à Cardiff avec Margaret : la Slitheen avait regardé dans le cœur du TARDIS (épisode 11, « l’explosion de Cardiff »). Par ce procédé, Rose serait alors capable de piloter le vaisseau et donc de retrouver le Docteur. Mickey tente de lui venir en aide pour ouvrir la console pendant que sa mère tente de l’en dissuader. Jackie, n’arrivant pas à la faire changer d’avis, déclare que son père n’aurait jamais approuvé. C’est alors que Rose lui avoue l’avoir rencontré avant sa mort et que justement il n’aurait pas abandonné (épisode 8, « Fêtes des pères »). Se rendant compte que sa fille ne céderait pas et qu’elle pouvait l’aider, Jackie emprunte un camion de dépannage à un ami pour ouvrir la console. L’opération réussit et le cœur du TARDIS se révèle à Rose. Les portes se referment instantanément et le vaisseau disparaît sous les yeux de Mickey et Jackie.

Sur le satellite, les Daleks arrivent au 500ème étage, tuant Jack et Lynda. Ils entrent dans la salle de contrôle où le Docteur a la main posée sur le détonateur de l’onde delta. L’Empereur tente de raisonner le Seigneur du Temps, lui demandant si c’est un tueur ou un lâche. Il hésite longuement, tremblant, et déclare finalement être un lâche quand soudain le TARDIS apparaît. Les portes s’ouvrent dans un flot de lumière et Rose sort. Elle se révèle comme « le Grand Méchant Loup » (« Bad Wolf ») et qu’elle s’était laissé ce message à travers le temps et l’espace pour revenir. Les Daleks tentent de la tuer mais elle les arrête, désintégrant chaque atome de tous les Daleks et leurs vaisseaux. Le Docteur, sous le choc, la supplie d’arrêter et de contrôler son pouvoir, mais elle ressuscite Jack. Se sentant de plus en plus mal, le Docteur l’embrasse pour enlever le pouvoir du Vortex qui est en elle (avec une phrase devenue célèbre « je crois que tu as besoin d’un docteur »). Rose finit par tomber inconsciente, le Seigneur du Temps la ramène en sécurité dans le TARDIS. Il fait décoller le vaisseau avant que Jack ne puisse monter à bord, le laissant coincé dans le satellite 5.

Rose se réveille dans le TARDIS avec un Docteur qui montre des signes de douleur. Il lui explique que personne n’est censé absorber le Vortex et que chaque cellule de son organisme est en train de changer. Face à la panique de Rose, il lui explique l’astuce des Seigneurs du Temps pour « tromper la mort » et après un fantastique au-revoir, il se régénère dans un flot d’énergie. Après quelques secondes, il se révèle être un grand mince, aux cheveux bruns et aux yeux marrons. Le 10ème Docteur est arrivé …

Ce que j’en pense …

Le 9ème Docteur a été le premier Docteur que j’ai découvert, et quand j’ai commencé les deux derniers épisodes de la saison 1, je savais bien que son accent, ses oreilles et sa veste en cuir allaient me manquer. Mais comment allait-t-il quitter la scène ?

On commence les épisodes avec le Docteur coincé dans « Big Brother », Rose dans « Le maillon faible » et Jack dans une émission de relooking. Pour rappel, ces épisodes datent de 2005 : la téléréalité s’installe dans nos écrans depuis le début des années 2000, ce sont donc des références populaires caractéristiques d’une époque. L’humour parodique est poussé au point que certains présentateurs ont prêté leur voix à leurs doubles robotisés ! Le style est percutant et peut même cacher une forme de critique de ces émissions (le Docteur reste complètement dubitatif face à l’attitude des candidats prêts à tout pour gagner mais fait comprendre qu’il en a déjà regardé !) et même de façon générale sur les médias de masse (le Satellite 5 et son nombre vertigineux de chaînes, le contrôle de l’information qui est une forme de dictature). L’ayant vu en 2013, je me suis posée la question du « vieillissement » de ces épisodes : ne les trouverons-nous pas ridicules après une décennie, quand les émissions n’existeront plus et que les robots ne feront plus rappeler les manies des présentateurs de l’époque ? Le temps nous le dira …

Je trouvais que Christopher Eccleston était un bon acteur (particulièrement dans l’épisode 6 « Dalek ») mais il m’a bluffé sur les deux derniers épisodes. Effectivement, il n’a pas la folie de Matt Smith ou le charisme de David Tennant, mais Eccleston m’a bluffé pour la fameuse scène où il renvoie Rose sur Terre : la musique s’arrête, gros plan sur le visage du Docteur qui regarde le TARDIS une dernière fois et pointe son tournevis sonique. Là encore, pas besoin de gros effets ou de réplique particulière, la scène parle d’elle-même. On sent le renoncement et la peine du Docteur à travers ses yeux bleus et les traits de son visage. C’est une scène qui me donne encore des frissons, qu’importe le nombre de fois où je la regarde !

Russel T. Davies annonçait vouloir faire revenir les Dalek depuis le début de la relance de la série. Ils n’apparaissent clairement qu’à la fin de l’épisode 12, mais pendant tout l’épisode, un doute plane sur ces ennemis cachés derrière un oracle (le Contrôleur, qui fait penser au film « Minority Report »). Mon premier contact avec le grand ennemi du Docteur était l’épisode 6 de cette même saison, où l’on voit un Dalek seul et abandonné, montrant une forme de compassion que le Docteur ne montre même pas. Finalement, j’avais limite pitié de cette poivrière cachant une pieuvre un peu décrépie. Et dans ces derniers épisodes, on voit enfin la vraie nature des Daleks sans savoir que ce sont eux : manipulateurs, impitoyables, avec cette soif de destruction comme le Docteur nous l’avait décrit (mais qu’on ne croyait pas forcément). En plus, ils expriment des émotions humaines qui les rendent encore plus dangereux (l’Empereur s’adresse directement au Docteur pour jouer avec ses émotions). Là encore, c’est simple et efficace : les gentils contre les méchants. Et la sauce prend bien !

Ces épisodes sont absolument une bonne conclusion des arcs ouverts pendant la saison. Il y a, par exemple, les nombreuses mentions de Torchwood qui permettront d’ouvrir le spin-off du même nom en 2006 (même si les mentions seront plus nombreuses dans la saison 2). L’arc le plus important est l’explication de « Bad Wolf » qui, à première lecture, semblait plutôt négatif au fil de la saison. Ce joli « paradoxe de l’écrivain » donne la preuve à Rose qu’elle peut réussir à rejoindre le Docteur et renforce encore plus la vision non linéaire du Temps et de l’Espace dans l’univers Doctor Who (pour tout novice comme moi, à l’époque). « Bad Wolf » ou « Le Grand Méchant Loup » restera indubitablement lié à Rose Tyler (je vous invite à lire l’article « Bad Wolf » pour plus de détails). Ce qui se passe dans les épisodes légitime l’importance de la jeune fille dans Doctor Who : elle s’est imprégnée de l’âme du TARDIS et a possédé, pendant un laps de temps limité, ce que le Seigneur du Temps voit en permanence. Les rôles inversés donnent cette surprise : le Docteur est désemparé et finalement s’avoue vaincu mais le Grand Méchant Loup finit, avec son pouvoir, par le sauver lui et le monde. Et ces parties-là sont bien exprimées par les effets utilisés: le Docteur, au sol, dans une ambiance sombre et Rose, debout, dans un flot de lumière. Elle n’est plus seulement la petite jeunette que le Docteur entiché trimballe aux quatre coins de l’univers, non ! Elle a absorbé le vortex pour sauver « son » Docteur, au mépris de sa propre vie.

Par contre, la façon d’ouvrir le cœur du TARDIS est discutable. Le vaisseau n’aurait-il pas pu « choisir » de s’ouvrir à Rose pour reconnaître sa valeur ? Cette scène a cependant permis de montrer l’amour de Mickey et Jackie envers Rose, qui, malgré leur désaccord sur son choix, ont toujours soutenu la jeune fille. Malgré son égoïsme envers ses proches (il faut l’avouer), elle sait qu’elle va sacrifier sa vie pour sauver le Docteur, ce qui montre encore plus son amour pour celui-ci.

La scène du baiser du Docteur est un moment surprenant même si les sentiments entre les deux personnages sont assez clairs pendant la saison. Dans l’épisode final, ce passage permet au Docteur de reprendre sa place de héros en sauvant Rose, puisque c’est le Grand Méchant Loup qui a défait les Daleks. Bien sûr, d’un point de vue scénaristique on peut remettre en doute la nécessité de ce baiser pour sauver Rose … Mais bon ! C’est un beau moment pour tous les romantiques (dont je peux faire partie !). Cela ne gâche rien à l’histoire et c’est un peu la récompense de ce brave 9ème Docteur.

La régénération est bien sûr le final attendu. Sans sentimentalisme extrême, le Docteur tente d’expliquer le procédé en essayant le plus possible de rassurer Rose et surtout lui-même, sans aucun doute. Non sans humour, il lutte pour être sûre qu’elle sourit encore une dernière fois pour lui. Le fou à l’accent du nord s’en va, sous les yeux de Rose, embués de larmes, et son sourire. Et c’est vrai, tout au long de la saison, il a été « Fantastic » !

Le seul point vraiment négatif que je note est la musique. Je suis personnellement très attachée aux bandes originales et c’est vrai que les morceaux utilisés donnent un côté un peu série B et bon marché qui me plaît moins (ce n’est pas pour rien que la première Bande Originale comprendra la saison 1 et 2). Je pense que Murray Gold a dû faire avec ce qu’il avait à l’époque : un budget serré pour une nouvelle série ! En tout cas, il fera un travail remarquable dans les saisons suivantes.

Le scénario des deux épisodes n’est pas d’une densité extrême comme on peut le voir dans certaines fins de saisons ou régénérations. Tout au long des deux épisodes, diverses références à des aventures antérieures de la saison donnent vraiment l’impression d’une belle conclusion et d’un certain point de vue, d’un destin. L’essentiel est là : du rythme, de l’humour, de la surprise et de l’émotion. Il n’y a pas d’effets spéciaux hallucinants ou des scènes grandiloquentes mais ces épisodes se laissent voir et revoir avec un grand plaisir.

DARK EYES

un vrai récit de guerre

31