Tropics Magazine #59 Tropics Magazine #59 | Page 71

SOCIETE INGRID LABALLE & TEDDY ISIMAT-MIRIN Deux professionnels aux services de la mode Guadeloupéenne Ingrid Laballe et Teddy Isimat-Mirin ont une passion commune pour le milieu artistique, une réussite qui fait des émules en Guadeloupe depuis de nombreuses années. De plus en plus prégnant dans le champs de l’innovation, tous deux s’ingénient à développer des initiatives pertinentes tant dans le cinéma que dans la musique et dans la mode. La mode Guadeloupéenne mais aussi Caribéenne, riche de ses traditions, mais surtout, tourner dans la continuité d’une mode plus contemporaine. Ils insufflent là une vraie mutation culturelle, consolider par des échanges, des rencontres de professionnels tant régionales qu’internationales. Ingrid Laballe présentez aux lecteurs de “Tropics Magazine”? Nous d irigeons une agence conseil spécialisée en management et conseil en industries créatives.
Notre spécialisation est donc le conseil et l’assistance autour des secteurs artistiques traditionnels comme la musique, la mode, le cinéma ou d’autres champs émergents comme le tourisme culturel, les médias ou les arts de la table.
Nous sommes implantés en Guadeloupe mais nous intervenons sur la totalité des marchés de la Caraïbe.
Cette activité s’appuie sur près de 15 ans d’expérience et des réseaux de premier rang, à la fois régionaux, nationaux et internationaux. Mais notre leitmotiv est le développement de produits et services créatifs compétitifs à partir de la Caraïbe. D’où vous vient ce goût immodéré pour la mode? Il s’agit en fait d’une passion commune à partir de laquelle nous avons développé une véritable expertise économique au fil des initiatives.
Il est reconnu que la mode est un formidable reflet de la société. De ce point de vue, la Caraïbe est passionnante et encore riche d’histoires à conter. Depuis 1995, nous avons mené de nombreuses actions autour de tous les acteurs de la mode dans la Caraïbe: les marques, les salons, les agences de mannequins, les médias, etc.
Au final, notre agence a réussi à bâtir une fine expertise des marchés de la Caraïbe
Cette expérience est reconnue puisque Teddy a été le premier professionnel de la Caraïbe à intégrer le cursus du MBA en Global Fashion Management dispensé par l’Institut français de la Mode (IFM) à Paris. Nous avons dès lors engagé une véritable stratégie, à la fois régionale et internationale, mobilisant l’ensemble des pays de la zone.
Mais nous développons le même degré d’expertise sur tous nos domaines d’intervention. Parlez nous plus amplement de cet espace de commercialisation qu’est le KOD? KOD est le 1er concept-store dédié à l’univers de la mode de la Caraïbe, à travers une fine sélection en habillements et accessoires et autres articles de design.
Nous l’avons donc conçu comme un écrin au cœur de la ville de Pointe-àPitre.
C’est un projet que nous avons expérimenté durant près de 4 ans jusqu’en 2012. Il illustre notre réflexion sur les besoins en matière de distribution pour l’offre de la Caraïbe qui peine à trouver son propre modèle de distribution. Les premiers résultats ont été particulièrement encourageants puisque nous avons réussi à fédérer un nouveau profil de clientèle et tester un grand nombre de marques régionales.
L’espace KOD organisait régulièrement des évènements et rencontres entre créateurs caribéens et clientèles. Aujourd’hui, notre clientèle nous réclame régulièrement la réouverture de cet espace.
L’aventure devrait donc être relancée prochainement autour d’une offre revisitée et d’une équipe nouvelle. Les KFD mettent en relief le meilleur de la mode de la Caraïbe, parlez nous plus amplement de cette belle aventure? Le forum Kréyol Fashion Days (KFD) est un projet conçu par notre agence, et piloté par la Région Guadeloupe , chef de file, dans le cadre du dispositif européen de coopération INTERREG IV.
Il s’agit d’un forum professionnel consacré au secteur de la mode et du design en Caraïbe autour d’un riche programme de conférences, ateliers, entretiens individuels et expositions diverses. L’aventure KFD est née du constat que notre offre était particulièrement créative mais que nos sociétés et marques manquaient encore de structuration.
En complément des principales fashion weeks dans la région, les KFD permettent de travailler à la dimension économique et technique de notre offre dans l’environnement mondial. Programmée de manière biennale, l’édition inaugurale s’est tenue en 2012 sous le parrainage exceptionnel du créateur Français Jean-Paul Gaultier, et nous avons eu l’honneur d’accueillir le Brésil comme invité spécial de la seconde édition des KFD en Juin 2015.
A l’issue de ces deux premières éditions, le forum KFD est déjà positionné dans certains circuits professionnels internationaux et nous envisageons de belles évolutions en lien avec nos divers partenaires. Les créateurs des Antilles souffrent du manque d’exposition et du désir des antillais d’acheter chez eux, préférant faire des emplettes en France, Miami ou autre, qu’en pensez-vous? C’est une situation qui affecte effectivement de nombreux créateurs antillais.
C’est l’illustration d’une compétitivité parfois insuffisante et de la nécessité de consolider les univers de marque, la notoriété et la qualité de l’offre globale proposée par ces créateurs.
Il ne faut pas oublier que la concurrence est désormais mondiale et nous avons obligation d’être compétitifs sur des segments choisis. La disparition progressive des boutiques multi-marques face aux enseignes internationales a aussi beaucoup pénalisé la visibilité commerciale des créateurs indépendants.
Au delà du produit, nos marques doivent aussi être plus performantes dans une interaction accrue avec les consommateurs, en proposant plus de sens autour de l’offre. C’est aujourd’hui le seul moyen de séduire et fidéliser les consommateurs actuels. Des solutions existent en matière de formation et d’accompagnement des entreprises
A ce sujet, nous travaillons autour de nouvelles générations de créateurs dans le cadre d’un programme d’accompagnement d’entreprises créatives de Guadeloupe dénommé EMERGENCE, co-financé par l’Etat, la Région Guadeloupe et l’Europe.
Un créateur comme Jean Marc BENOIT illustre la nouvelle génération de créateurs qui intègre ces enjeux. encore calques sur le modèle du couturier autour d’éléments de tradition. En face, beaucoup de jeunes créatifs arrivent aujourd’hui avec une culture plus contemporaine et une volonté de revisiter et réinterpréter cette tradition. La reconnaissance des professionnels est croissante
En dépit d’un rythme parfois lent, il convient de reconnaître que les march és se structurent
Toutefois, si on considère des dispositifs d’accompagnement comme Emergence, des offres de formation comme Nomad Caraïbes, il est permis d’augurer de bons développements Quels sont les créateurs de mode qui vous font rêver? Nous avons une sensibilité particulière pour les créatifs à dimension humaine.
Au niveau international, des créateurs comme Karl Lagerfield, Jean-Paul Gaultier ou Dries Van Noten nous
Dans la Caraïbe, Robert Young de la marque The Cloth (Trinidad & Tobago) ou Jean Marc Benoit (Guadeloupe).
Nous avons un oeil attentif sur l’explosion de la création sur le continent Africain, et en Amérique Latine. Un mot à l’endroit des lecteurs de « Tropics Magazine »? Préparez-vous à découvrir et à suivre une nouvelle offre de marques caribéennes émergentes qui ne manqueront pas de vous surprendre. Entretien de TROPICS MAGAZINE par Karine Linord. Comment se porte la Mode en Guadeloupe et quel avenir pour une mode plus productive et connue hors de notre frontières? Nous estimons que le mode en Guadeloupe et aux Antilles est dans une étape intermédiaire entre 2 générations. Les anciens créateurs sont page 80 | Issue #59