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CINÉMA
ENTRETIEN _Céline BOUCHARD
PHOTOS _ Julien VALLON
Alice POL
reine de la comédie
Après le succès populaire des films
RAID dingue et Supercondriaque,
Alice Pol, jeune actrice
originaire de Marseille, devient
la nouvelle reine des comédies
françaises. Elle est aujourd’hui
à l’affiche du dernier film de Jalil Lespert
Le Dindon (sortie le 25 septembre),
dans lequel elle est encore une fois
la partenaire à l’écran de Dany Boon
mais donne également la réplique
au talentueux Guillaume Gallienne.
Rencontre avec une personne
exquise qui s’exprime à merveille
dans bien des registres...
ToutMa : Qu’avez-vous à dire à propos de ce film qui
n’est pas sans rappeler les comédies cocasses fièrement
portées par Louis de Funès dans les années 1960 ?
Alice Pol : D’abord, merci pour ce compliment. Je suis
assez d’accord avec vous, c’est un peu le même genre de
film, un genre que j’adore également. Ces films ont d’ail-
leurs traversé plusieurs époques. Le Dindon a ce truc en
plus qu’il est l’adaptation d’une pièce de Feydeau, ce
qui n’est pas rien. C’était un sacré challenge de l’adapter
au cinéma et un vrai défi pour Jalil Lespert, car il avait
un peu l’ambition de redonner à la comédie populaire ses
lettres de noblesse. Ces films sont souvent fédérateurs car
très humains. Tous les personnages sont bourrés de défauts,
c’est ce qui les rend attachants (rires) !
TM : Vous-même personnifiez parfaitement l’épouse bour-
geoise des années 1960, costume compris, que vous portez
d’ailleurs avec aisance ! Qu’aimez-vous dans cette époque,
dans son style ?
AP : Au début, franchement, quand j’ai vu les coupes, j’ai
eu vraiment peur que ça ne me corresponde pas. On a
toutes nos complexes, y compris les actrices, vous savez,
car justement on met souvent le doigt dessus dans ce mé-
tier, même sur des choses qu’on n’avait pas forcément vues
(rires) ! Nous avions cependant la chance d’avoir une très
grande costumière sur ce tournage et sincèrement, dès
qu’on a commencé les essayages, j’ai trouvé qu’il y avait
une grâce, une féminité très assumée à cette époque... On
ne cachait pas les formes, tout était sculpté. Ce que j’ai
TM : Vous qui avez souvent tourné avec Dany Boon, diriez-
vous qu’il incarne le Louis de Funès du xxi e siècle ?
TM : C’est une comédie de mœurs. La trouvez-vous plutôt
actuelle ou totalement surannée ?
AP : Ce qui est rigolo justement, c’est que ça se passe dans
l’époque donnée du scénario. Mais oui, dans l’absolu, le jeu
entre hommes, femmes avec le romantisme ou les coups
bas entre rivaux, c’est quelque chose d’intemporel ! Ce que
j’aime beaucoup dans ce rôle, c’est que cette femme, sous
couvert de minauderies, tient tout son monde, et toujours
dans l’amusement. C’est un personnage qui ne subit pas !
TM : Vous formez un superbe duo d’acteurs avec Guil-
laume Gallienne, avec pas mal de scènes ensemble. Quid
de cette belle connivence ?
AP : Alors oui, un peu, mais je dirais plutôt Bourvil... Il
a le même côté « clown blanc », cette même bonhomie.
Ce sont quand même des acteurs, sur scène ou à l’image,
qui nous mettent tout de suite de leur côté. Ils ont plein de
ratés, on se les approprie avec facilité. En tout cas, ils ont
la même générosité de jeu. Et Jalil a eu beaucoup de plaisir
à nous diriger dans cette optique.
Automne 2019 _TM n°56
aimé le plus, ce sont les coiffures... J’ai beaucoup apprécié
d’avoir les cheveux tout en arrière, ce qui m’arrive rare-
ment dans la vie... J’ai trouvé que ça donnait un port de
tête élégant. Et puis c’est toujours très sympa d’endosser
des costumes qui cadrent tout de suite le personnage, avant
même d’être sur le plateau.
AP : C’est Danièle Thompson qui nous a présentés sur
le tournage du film Cézanne et moi. Bien que nous soyons
ennemis jurés dans ce film, ça a marché entre nous, d’abord
en tant qu’acteurs puis humainement. Il est vrai qu’on joue
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