talents
PHOTO
TEXTES _Julie MANDRUZATO & Céline BOUCHARD
Laurie-Lou
DESREMAUX
de muse en muse
Laurie-Lou est une tueuse. Une photographe qui shoote les joues ro-
sées des filles charmantes et capture les âmes des femmes décadentes.
Telle une éclipse, elle est passée un jour du devant de la scène aux
« dessous » de l’objectif.
« Je fais de ma vie une poésie abrupte »
C
et ancien modèle s’est épris d’amour pour la photogra-
phie lors d’une aventure humanitaire en Asie. « C’était
il y a près de quatre ans. Armée d’un petit « canonet » et
de pellicules périmées, j’entamais sans le savoir une car-
rière de photographe. Je dérobais, en premier lieu, les por-
traits des belles âmes que je croisais, la simplicité des scènes
d’une culture et de vies que je ne connaissais pas », nous
dit-elle. Un choc des cultures ? Pas tant que ça, elle en a vu
d’autres. Originaire des Caraïbes, elle a grandi dans le Sud
de la France. « Je partage mes souvenirs de tête blonde entre
un peton sur le sable chaud de Guadeloupe et l’autre tâton-
nant les roches des calanques de Cassis. Arrivée avec l’accent
créole (véridique !), je l’ai rapidement abandonné au profit
du phrasé chantant de la Provence », se rappelle Laurie-Lou.
Des influences qui se révèlent souvent au gré de photos où
ses muses provençales arborent un exotisme haussmannien.
« Je ne suis pas femme à faire des compromis,
il m’a fallu du temps pour imposer mon style »
L
aurie-Lou débute sa profession à l’argentique : « J’aimais
maîtriser mon art, de la prise de vue jusqu’au rendu fi-
nal. L’argentique intègre une dimension matérielle et sensi-
tive que le numérique ne permet pas. Il y a ce côté brut, le
risque de l’échec qui plane sur les pellicules jusqu’à la der-
nière seconde. C’est très excitant. » Le numérique n’a pour-
tant rien enlevé à l’attraction chimique de ses clichés. S’il y
a une hormone dans l’art, la photographe a su la sécréter.
« L’essence de mon travail réside dans la brutalité de mes
propres évidences, qu’elles puissent être honorables ou infa-
Laurie-Lou
Desremaux
mantes. Cette faille extirpée de mes
mannequins, leur intimité, devient une
sorte d’offrande sincère et insolente.
Une beauté que j’essaie d’exacerber,
une recherche d’esthétisme comme
pour ériger un écran de splendeur dans
une tentative désespérée de pudeur où
je dissimule mon propre exhibition-
nisme », raconte la photographe.
« Toujours en couleur. Je me refuse à faire de la vie
un monde de tons monochromes »
E
lle est forte de caractère, trempée d’une beauté écla-
tante. De mannequin à photographe, pour la suite elle
s’imagine vidéaste : « Récemment, je me suis essayée à la
vidéo. Je m’exerce depuis quelques mois et mon travail com-
mence à payer. Je pars prochainement en Corse et à Monaco
pour réaliser un film destiné à la Fondation François-Xa-
vier Mora, consacré à une levée de fonds pour la recherche
contre le cancer. » Et même si c’est une carrièr e menée à
la vitesse grand V, la jeune femme ne s’oublie pas en cours
de route. « Je viens de réaliser la campagne nationale pour
Elizabeth Stuart, une marque de chaussures française. Je
suis heureuse d’avoir eu la possibilité de shooter au CNM à
Marseille, je tenais vraiment à insuffler un vent sudiste à la
direction artistique », précise-t-elle, comme par un besoin
de retour aux sources. JM
_laurie-lou.com
Romain BOURILLON
R
les débuts prometteurs
d’un jeune photographe de mode
omain Bourillon a 17 ans. Il est élève en communication visuelle au lycée Celony
d’Aix-en-Provence… Pourtant ce jeune garçon originaire d’Avignon n’est pas un
lycéen comme les autres. Fasciné depuis toujours par la photographie puis par la mode, il
a déjà eu l’opportunité de réaliser deux éditoriaux (« Brouillard de lumière » en 2017 et
« Submersion » en 2018) pour le non moins jeune styliste Julien Rimbert (voir la rubrique
Talents sur www.toutma.fr). Ces séries ont été publiées dans Vogue Italie et ont fait quelques
ricochets dans des magazines new-yorkais et londonien. Pas si mal pour un premier jet…
Éduqué par une mère artiste-peintre, Romain a déjà des influences artistiques.
S
on univers nous entraîne dans des images fortement inspirées par le travail de Mert &
Marcus. La femme y est souvent puissante et décomplexée. Il la définit lui-même dans
une sophistication extrême, à la limite du superficiel, pour qu’elle garde un impact fort
dans l’imaginaire du spectateur de ses photographies. Même si Romain semble maîtriser la
technique, il aimerait intégrer l’école de l’image des Gobelins à la rentrée prochaine pour
renforcer ses bases et conforter son talent. Aujourd’hui, il est en pleine réalisation d’un
nouvel édito sur le thème de la séduction, une série inspirée par la beauté incendiaire des
Italiennes. Bref, du Ritts en herbe… CB
_romainbourillon.com
Romain Bourillon
Été 2018 _TM n°50
19
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