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CINÉMA
CARNIVORES
de Jérémie et Yannick Renier
En salles depuis le 28 mars.
Leïla Bekhti et Zita Hanrot dans le film Carnivores
ToutMa : Entre l’aventure Fatima et celle du film Carnivores
qui vient de sortir en salles, que s’est-il passé dans ta vie de
jeune comédienne césarisée ?
Zita Hanrot : Le César a été évidemment déterminant
dans les rencontres qui ont suivi. Yannick et Jérémie
Renier m’ont tout de suite contactée pour Carnivores. Le
tournage a débuté dès le mois de mai 2016, même si le film
ne sort qu’aujourd’hui. Ensuite il y a eu K.O. de Fabrice
Gobert, un thriller dans lequel j’ai un petit rôle aux côtés
de Laurent Lafitte… acteur avec lequel je joue à nou-
veau dans Paul Sanchez est revenu ! (sortie le 23 mai 2018).
Et puis là, je viens de prêter ma voix et mon physique à
un personnage virtuel pour un film d’animation* créé par
Zabou Breitman, avec Swann Arlaud d’ailleurs, Cé-
sar du meilleur espoir masculin la même année que moi !
C’est très marrant comme truc à faire (rires). Et enfin,
je viens de finir le tournage de L’Ordre des médecins sous la
direction de David Roux et mon partenaire dans ce film
n’est autre que… Jérémie Renier !
TM : Carnivores est un thriller très noir, violent par mo-
ments, psychologiquement troublant… Comment assi-
mile-t-on un rôle pareil, mi-ange, mi-démon ?
ZH : Jérémie, Yannick et Leïla m’ont beaucoup appris sur
le travail d’acteur mais également humainement. Il y avait
énormément de bienveillance dans leur attitude, leur re-
gard, une véritable affection. Pour nos personnages, Leïla
et moi avions de vrais rôles de composition. Une direction
d’acteurs était plus que nécessaire et nous avons donc tra-
vaillé en quatuor. Et pour moi, ce sont des gens équilibrés
et hyper doués. Cette ambiance m’a obligée à me surpasser
mais toujours dans une ambiance saine et sereine.
Avril / Mai 2018 _TM n°49
TM : Sans vouloir spoiler le film, Leïla Bekhti et toi déve-
loppez une ressemblance physique déroutante tout au long
de l’histoire. Presque des jumelles selon les plans. C’est
voulu dans le scénario ?
ZH : Oui, c’est ce qu’ont voulu raconter les réalisateurs.
Et pourquoi, avec autant de similitudes, l’une réussit
et l’autre pas, alors qu’elles ont la même photogénie, la
même volonté d’exister en tant qu’actrices ? En somme,
c’est aussi dire la réalité de ce métier, souvent injuste…
Moi je vois cette histoire comme une espèce de fable. Pas
seulement sur cette profession mais aussi sur la famille,
avec ses secrets, ses non-dits, ses fragilités qui parfois sont
exacerbés par une situation inédite et qui la fait basculer
dans la tragédie.
TM : Autre singularité de ce film, il est coproduit par les
frères Dardenne, autre tandem fraternel du cinéma, réa-
lisé par les deux frères Renier et les personnages centraux
sont deux sœurs… Anecdotique ?
ZH : Oui, (rires) c’est curieux, les gens le remarquent.
Évidemment qu’il y a toujours une part de soi quand on
réalise un film ; les frères Renier ne sont pas jumeaux, ils
n’ont d’ailleurs pas la même mère. Ce sont néanmoins des
frères qui s’entendent, qui se ressemblent aussi. Mais je
n’ai pas voulu rentrer dans l’intimité des réalisateurs. Le
scénario, déjà très intime, me suffisait…
TM : Oui… Indiscutablement, ils signent ici un film très
fort, en interprétation et en intensité. Cela a-t-il été diffi-
cile pour toi ?
moi pour pouvoir l’interpréter. Elle veut vivre trop fort.
Et moi je ne me voyais pas du tout capable de jouer ça.
D’ailleurs, au casting, je l’ai confié à Yannick et Jérémie et
ils en ont ri ! Ils m’ont dit : « Mais c’est pour ça qu’on t’a
choisie » (rires)… Le travail en duo avec Leïla a été inté-
ressant aussi. On construisait chacune notre personnage en
fonction de l’autre !
TM : Comment vis-tu ton métier d’actrice aujourd’hui ?
Aimes-tu te voir à l’écran ?
TM : Oui, je suis heureuse dans ce métier, je prends du
plaisir à le faire mais après, j’ai surtout très envie d’être
réalisatrice. Je trouve que construire un projet qu’on porte
en soi et le raconter est un aboutissement. J’aimerais bien
filmer les autres aussi… Et me voir à l’écran, écoute,
non… (rire gêné) c’est dur de se voir car comme c’est
quelque chose qui est fini, on ne peut plus intervenir des-
sus. Et c’est assez frustrant et plutôt violent à chaque fois.
Pendant plusieurs jours après m’être vue, je cogite et je
me dis : « Mince, j’aurais dû faire la scène autrement… »
Bref, beaucoup d’acteurs réagissent comme ça d’ailleurs.
En fait, depuis mes 18 ans et mes débuts au théâtre, j’ai
déjà des envies de mise en scène. Et aujourd’hui, que ce
soit au cinéma ou au théâtre, c’est vraiment ce qui m’attire
le plus.
* Les Hirondelles de Kaboul adapté du roman éponyme de
Yasmina Khadra
ZH : Oui… j’avais peur de jouer le personnage de Sam au
début. J’ai dû puiser dans ce que j’ai de mauvais au fond de
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