Tennis-mag #101 - Novembre 2015 Tennis-mag no 101 | Page 9

LA CHRONIQUE DE JAMES HYNDMAN

TENNIS-MAG

LE COMÉDIEN JAMES HYNDMAN N’EST PAS SEULEMENT
FÉRU DE THÉÂTRE ET DE CINÉMA. IL EST AUSSI AMOUREUX
DE TENNIS ET DE LITTÉRATURE. VOILÀ QU’IL NOUS EN FAIT
LA DÉMONSTRATION À TRAVERS UNE PREMIÈRE CHRONIQUE
DANS LE TENNIS-MAG.

DROBNY
Il n’y a pas d’Histoire sans légendes,
c’est bien connu. En 1946, encombrée
d’éboulis et de débris, Londres voit le
tournoi de Wimbledon renaître de
ses cendres. Les militaires démobilisés
attendent le signal du retour et battent
le pavé. L’un d’eux, lieutenant canadien,
jeune homme fringant au physique
athlétique, se faufile ce jour-là d’un
court à l’autre au All England Lawn
Tennis and Croquet Club, à l’affût d’un
match âprement disputé. Soudain, c’est
le déluge. La pluie tombe dru, on déclare
le programme annulé, les matchs sont
reportés. Spectateurs, joueurs, chasseurs
de balles, arbitres : l’exode se met en
branle. Puis, aussi subite et inattendue
que l’averse, c’est l’éclaircie. On rameute
à qui mieux mieux les joueurs, les
quelques spectateurs toujours sur les
lieux se frottent les mains, seulement
voilà, on manque d’arbitres! Le jeune
lieutenant, saisissant l’occasion au vol,

© Courtoisie

PUIS, AUSSI SUBITE ET INATTENDUE QUE L’AVERSE, C’EST L’ÉCLAIRCIE.
ON RAMEUTE À QUI MIEUX MIEUX LES JOUEURS, LES QUELQUES SPECTATEURS
TOUJOURS SUR LES LIEUX SE FROTTENT LES MAINS, SEULEMENT VOILÀ, ON
MANQUE D’ARBITRES! LE JEUNE LIEUTENANT, SAISISSANT L’OCCASION AU
VOL, NE FAIT NI UNE NI DEUX ET S’EMPRESSE D’OFFRIR SES SERVICES.
ne fait ni une ni deux et s’empresse d’offrir ses services. Joueur
amateur de bon niveau, membre en règle d’un club outreAtlantique, les organisateurs British, d’un flegmatique « Jolly
nice of you old chap! », l’expédient aussitôt officier sur un court
éloigné. Un premier joueur — Anglais celui-là, champion de
son état — se pointe le bout du nez, débordant d’assurance
et de morgue, suivi de sa cour, admirative et flagorneuse à
défaut d’être royale. À sa suite, un Tchèque ne payant pas de
mine fait son apparition, une ou deux vieilles raquettes à la
main, un imper usé à la corde jeté sur les épaules : l’issue du
match ne fait guère de doute. Présentations, poignées de main,
tirage au sort, échauffement : dans l’anonymat quasi total, le
>> (La suite en page 52)

No 101 - Novembre 2015 - Par Tennis Québec

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