Dans le rapport moral qu’il présente devant l’Assemblée générale qui se tient au Caire le 8 mai 1910, Boghos Nubar résume ainsi la situation : « Fondée sous l’ancien régime, dans des conditions particulièrement difficiles et délicates, l’Union [...] s’était vue obligée de limiter son action dans un cercle très restreint [...] Ce n’est qu’après le rétablissement définitif du régime constitutionnel en Turquie que les principales entraves [...] ont cessé d’exister en grande partie et que, dès lors, il nous a été matériellement possible de travailler sans plus d’hésitation ni réserve »31.
Il a fallu attendre l’exercice 1910 pour « ne plus avoir, comme dans le passé, le seul souci de subvenir aux besoins matériels des affamés et des sinistrés, et d’arriver à pouvoir consacrer la plus grande partie de nos secours à des œuvres d’instruction et à la création de nouvelles sources de travail et de production »32. En d’autres termes, ce constat traduit une nette amélioration de la situation sociale et économique de la population arménienne des provinces orientales, ce qui permet à l’Union d’exercer enfin sa mission d’origine. Certes, au début de 1910, l’Union concentre encore une partie de son budget à des secours d’urgences, destinés aux populations arméniennes de Cilicie, d’Adana, Dörtyol, Hadjen, Marach, Moussa Dagh, Zeytoun, mais aussi d’Albistan, Arapkir, Divrik, Erzindjan, Mouch, Sassoun, Ourfa, Sivas, Zara. La partie la plus importante des moyens disponibles est désormais attribuée, sous forme d’aides directes aux écoles d’Hassan Beyli, de Kilis, d’Agn, ou à des subventions à des sociétés éducatives fort bien organisées, travaillant en milieu ottoman, comme Miatsial, Azkanever dignants, Tebrotsassirats. ...
L’Union dans sa mission : 1909-1912
Maternelle Sourp Hagop de Kharpert, dirigée par le R.P. Vartan Aslanian, subventionnée par l’Union, Kharpert, le 25 mai 1911 (coll. Archives Bibl. Nubar de l’UGAB/ Paris).