Stradivarius Hors-série no. 18 d\'avril 2013 | Page 42

expériences en folie folie folie

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Le Stradivarius aux rayons x

Passer au scanner le célèbre violon « Betts » fabriqué en 1704 : c’est l’idée saugrenue qu’a eu un chirurgien américain mélomane, afin de pouvoir réaliser une copie quasi-parfaite de son violon…

Un week-end de 1988 dans un hôpital du Minnesota (Etats-Unis), le sérieux radiologue Steven Sirr, violoniste amateur, décide d’apporter son instrument afin d’en jouer entre deux consultations. Une idée lui vient soudain à l’esprit : pourquoi ne pas passer son violon au scanner, appareil médical utilisant les rayons X, afin de réaliser des images en coupes fines de l’instrument ? Le lendemain, le chirurgien porte les images obtenues à son luthier, John Waddle. C’est le début d’un projet fou : Sirr et Waddle projettent de recréer un violon identique au Betts. En utilisant la scanographie pour respecter les dimensions de l’original, mais aussi sa densité et les variations de l’épaisseur du bois, ils sont parvenus, après plus de vingt ans de travaux, à fabriquer une copie quasi-parfaite du « Betts ».

Après avoir mis en relation toutes les images obtenues grâce au scanner, l’enjeu final était de reproduire une véritable copie en 3D faite dans du bois, pour obtenir un vrai violon. Pour cela, un instrument de découpe de bois appelé « défonceuse » a été relié à un PC ce qui permet de la commander. Les fichiers d’images ont été convertis en un code de programmation pour obtenir des mouvements précis de la lame. Une fois les pièces découpées, elles ont été assemblées à la main durant 2 semaines. Le (faux) Betts a ensuite été verni et testé par le violoniste baroque américain Marc Levine. Néanmoins, ce dernier ne semble pas avoir été convaincu par la copie, en soulignant que "l’original aura toujours une plus grande variété de couleurs de sons en raison de l’ancienneté du bois".