ses rêves, SLA ne la suivait pas. Mais Marine finissait toujours par se réveiller pour ne sentir qu’un néant froid à la place de certaines parties de son corps.
Les mois passaient, les feuilles tombaient, le paysage devenait gris et froid, comme son corps. Les yeux de Marine avaient perdu leur éclat. La jeune femme ne vivait plus que pour être libre dans ses songes. Elle y réalisait son rêve, quelque part, en allant, à chaque fois que ses yeux se fermaient, dans un endroit différent. Ce soir-là, quand Marine éteigna sa lumière, elle se retrouva sur la muraille de Chine. L’endroit était désert, c’était peut-être même mieux comme ça, sans les millions de touristes dessus. Marine marcha alors sur la muraille, se disant que c’était comme ça que SLA gravissait sa propre colonne vertébrale. Elle se mit à courir, dans le lit de Marine SLA fit pareil.
SLA avançait de plus en plus rapidement, son voyage arrivait à son terme. Elle était remontée dans le dos de Marine et avait commencé à se frayer un chemin jusqu’à sa cage thoracique. En ces froids jours d’hiver, la jeune femme ne pouvait même plus tenir un livre elle-même. Elle passait alors ses jours à dormir, attendant la fin du voyage de SLA. Un petit sourire vint difficilement montrer le bout de son nez sur le bas du visage de Marine, ses muscles faciaux étreints par SLA avaient du mal à se mouvoir. Elle l’attendait avec impatience, la fin de ce voyage. Elle pourrait rêver pendant un bon moment sans interruption après cela, sereine.
Quand Marine rêva pour la dernière fois, c’était une des dernières nuits d’hiver. Elle avait fermé les yeux sur la vue du ciel gris à travers sa fenêtre, SLA effectuait ses derniers pas et la jeune femme avait du mal à respirer, son cœur battait plus lentement.
Elle se trouva au sommet d’une montagne. et reconnu l’Himalaya pour l’avoir étudiée quelques mois plus tôt, quand SLA n’était pas encore là. Marine effectua un tour sur elle-même, observant la vue parfaitement dégagée de l’horizon montagneuse saupoudrée de blanc. Elle s’estimait chanceuse de pouvoir visiter les plus hautes neiges éternelles sans avoir à en éprouver le froid. Elle se sentait bien tout là-haut, dominant le monde.
C’est sur cette vision irréelle et ce sentiment de paix que le voyage de SLA dans le corps de Marine prit fin, entrainant également la fin du voyage de Marine dans sa vie et ses rêves. Marine expira une dernière fois, peut-être se réincarnerait-elle en oiseau. Elle irait faire le tour du monde, ça serait bien.
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