probablement pas la première fois que cela arrive… mais on
ne peut guère la considérer comme une base solide pour
obtenir une situation reconnue dans la bonne société. (81) »
La référence historique, peu claire, associe avec humour la France à la
licence irraisonnée, trait de l’époque. Surtout, on comprend que la
règle sociale doit être maintenue sur ce point alors même que Jack a
bien obtenu, malgré ce mauvais départ, « une situation » qui tendrait à
remettre en cause la loi à laquelle il n’obéit pas. Il est remarquable
également que la raison de cet abandon, une relation adultérine, soit
suivie d’un silence, une censure qui suggère plus qu’elle ne tait ce qu’il
y a à cacher. Elle montre comment sous le vernis du social pointe une
question plus brûlante qui concerne le sexuel, marquée également de
l’humour britannique, qui fait rire par l’énigme qu’il pose à la logique :
« Jusqu’à hier, j’ignorais totalement qu’il y avait des familles ou des
personnes qui avaient pour origine un terminus ferroviaire. » (167) dit
Lady Bracknell, prenant au pied de la lettre l’histoire de Worthing,
pour ne pas voir ce que cette découverte révèle. Lady Bracknell
s’accroche à l’ordre social : « Respecte toujours la société ! » 1 enjoint-
elle, comme si celle-ci constituait un rempart contre ce qu’elle ne veut
pas voir, ou entendre, et qui fait surface dans les répliques
extrêmement denses qui fondent le dialogue enlevé de la pièce.
Parmi tous les procédés comiques utilisés dans la pièce, le plus
condensé, et le plus efficace, concerne toujours quelque chose qui a
trait aux relations entre les hommes et les femmes. Les hommes et les
femmes se trouvent divisés par une ligne de partage assez
La traduction lève l’ambiguïté du terme « society » en faisant toujours apparaître l’idée de la bonne société, mais il faut
aussi entendre que bon ou pas, ce qui est en cause c’est le social dans sa dimension anhistorique.
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