Jusqu’à présent, les œuvres de Wilde ont été illustrées par Charles
Ricketts, mais il est évident que l’univers féerique de Ricketts est
éloigné de l’atmosphère mortifère de « Salomé », tandis que
l’illustration parue dans ‘The Studio’ révèle parfaitement le
caractère décadent et vénéneux de la pièce. Wilde a besoin d’un
artiste iconoclaste, qui ne craint pas la provocation. Dans son livre
« Black and White : A portrait of Aubrey Beardsley », l’auteur
anglais Brigid Brophy 1 écrit que Beardsley était « l’artiste le plus
intensément et électriquement érotique du monde », même si
Beardsley lui-même ne se considérait par comme érotique, et
encore moins pornographique, mais comme un esthète raffiné et un
dandy. Tel Wilde, Beardsley se réclame de Huysmans, de Gustave
Moreau, et du Nouveau Testament. Il est admirateur de l’art
Japonais, de la chambre aux paons de Whistler, des préraphaélites
et de la collection de vases grecs du British Museum. Comme Wilde,
il s’en prend à la distinction des genres. Il aime l’ambivalence. Les
goûts des deux hommes se rejoignent sur bien des points. Il n’est
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Brigid Brophy – « Black and White – A portrait of Aubrey Beardsley » – Stein and Day - 1969
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