RUE DES BEAUX ARTS 70 n°70 | Page 62

Rue des Beaux-Arts n°70 – Janvier/Février/Mars 2020 d’autres personnalités en raison de l’habileté supérieure apportée à sa création»; Masao Miyoshi en suggère quelque chose dans son étude « The divided self »: «De tous les écrivains des années quatre-vingt-dix, c’est sûrement à Wilde que l’art du soi est porté à son plus délibéré, son plus artificiel ». Dans l’ouvrage qu’il écrivit dès 1954, le fils de Wilde nota que « Plus de livres ont été écrits sur Oscar Wilde, dans plusieurs langues, que sur toute figure littéraire ayant vécu au cours des cent dernières années». C’est pourquoi il est nécessaire de définir la notion de personnalité avec exactitude: la personnalité de Wilde se distingue de Wilde en tant que "personnalité", sa «  persona  » (ou personæ) et la personne de Wilde lui-même. On peut opérer les distinctions comme suit  : Wilde en tant que personnalité est le Wilde construit par d'autres; la personnalité de Wilde est le Wilde construit par lui-même à l’usage des autres; la persona de Wilde est ce que les autres ont reçu ou ont pensé recevoir; le moi de Wilde résultait de l'intégration de l'homme avec son art qui rendait le reste possible. "La note égoïste est, bien sûr, et a toujours été pour moi, la note primordiale et ultime de l’art moderne", a écrit Wilde, ajoutant (ce qui était clairement une auto-approbation) "mais pour être un Egoïste, il faut avoir un Ego". Son aveu est imminent: «  Ayant perdu ma position, je trouve ma personnalité dépourvue d’utilité.» «  J’ai traité l’art comme la réalité suprême et la vie comme un simple mode de fiction ». Ce fameux aveu, formulé par Wilde, se trouve dans 62