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Rue des Beaux-Arts n°70 – Janvier/Février/Mars 2020 Tout comme Richard Strauss ou Alexandre Glazounov, Antoine Mariotte sera très vite fasciné par cette pièce qu’il décide de mettre en musique dès ses débuts de compositeur, alors qu’il n’avait encore réalisé aucune œuvre d’envergure. Le jeune officier de marine qu’il était alors décide de réaliser lui-même le livret de son opéra et donc de s’approprier tout aussi bien littérairement que musicalement ce drame représentatif d’un courant artistique. Pour autant, il semblerait que Mariotte n’ait pas décelé tous les tenants et les aboutissants de cette pièce dont il a malheureusement réduit les connotations religieuses, symboliques et orientales. Ainsi, l’effet suggestif se trouve considérablement amoindri. Il n’en demeure pas moins que les nombreuses répétitions et les allitérations originales du drame ont su être conservées et ont sans doute permis au compositeur de réaliser une œuvre musicale remarquable et remarquée par les critiques de l’époque et ce, non pas uniquement en conséquence du litige qui l’opposait à son contemporain allemand. Aujourd’hui encore malheureusement méconnue, cette œuvre d’un jeune compositeur français mérite d’être redécouverte, ne serait-ce que pour son traitement dans la même langue délibérément choisie par Wilde pour écrire sa pièce originelle. Déborah Bonin-Livet Bibliographie Avant-Scène Opéra (L’), Richard Strauss  : Salome, septembre-octobre 2007, n° 240, Paris, Éditions Premières Loges, 145 p. 51