RUE DES BEAUX ARTS 70 n°70 | Page 49

Rue des Beaux-Arts n°70 – Janvier/Février/Mars 2020 tu m’aurais aimée, et le mystère de l’amour est plus grand que le mystère de la mort. Il ne faut regarder que l’amour 1  », dualité que l’on retrouve déjà dans Le Portrait de Dorian Gray où Dorian y est décrit comme «  le fils de l’Amour et de la Mort 2   », «  Le Rossignol et la Rose » (« il chantait l’Amour qui trouve sa perfection dans la Mort, de l’Amour qui ne meurt pas dans la tombe 3   »), mais aussi dans «  Le Fantôme des Canterville  » («  Ne plus avoir d’hier ou de lendemain. Oublier le temps, oublier la vie, être en paix. Vous pouvez m’aider. Vous pouvez ouvrir pour moi les portes de la maison de la Mort, car jamais l’Amour ne vous quitte, et l’Amour est plus fort que ne l’est la Mort 4   »). On retrouvera également à la même époque cette confrontation de l’amour et de la mort dans Le jardin des supplices d’Octave Mirbeau : « Je t’apprendrai des choses terribles… des choses divines… tu sauras enfin ce que c’est que l’amour  !... Je te promets que tu descendras, avec moi, tout au fond du mystère de l’amour… et de la mort !... (…) L’amour est une chose grave, triste et profonde… (…) L’Amour et la Mort, c’est la même chose 5 . » Bien en amont, on trouve aussi cette référence dans “Le Cantique des Cantiques” : « Car l’amour est fort comme la Mort 6  ». Malgré ces nombreuses concordances avec le drame de Wilde, nous remarquons que Mariotte ne choisit pas toujours d’en conserver les aspects qui faisaient de cette pièce une œuvre symboliste. Nous 1 WILDE, Oscar, Salomé, op. cit., p. 163. 2 «  Il s’approprierait la belle nature de cet esprit merveilleux. Cet enfant de l’Amour et de la Mort avait quelque chose de fascinant. » WILDE, Oscar, Le Portrait de Dorian Gray, op. cit., p. 84. 3 WILDE, Oscar, Œuvres, « Le Rossignol et la Rose », op. cit., p. 159. 4 WILDE, Oscar, Œuvres, « Le Fantôme de Canterville », op. cit., p. 87. 5 MIRBEAU, Octave, Le jardin des supplices [1898-1899], Paris, Fasquelle, 1904, p. 114, 121 et 158. 6 La Bible de Jérusalem, op. cit., « Le Cantique des Cantiques, 8, 6 », p. 1163. 49