RUE DES BEAUX ARTS 70 n°70 | Page 48

Rue des Beaux-Arts n°70 – Janvier/Février/Mars 2020 like a ghost she glimmers on to me 1   ». Ce motif du paon blanc sera également utilisé par Maurice Maeterlinck dans son poème “Ennui” du recueil des Serres chaudes paru en 1889, soit deux ans avant la pièce d’Oscar Wilde 2 . Toutes les autres références littéraires que l’on trouve ensuite dans le texte wildien sont en fait des autoréférences qui seront en majeure partie conservées par Mariotte pour son livret. Pensons à la phrase  : «  Elle ressemble au reflet d’une rose blanche dans un miroir d’argent 3   », comparable à cette phrase du conte «  Le Rossignol et la Rose  »  : «  Ombre d’une rose en un miroir d’argent, ombre d’une rose en une nappe d’eau, telle était la rose qui fleurissait sur la plus haute branche de l’Arbrisseau 4   », mais aussi à cette description de l’actrice Sibyl Vane dans Le Portrait de Dorian Gray  : «  Une légère rougeur, semblable à l’ombre d’une rose dans un miroir d’argent, apparut sur ses joues lorsqu’elle jeta un regard sur la salle pleine à craquer et enthousiaste 5 .  » Cette phrase ne se retrouve pas dans l’opéra ; néanmoins, Mariotte insistera fortement tout au long de son œuvre sur la valeur du reflet et du miroitement en conférant au personnage lunaire une importance considérable. Le compositeur retient également cette phrase qu’il se plaît à traiter dans la douleur de l’héroïne lors de la scène finale : « Je sais bien que 1 TENNYSON, Alfred, Tennyson’s Poems, Londres, Everyman’s Library, 1965, p. 259. 2 MAETERLINCK, Maurice, Œuvres, «  Quinze chansons  ; Les Aveugles  ; L’intruse  ; Serres chaudes  », préface de Marc Quaghebeur, Bruxelles, Éditions Jacques Antoine, p. 148. 3 WILDE, Oscar, Salomé, op. cit., p. 51. 4 WILDE, Oscar, Œuvres, « Le Rossignol et la Rose », Paris, Gallimard, 1996, p. 159. 5 WILDE, Oscar, Le Portrait de Dorian Gray, Paris, Flammarion, 2006, p. 136. 48