RUE DES BEAUX ARTS 70 n°70 | Page 47

Rue des Beaux-Arts n°70 – Janvier/Février/Mars 2020 mince, l’Égyptien à ses épaules remontées, le Cantabre à ses larges mollets. Des Cariens balançaient orgueilleusement les plumes de leur casque, des archers de Cappadoce s’étaient peints avec des jus d’herbes de larges fleurs sur le corps, et quelques Lydiens portant des robes de femmes dînaient en pantoufles et avec des boucles d’oreilles. D’autres, qui s’étaient par pompe barbouillés de vermillon, ressemblaient à des statues de corail 1 . Une réplique que Mariotte ne conservera pas pour son livret, tout comme cette remarque du cappadocien sur la chevelure de la reine  : «  C’est la reine Hérodias, celle-là qui porte la mitre noire semée de perles et qui a les cheveux poudrés de bleu 2  ? », qui peut être reliée à cette phrase de Salammbô : « Sa chevelure, poudrée d’un sable violet, et réunie en forme de tour selon la mode des vierges chananéennes, la faisait paraître plus grande 3   » ou encore à celle de la reine de Saba dans La Tentation de saint Antoine  : «  La reine de Saba se laissant glisser le long de son épaule, descend sur les tapis et s’avance vers saint Antoine. (…) Une chaîne d’or plate, lui passant sous le menton, monte le long de ses joues, s’enroule en spirale autour de sa coiffure, poudrée de poudre bleue ; puis, redescendant, lui effleure les épaules et vient s’attacher sur sa poitrine à un scorpion de diamant, qui allonge la langue entre ses seins 4 . » Outre Flaubert, on peut noter l’influence d’Alfred Tennyson dans l’utilisation du motif du paon blanc, évoqué par le poète dès 1847 dans The Princess  : «  Now droops the milkwhite peacock like a ghost, And 1 FLAUBERT, Gustave, Salammbô, op. cit., p. 3. 2 WILDE, Oscar, Salomé, op. cit., p. 51. 3 FLAUBERT, Gustave, Salammbô, op. cit., p. 15. 4 FLAUBERT, Gustave, La tentation de saint Antoine, Paris, Charpentier, 1874, p. 46-47. 47