Rue des Beaux-Arts n°70 – Janvier/Février/Mars 2020
ses quatre étages en terrasse. Avec son grand escalier droit, en
bois d’ébène, portant aux angles de chaque marche la proue d’une
galère vaincue, avec ses portes rouges écartelées d’une croix noire,
ses grillages d’airain qui le défendaient en bas des scorpions, et
ses treillis de baguettes dorées qui bouchaient en haut ses
ouvertures, il semblait aux soldats dans son opulence farouche
aussi solennel et impénétrable que le visage d’Hamilcar 1 .
D’autres passages font également référence au même ouvrage, comme
cette réplique de Wilde :
Là-dedans il y a des Juifs de Jérusalem qui se déchirent à cause
de leurs ridicules cérémonies, et des Barbares qui boivent toujours
et jettent leur vin sur les dalles, et des Grecs de Smyrne avec leurs
yeux peints et leurs joues fardées, et leurs cheveux frisés en
spirales, et des Égyptiens, silencieux, subtils, avec leurs ongles de
jade et leurs manteaux bruns, et des Romains avec leur brutalité,
leur lourdeur, leurs gros mots 2 .
Elle ressemble en effet à cet extrait du premier chapitre du livre de
Flaubert :
Il y avait là des hommes de toutes les nations, des Ligures, des
Lusitaniens, des Baléares, des Nègres et des fugitifs de Rome. On
entendait, à côté du lourd patois dorien, retentir les syllabes
celtiques bruissantes comme des chars de bataille, et les
terminaisons ioniennes se heurtaient aux consonnes du désert
âpres comme des cris de chacal. Le Grec se reconnaissait à sa taille
1 FLAUBERT, Gustave, Salammbô, Paris, Michel Lévy Frères, 1863, p. 1-2.
2 WILDE, Oscar, Salomé, op. cit., p. 61 et 63.
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